Le controversé budget provincial épargne les artistes. Mais les artistes doivent-ils
pour autant garder le silence devant le sabotage du modèle québécois que ce
budget initie ? C'est un peu la question que pose David Lavoie, directeur
administratif du Théâtre Aux Écuries, dans une ébauche de lettre qu'il adresse
aux artistes et qu'il a propagée sur Facebook la semaine dernière.
Lavoie s'étonne
que «les associations d'artistes émettent des communiqués positifs»
alors que «le gouvernement Charest apporte des changements fondamentaux à la conception
québécoise du rôle de l'État.»
«Pourtant, note-t-il,
quelle belle opportunité pour [les artistes] de sortir du rôle d'amuseur public
dans lequel ils sont trop souvent confinés, et de redonner un sens noble,
altruiste, à leur fonction sociale. Doués d'une éloquence verbale et écrite
remarquables, qu'attendent-ils donc ?»
Littéralement un appel à la mobilisation de toute une
génération d'artistes de Montréal et Québec, le message de David a déjà suscité
quelques réactions chez les jeunes comédiens, metteurs en scène, scénographes
et autres artistes de la scène qui l'ont reçu. Certains proposent de commencer
le brouillon de ce qui pourrait devenir un «manifeste générationnel», d'autres
n'hésitent pas à évoquer un «nouveau refus global». Inspirant, n'est-ce-pas ?
Je ne vais nommer personne pour ne pas mettre ces artistes
devant le fait accompli alors que leur réflexion est encore très embryonnaire,
mais je me réjouis hautement de cette initiative. Chers amis artistes, devant l'industrialisation
croissante de la culture et le désengagement des gouvernements auquel nous
faisons face, j'espère que vous réaffirmerez votre désir de pouvoir créer en
toute liberté et surtout sans considérations commerciales quelles qu'elles
soient, pour que l'art demeure un lieu de beauté, de pensée, de parole, de
remise en question, d'intelligence et d'audace, et non de divertissement et de nivellement
par le bas. J'espère aussi que vous ferez comprendre au ministre Raymond Bachand
que, non, les Québécois ne cesseront pas de croire et de réclamer que les services
publics soient gratuits. Vous avez effectivement l'éloquence et les mots pour
le dire. N'hésitez pas.
Qu'en pensez-vous ? Des suggestions d'énoncés à ajouter
au manifeste ?
Je suis bien curieux de voir quels artistes sentiront qu’il est légitime pour eux d’assumer une telle parole sociale. Particulièrement chez les jeunes artistes, je constate une inquiétude à sortir du SILENCE GLOBAL, et à affirmer publiquement leurs idéaux de société. Une inquiétude sans doute exacerbée par la difficulté de ces générations d’artistes à obtenir du soutien de l’État pour accomplir leur métier. Comment parler au nom de notre collectivité, lorsque cette collectivité nous néglige, en effet ?
On me dit qu’il est aujourd’hui plus simple pour un administrateur de tenir ce rôle, puisque je ne me trouve pas dans la position de devoir charmer mes employeurs potentiels (artistes ou compagnies artistiques). Je réfute d’emblée, puisque les subventions que je sollicite au nom des artistes que je soutiens sont évaluées… par des comités d’artistes. En somme : je pourrais moi aussi me peinturer dans un coin de mur, et être pénalisé par mes prises de positions publiques.
Pour ma part, en choisissant de travailler pour la communauté artistique, j’ai choisi du même élan de privilégier mon intégrité, plutôt que mes préoccupations financières. Qu’en est-il des artistes? Leur engagement social est-il reservé à ceux qui vont à la rencontre de leurs oeuvres, dans les salles de théâtre?
Je suis curieux de voir la suite…
Le gouvernement du Québec, comme celui de tous les pays occidentaux, est confronté à plusieurs choix déchirants.
Notre modèle de développement économique ne suffit plus depuis longtemps à financer adéquatement la somme de ce que vous nommez ici services publics.
Alors que certains services publics sont essentiels, d’autres sont considérés comme ayant une importance de second rang.
Est-ce que le théâtre est un service public ? Au même titre que l’éducation ou la construction et l’entretien des rues.
Je ne crois pas.
Les arts, quoique essentiels à l’épanouissement de toute société ne pourront jamais primer sur d’autres dépenses.
Leurs enveloppes seront toujours limitées. C’est dans l’ordre des priorités quasi naturelles. Ce n’est pas parce que tant de comédiens, danseurs, chorégraphes, musiciens ou autres ont le talent et la volonté de faire ce métier qu’il faut allouer des ressources illimitées.
En ce sens, le dernier budget est rassurant.
La porte de sortie, elle est dans le financement privé. Et pas seulement qu’avec des mécènes, mais surtout par la diffusion. J’en ai un peu marre du refrain concernant la prostitution et le nivellement par le bas. Si les arts sont pour occuper une place si importante comme lieu de parole de pensée et de remise en question, c’est qu’il y aura des gens pour assister aux représentations, aux expositions et pour écouter des disques.
À qui parle-t-on quand personne n’écoute ?
Et c’est malheureusement souvent le cas de nos artistes.
Un succès théâtral majeur à Montréal, c’est entre 10 000 et 20 000 spectateurs. C’est là que la faiblesse se trouve.
Même doubler l’enveloppe des Conseils des Arts ne feraient pas doubler cette statistique.
Il faut que les artistes rejoignent leur public.
Et ça, ça veut dire de l’éducation populaire à l’Art, et des périodes de diffusion beaucoup plus longue pour les succès.
Le grand public entend en ce moment beaucoup parler du spectacle des Belles-soeurs, présenté à Montréal en ce moment. Un spectacle de grande qualité, avec de grands artistes. Mais on refuse des gens par centaines toutes les semaines (des gens de la billetterie me l’ont confirmer) parce qu’il n’y a pas de place. Et qu’on peut faire un maximum de représentation à cause de la structure organisationnelle du théâtre.
Résultat : une oeuvre toute québécoise, importante, financée par l’État pour sa création (ce qui sera pour toujours nécessaire) ne trouve pas son public (qui pourrait être démultiplié) et donc ne réussit pas à remplir les coffres d’une institution qui en aurait bien besoin !
Les exemples de ce genre sont nombreux à Montréal et pas que pour des productions aussi grand public : je me suis buté le nez à nombre de spectacles complets depuis presque le début des représentations. Et je suis très près du milieu !
Imaginez le désarroi pour monsieur et madame tout le monde avec qui les artistes prétendent vouloir dialoguer ! Quand ils en entendent parler : c’est plein depuis longtemps ! Résultat : ceux qui y vont sont déjà conquis (les abonnés et les gens du milieu (peut-être justement environ 20 000 personnes en tout à Montréal)
On peut comprendre les gens de se rabattre sur Mario Jean : il joue tant qu’il y a des gens qui veulent le voir !
Il va falloir que le milieu des Arts regardent certaines formes d’organisation qui limite ces rentrées d’argent avant de demander davantage d’argent public.
Une simple question d’équité envers nos systèmes d’éducation et de santé qui craquent de partout.
Il y a plusieurs idées que je puis appuyer dans les propositions de monsieur Béland. D’autres qui me semblent être des raccourcis de pensée. Chacun son avis…
Néanmoins, j’aimerais beaucoup éviter de dévier la réflexion vers le niveau de financement des arts au pays. Tout le monde aime donner son opinion. On en a marre des opinions à tout vents (et je ne pointe pas là monsieur Béland en particulier), surtout sur les sujets que l’on résume trop souvent en des réponses binaires : oui ou non, plus ou moins. Rendu là, la réponse pourrait aussi bien être de viser un meilleur partage des ressources entre les différentes générations. Bref. Ce n’est pas là l’objet que je questionne.
Mon questionnement est relatif à la définition du rôle de l’artiste dans la société, particulièrement en ce qui a trait à la recherche des fondements de la vie collective, au rapport à l’autre, à la sortie des chapelles dans lesquelles chacun de nous évolue.
C’est un peu ma faute si le débat dévie, parce que j’ai insisté dans mon billet sur l’idée de lutter contre l’industrialisation de la culture. Car je crois, moi, que l’art devrait être financé au même titre que l’éducation, et c’est là un principe que je n’hésiterais pas à intégrer à un manifeste. Mais comme tu le dis, David, le plus intéressant dans ta proposition est de redonner à l’artiste son rôle social, de l’inviter à prendre sa place dans l’espace public et dans les débats politiques et sociaux qui animent notre nation. Certains artistes diront que leur art devrait constituer en lui-même une prise de position et que la prise de parole en dehors de leurs oeuvres n’est pas légitime. Je crois que ceux-là ont tout faux, qu’il est nécessaire pour l’artiste de lier son travail à son rôle de citoyen, et que dans un contexte ou très peu de gens voient le travail des artistes, ceux-ci doivent absolument aller au-devant du public et occuper de l’espace médiatique en participant aux débats publics. Et ce, pas seulement pour qu’ensuite on daigne accorder de l’attention à leurs oeuvres, mais simplement parce que l’artiste est un penseur et un observateur sensible du monde qui l’entoure et qu’en cette qualité, il a le pouvoir de faire résonner sa parole dans l’espace public. Et puisque les gens de théâtre, comme le disent Pierre Lefebvre et Olivier Kemeid dans l’introduction du dernier numéro de Liberté, ont pour fonction principale de « prendre la parole en public », il est grand temps qu’ils le fassent.
Cher Phillipe Couture, cher David Lavoie
En effet, il est grand temps que nous sortions de la torpeur et de notre silence collectif, il est temps que nos élans de lucidité se fassent entendre sur la place publique.
Non seulement il est important que nos pratiques artistiques soient engagées, mais nous devons, vous avez raison, nous compromettre dans les espaces de libres expressions qui existent encore.
Cette maison virtuelle que vous avez construite, monsieur Couture, est l’un de ces espaces. Il prend de plus en plus de place aux grands bonheurs de tous (j’ose l’espérer).
Il existe aussi quelques publications comme L’Oiseau-Tigre ou la revue Liberté qui donnent des espaces de paroles libres.
Évidemment, le théâtre, quand il est fait librement, permet de s’exprimer admirablement.
En septembre dernier le Théâtre français du CNA a publié un de mes textes dans lequel j’évoquais le besoin d’un nouveau manifeste : Le Rebut Total.
Je poste donc ici le texte qui fut publié dans L’Oiseau-Tigre. D’ici la fin du mois prochain, j’aurai terminé d’écrire Le Rebut Total. Je prépare ce geste d’écriture depuis longtemps et j’espère qu’il sera cautionné par d’autres.
Il me fera plaisir Messieurs Couture et Lavoie, de vous le faire parvenir dès que la rédaction en sera complétée.
Bien à vous,
Christian Lapointe
P.S. J’ajouterai à ceci que je cautionne l’ensemble du texte de Normand Marcy.
Il y a tout ce dont on a besoin
Christian Lapointe
Il y a tout ce dont on a besoin.
Et plus.
Surtout plus.
Encore plus.
Toujours plus.
Ils sont des milliers.
Ils s’affèrent à creuser un trou.
Un trou béant.
Ils y travaillent tous.
Des milliers.
Ils travaillent.
Sur un seul.
Ils y travaillent avec acharnement chaque jour.
Leur temps est compté.
Bien compté.
Monnayable.
Des milliers à creuser ce trou.
En nous.
Ils y parviennent.
Chaque matin tu veux ardemment autre chose malgré que déjà tu as tout.
Cette bébelle.
Ceci.
Cela.
Cette scie.
Ce gras.
Sel-fish.
Ce tas.
Que tu deviens.
Au quotidien.
Ce tas de graisse.
Épars.
Qui n’a besoin de rien.
Poisson salé.
Poisson gras.
Tu exploses de tout ce dont on te gave.
Tout ce qu’on t’a vendu.
Ils étaient des milliers à en fabriquer l’image.
Comment vaincre l’armée qui dévore chaque parcelle de ta tête ?
Dans le vide qui t’abîme.
Nourrit à même les géants de la scrap.
« Trop c’est comme pas assez » disait l’un.
« J’en ai assez que tu en aies trop » disait l’autre.
« Mais il me semble pourtant que tout me manque » redisait l’un.
« Tu te noies dans tes propres déchets » redisait l’autre.
Je sais qu’il y a la faim.
Je sais qu’il y a la fin.
Je sais qu’il y a le feint.
Je ne sais pas où est le frein.
J’ai faim de la fin de ce qui est feint et je cherche le frein.
Faire échec à :
Je dévore
Tu dévastes
Il saccage
Nous dormons
Vous riez
Ils crèvent.
J’ai toujours eu un toit sur ma tête.
Toujours eu à manger dans mon assiette.
Un matelas pour dormir.
Une oreille qui m’écoute quand j’ai quelque chose à dire.
(Ai-je vraiment quelque chose à dire ?)
Des yeux pour me regarder quand je veux être vu.
Un cœur pour m’aimer comme il est convenable d’être aimé par quelqu’un que l’on aime.
De la musique plein les oreilles.
Des images plein la tête.
Une enfance heureuse.
Une adolescence parfaite.
Des parents rêvés.
Des passions vivantes qu’il m’est donné de vivre au quotidien.
J’ai tout eu.
Pourtant, chaque moment de ma vie semble être un sacrifice.
J’ai renoncé à tout ce que la société propose comme modèle de réussite pour pouvoir continuer à dire.
(Ai-je vraiment quelque chose à dire ?)
Mes biens matériels ne sont que livres et instruments de musique.
Je n’ai pas soif de gloire.
Pas soif de confort au-delà de celui d’un lit.
D’un estomac.
D’un cœur.
J’ai peur.
Peur que ce peu de désir soit trop.
Trop pour ceux qui ont faim.
Même pauvres nous sommes riches.
Pourtant j’ai soif.
Ma bouche se dessèche.
Je demande à boire.
Nous avons soif.
Soif d’un théâtre d’art poétique, politique, polémiste, spirituel, total et libertaire.
Soif d’une pensée qui élève, confronte, effraie.
Soif d’un art qui me fasse me voir tel que je suis, même si cela me dégoûte.
Me lève le cœur.
Quelque chose qui ne soit pas à vendre.
Où je ne purgerai plus mes passions en de futiles personnages.
Je ne veux plus que l’on me fasse rire ni pleurer.
Le divertissement pourrait m’éliminer.
J’ai soif d’un fer chaud qui m’éclate la cervelle.
Me décaper de mon quotidien.
Sans provocation.
Juste par cette présence complète.
Indiscutable.
Soif d’une parole qui mène à un silence de plomb.
Soif de la fin de la guerre de Troie.
Il semble qu’Ulysse ne pourra jamais rentrer à la maison.
On dirait que Dieu est revenu sur terre.
Nous ne le voyons pas.
Il est probablement dans tout ce qui nous dévore.
Premier prétexte.
Nous sommes pourtant faits pour le désir.
Touche-moi.
Tu sens comme je brûle ?
Il me faut être étanché de tout.
Je veux être.
M’arracher à ma condition de mort-vivant affamé de futilité.
J’ai faim de vérité symboliquement authentique.
D’une parole qui m’abreuve d’images inattendues.
Indomptables.
Irrépressibles.
Qui renverse les vieilles fresques en décomposition.
Cette même façon de fabriquer le convenu.
L’admis.
J’aurais besoin de voir quelqu’un se faire crucifier et d’être encore capable de croire qu’il nous sauvera.
D’accepter que ce sauveur revienne deux mille ans plus tard pour tout saccager et redonner sa souveraineté à Gaïa.
Je vis la mort chaque jour.
Je rêve la vie chaque nuit.
Une soif d’absolu, il est vrai, difficile à étancher.
Mais il est possible de s’en approcher sans se bruler.
Si seulement mon ventre pouvait crier famine.
Je veux être gréviste.
Me tenir debout.
Contre tout.
Il nous manque un manifeste.
Qui ne puisse être ignoré.
Le Rebut Total.
Nous préférons la vérité à de fausses réalités fabriquées pour nous laisser croire que tout ira bien.
J’ai presque soif d’une déclaration officielle :
« Aujourd’hui en ce tel jour de tel mois de telle année, nous sommes à même de vous dire, de savoir et de vous assurer que notre pérennité est compromise. »
Qu’on sache enfin que nos rêves sont peut-être vains.
Alors ceux-ci prendront leur pleine valeur.
Nous les chérirons sans fin.
Sans feindre qu’ils sont peut-être la dernière matière première qu’il soit utile d’extraire.
J’ai peur de ce que sera le monde que nous laisserons à nos petits-enfants.
Les tiens, les miens, les nôtres et ceux des autres.
On leur apprendra à extraire leurs rêves de la pierre.
Je crois que chaque génération passée a eu peur pour celle d’après.
Mais plus que jamais l’humanité semble avoir besoin d’êtres pour contrer et abattre la médiocrité.
C’est en connaissant et en reconnaissant le sort apparemment inéluctable qui nous est réservé que l’on peut véritablement comprendre notre parcours et le changer.
Notre devoir c’est d’éduquer.
De s’éduquer d’abord nous-mêmes.
D’éduquer ensuite ceux de demain qui continueront à faire dévier la trajectoire.
Notre tâche est énorme, la leur monumentale.
C’est ensemble que notre foi déplacera les montagnes.
Je dévore. –
Chaque morceau.
Chaque parcelle de.
Tout.
Je dévore tout.
Rien ne peut rester devant moi trop longtemps sans que l’envie me prenne de me déboiter la mâchoire et d’en avaler chaque fragment.
Je me gave à l’infini.
On peut voir mes traces de dents sur tout le continent.
Je n’épargne rien.
Je suis homo sapiens sapiens devorus infinitus
L’homo schizoïde du XXIe.
Mes dents sont effilées chaque semaine par un spécialiste.
Elles sont blanches.
On peut se mirer dedans.
Elles tranchent.
Tu dévastes. –
Il ne reste plus rien.
Que des débris.
Quelle attitude de gagnant tu as.
Au milieu de ton dépotoir.
Tes mains ensanglantées.
Mais tu ris.
Tu ne peux pas t’en empêcher.
On dirait qu’il te faut détruire tout ce qui se trouve sur ton chemin.
Il saccage. –
Langoureusement.
Sa propre patrie.
Et surtout celle d’autrui.
Comme si l’on pouvait séparer le sol.
Tous terriens.
Nous dormons. –
Tel des enfants.
Insouciants.
Le ventre plein.
Allègrement.
Au son des bombardements éloignés.
Qui se rapprochent.
Rien ne nous effraye.
Vous riez. –
À gorge déployée.
On peut voir vos dents.
Elles sont écarlates.
C’est que vous aimez votre steak saignant.
Vous manquez de sang.
98 % y pensent.
2 % le font.
Ils crèvent. –
* Ce texte est paru initialement dans L’Oiseau-Tigre, les Cahiers du Théâtre français (septembre 2009).
Aux mots du Souffleur, comédien de la férocité humaine, j’ajouterais simplement qu’on entre dans cet espace virtuel un peu comme on entre dans un temple, lieu de réflexion et de ressourcement, lieu où je peux y puiser de l’eau claire comme de l’eau trouble, où je peux y sentir autant l’encens que l’excrément, un lieu qui ne donne pas toujours l’absolution, qui tend à mener à l’action, comme celle qui me fait lever du siège plus ou moins inconfortable de ce petit théâtre pour acclamer l’artiste venu me déranger, l’artiste qui avait autre chose à me proposer que la substance habituelle des grandes tables.