Mercredi 28 avril 22h. Je reviens de la générale de Caligula Remix.
Ça y est, tout est prêt, les premiers spectateurs seront là demain soir.
La semaine d'entrée en salle fut éreintante pour l'équipe. Un peu de tensions et d'angoisses en début de semaine à cause de légers problèmes techniques. Mais tout est rentré dans l'ordre rapidement. Malgré la fatigue de tout le monde, l'ambiance est paisible et il règne un climat de confiance. Tout le monde se demande un peu comment le spectacle sera perçu. Moi aussi.
Le résultat me plaît beaucoup. Intelligent, ouvert à différentes interprétations sans être évasif, théâtralement riche et, surtout, servi par une réelle volonté d'appropriation et de relecture d'un grand texte – une pratique essentielle qui fait cruellement défaut aux metteurs en scène québécois.
Aurais-je porté ce jugement sur la pièce sans avoir suivi le processus de création ? Difficile à dire. Je préfère croire que oui, et puis m'en remettre aux critiques de mes collègues et aux commentaires de spectateurs que je pourrai attraper.
Je vous laisse sur quelques photos pour vous mettre l'eau à la bouche.
Crédit: Benoit Beaupré.
Les images mettent vraiment l’eau à la bouche… mais personnellement un commentaire tel que : « Le résultat me plaît beaucoup. Intelligent, ouvert à différentes interprétations sans être évasif, théâtralement riche et, surtout, servi par une réelle volonté d’appropriation et de relecture d’un grand texte – une pratique essentielle qui fait cruellement défaut aux metteurs en scène québécois. » me refroidit sec. Je trouve cela un peu facile et manquant de profondeur. Pour ma part, je crois sincèrement que l’on gagne à rester humble face à son propre travail. Je comprends peut-être mal la justesse de cette déclaration, mais d’un point vu extérieur, ça me fait bizarre d’entendre ça de la part d’un créateur au milieu d’autres créateurs. Désolé… mais non… les metteurs en scène québécois ne font pas que mettre simplement en scène. Non. Ils explorent, construisent et déconstruisent, insuffle une vitalité et savent rendre différentes des choses qui ne l’on pas été depuis longtemps. Oui pour l’intelligence, oui pour l’ouverture, oui pour la salive… mais non pour le manque de relecture… sinon merde et bon show!!!
Cher Sodasop,
Je ne suis pas un créateur. Caligula (Remix) n’est pas mon projet. Je suis un critique de théâtre invité à suivre le processus de création de la pièce. Je m’exprime donc en tant qu’observateur. Je me suis attaché au projet, bien sûr, à force de fréquenter la salle de répétition, et pour cette raison il est hors de question que j’en signe la critique dans le journal Voir. Cette tâche est donc atterrie sur le bureau de mon collègue Christian Saint-Pierre.
Pour plus de profondeur, je vous invite à lire les billets précédant concernant Caligula Remix sur ce blogue. Ils vous mettront mieux au fait de la démarche d’observation et d’échange que j’ai entreprise avec l’équipe de Caligula, et vous pourrez aussi y lire des bribes d’analyse du spectacle tel que je le percevais de la salle de répétition.
Concernant les relectures, on pourrait en discuter, mais il m’apparaît clair que les metteurs en scène québécois ont du mal à revisiter les grands textes du répertoire international. Trop souvent, leur unique souci est de nous rendre l’histoire limpide et il est bien rare qu’une véritable nouvelle réflexion soit faite autour de ces grands textes. Je vous invite aussi à relire mon billet intitulé « Pour en finir avec le problème du répertoire », ou je précise ma pensée. http://www.voir.ca/blogs/pcouture/archive/2010/01/16/bourgeois-gentilhomme-pour-en-finir-avec-le-probl-232-me-du-r-233-pertoire.aspx