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Temps d’Images Top Chrono

En janvier, le festival Temps d'Images est un petit bonheur.
J'aime y flâner, d'une performance-installation à l'autre, d'un spectacle
à l'autre. Une occasion de prendre des nouvelles de l'évolution des liens entre
théâtre et technologie, d'observer la vigueur des relations entre les corps, le
texte et les écrans dans les pratiques scéniques contemporaines. L'édition
montréalaise est bien plus modeste que celle de la France ou de la Belgique,
hélas, et particulièrement cette année (seulement deux spectacles d'envergure
dont un québécois, au profit de formes plus modestes, intimistes et souvent
incomplètes). Mais c'est tout de même un rendez-vous à ne pas manquer. La
semaine dernière, j'y ai vu Big 3rd episode, du collectif franco-autrichien
Superamas. Éclaté, mordant, mais plus sage et moins multi-couches que ce à quoi
je m'attendais. Ça ne m'a pas empêché de retourner à l'Usine C hier soir. Petit
résumé de ma soirée. Et sachez que vous pouvez refaire exactement le même
parcours ce soir et demain.

18h

Je rencontre mon amie Elise dans le hall et on se partage un
léger repas au Café de l'Usine. On n'aurait pu choisir d'assister pendant ce
temps-là aux projections de films de Thierry de Mey au sous-sol. Mais
l'ambiance du café, en temps de festival, nous charme. A côté de nous, les Français
de Stéréoptik préparent leur matériel pour leur performance de 22h, pendant que
le hall d'entrée se remplit de monde au-dessus de nous. La musique est bonne,
la bouffe est sans prétention, on se raconte nos vies à travers le brouhaha des
conversations de nos voisins. Fin de la parenthèse. C'était pour vous
transmettre l'ambiance.

 

19h

LIGHT MUSIC
(Thierry de Mey)

Thierry de Mey est un musicien et cinéaste belge, connu pour
avoir composé les musiques de plusieurs chorégraphies de Wim Wandekeybus et
Anne Teresa de Keersmaeker, et qui œuvre de plus en plus en solo, explorant les
résonances entre le geste et la musique. Grâce à un sytème informatique
interactif, les mouvements de son corps sont captés et reprojetés sous forme de
particules ou de traînées lumineuses sur un écran, et mixés avec une musique
originale. De Mey devient ainsi le maître d'œuvre d'une expérience à la
fois visuelle et sonore. Abstraite, sensorielle, la performance est brute et un
brin mystique, ritualisante. Elle propose une nouvelle manière de percevoir le
mouvement, éloignant l'œil de la chair en mouvement pour lui faire voir plutôt
les courbes et les lignes de force, comme autant de chemins vers une nouvelle
perception du corps. C'est captivant, et on se dit que ça pourrait donner des
résultats encore plus fertiles dans un contexte plus large, plongé dans une
interaction avec plusieurs danseurs et d'autres éléments scénographiques par
exemple.

 

19h30

ETIQUETTE (Rotozaza, Royaume-Uni)

Temps d'Images, c'est aussi une affaire d'interactivité, un
lieu propice aux expériences spectatorielles participatives. Etiquette, c'est
tout à fait ça. Ça se passe dans le hall de l'Usine. Deux personnes s'asseoient
face à face à une table et enfilent un casque d'écoute. On leur raconte
l'histoire d'une rencontre entre un vieillard et une prostituée dans un café,
les invitant graduellement à jouer eux-mêmes cette histoire au dénouement
inattendu, en leur soufflant les répliques et les actions à effectuer. C'est
sympathique, ludique, et assez inoffensif au final. Ça nous
détend et nous divertit un peu avant de poursuivre notre route.

 

20 h

UNE FÊTE POUR BORIS (Denis Marleau)

C'est la troisième fois que je vois cette pièce depuis le
dernier Festival Trans-Amériques. Je ne m'en lasse pas. Mais je ne vais pas
vous en reparler ici. Je vous renvoie à mon Top 10 Théâtre de 2009 et à la
critique de mon collègue Christian St-Pierre en mai dernier. Je vais aussi en
parler à la radio vendredi prochain (le 12 février), à l'émission Gangbang de
Cibl. Je vous y invite.

 

22h

STÉRÉOPTIK (Jean-Baptiste Maillet et Romain Bermond, France)

C'est mon coup de cœur de la soirée. Une performance toute
simple en apparence, mais probablement diablement compliquée à exécuter. Il
s'agit de dessins et de bricolages filmés et reprojetés en direct, parfois avec
des matériaux surprenants (toute la deuxième partie est dessinée en sable, avec
une précision qui force l'admiration). Ici encore, l'interaction entre l'image
et la musique en direct est fondamentale. Loin de l'abstraction et du
formalisme de Thierry de Mey, la performance de Maillet et Bermond est narrative,
ludique et enjouée. Ça se passe au café, en prenant un verre pour terminer la
soirée en beauté. Je vous laisse sur quelques images qui valent mille mots.


stéréoptik live

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