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Tourmente médiatique au CNA

   

En cliquant ici, vous atterrirez sur le site web du Téléjournal Radio-Canada Gatineau-Ottawa. Pourquoi diable vous envoyer là, me demanderez-vous ? C'est que le journaliste Pascal Robidas y a lancé une petite controverse à propos du calendrier promotionnel de la saison 2010-2011 du Théâtre français du Centre National des Arts. Vous savez, ce calendrier orné des œuvres de l'artiste Diana Thorneycroft, où l'on voit des symboles canadiens savoureusement sabotés. Des images en fait très inspirantes, pleines d'ironie, qui forment avec l'accumulation une vive critique des scléroses et des excès populistes de la société canadienne.

Or, il semblerait que ces images aient heurté la sensibilité des citoyens d'Ottawa. Après le reportage de Robidas, le lecteur de nouvelles demande aux téléspectateurs s'ils cautionnent le calendrier, et si, en quelque sorte, les institutions culturelles peuvent tout se permettre pour faire la promotion de l'art.

Or, voyez-vous, c'est justement parce qu'il n'est pas qu'un matériau promotionnel que ce calendrier est réjouissant. Il est là pour attirer l'attention sur la saison du Théâtre français, certes, mais il porte aussi les traces d'une réflexion que Wajdi Mouawad et son adjoint Guy Warin tendent à leurs concitoyens. Il propose à celui qui le consulte de porter à son tour un regard critique sur le monde qui l'entoure, d'être sensible au kitsch et à la disparition de la pensée dans cette société conservatrice et bien-pensante.

«Je n'ai pas envie que mes taxes servent à ça», ont dit les passants interrogés par le journaliste. À quoi donc servent les subventions aux artistes si elles ne leur servent pas à questionner notre société et observer le monde d'un œil libre et critique ? Je sais, je sais, elles devraient plutôt servir à créer des produits de divertissement culturel pour que les Canadiens et les Canadiennes oublient tous leurs tracas en s'assoyant dans une salle de théâtre.

Or, l'art, c'est tout sauf du confort. Wajdi Mouawad ne cesse de le répéter. Il a raison de le faire, car ce reportage prouve bien qu'il y a dans cette société une profonde incompréhension du rôle de l'artiste.

Evidemment, je me plais à croire qu'il s'agit là d'un phénomène ontarien. Que le Québec n'est pas encore aussi conservateur et continue de valoriser la prise de parole de ses artistes. Mais rappelons-nous la décharge de haine qu'une certaine frange de la population québécoise a déversée sur les artistes lors des dernières protestations contre les coupures dans la culture…

Qu'en pensez-vous ?