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Théâtre d’Aujourd’hui: histoire à suivre

J'ai tant critiqué et tant discuté de la saison actuelle du
Théâtre d'Aujourd'hui sur ce blogue que je me dois de commenter la saison
2010-2011, annoncée en grande pompe ce matin par la directrice artistique
Marie-Thérèse Fortin. Rappelez-vous ma déception, énoncée ici, puis ma grande
discussion avec Fortin, rapportée ici, et puis la reprise de mes arguments par
Michel Vaïs, rédacteur en chef de la revue Jeu, dans le dernier numéro paru
(numéro 134). Marie-Thérèse Fortin et son équipe méritent bien que je prenne un
temps d'arrêt pour saluer leur nouvelle programmation, que mon collègue Christian
Saint-Pierre vous présente ici.

 

Mon souci, vous le savez, c'est que le texte demeure à l'avant-plan
des choix du Théâtre d'Aujourd'hui, et que les auteurs les plus inventifs et
les plus courageux y soient encore privilégiés. Un nouveau Michel-Marc
Bouchard
, comme ce Tom à la ferme que Claude Poissant mettra en scène, ça ne
peut pas être trop méchant. La production d'un texte de l'auteur
anglo-montréalais Greg MacArthur est certainement une surprise, mais une belle.
Pourquoi pas, en effet, se mettre à considérer la dramaturgie anglo-montréalaise
comme partie intégrante de la dramaturgie québécoise ? Je n'ai rien
contre, même si les fondateurs du Théâtre d'Aujourd'hui, soucieux de valoriser
les «dramaturgies canadiennes d'expression française», ne l'auraient peut-être
pas envisagé ainsi. Ça mérite réflexion et il reste à voir de quel bois se
chauffe ce Greg MacArthur; je dois confesser ma totale ignorance de son
travail. Le spectacle du Théâtre Le Clou, en décembre, rassemble une brochette
d'auteurs assez doués. Faudra voir. En fin de saison, le spectacle sans titre de
Wajdi Mouawad fera sans doute événement. Espérons que le texte y occupera une
place de choix, ce qui n'est pas encore certain mais risque fort d'être le cas.
On pourrait déplorer, cela dit, que ce spectacle soit une coproduction initiée
par le Trident (à Québec), et dans laquelle le Théâtre d'Aujourd'hui a finalement
peu à voir. Michel Vaïs, dans son édito, craignait que le Théâtre d'Aujourd'hui
ne se transforme en simple diffuseur et n'investisse plus assez dans la
création. N'empêche, je ne peux pas m'insurger trop fort contre la coproduction:
elle permet de faire durer et tourner les spectacles, en plus de leur assurer plus
de temps de création et un meilleur budget.

Pour moi, cela dit, les auteurs créés dans la salle
Jean-Claude Germain seront plus intéressants à suivre. Simon Boudreault, un
auteur dont les préoccupations sont vivement ancrées dans sa société, présente Soupers,
nouveau texte qui succède au décapant Sauce Brune, vu l'an dernier à l'Espace
Libre. Je reverrai aussi avec joie Villes Mortes, de Sarah Berthiaume, dont la
première version m'avait réjoui au dernier festival Fringe. Vous pourrez relire
ici ce que j'en avais pensé.

Une histoire à suivre.

 

Sur la photo: une partie des auteurs, metteurs en scène et comédiens de la saison 2010-2011 du Théâtre d'Aujourd'hui. On y reconnaît, a l'avant-plan, la directrice artistique Marie-Thérèse Fortin. Crédit: Valérie Remise