Lorraine Pintal, directrice artistique du TNM, et Carl Béchard, metteur en scène de la pièce Et Vian! Dans la Gueule qui y est présentement à l'affiche, ont tenu aujourd'hui à fournir une réponse plus étoffée aux membres du groupe Audubon qui les accusent de s'être appropriés sans leur consentement le titre et le collage de leur spectacle produit entre 1995 et 2000. Voici leur lettre en intégral. Il faudra maintenant attendre les réactions du groupe Audubon, qui ne tarderont sûrement pas.
En
réponse à l'article signé par Alexandre Vigneault
paru le 3 mai 2010 dans le journal La Presse sous le titre :
« Et Vian ! Dans la gueule : débat sur la paternité du
spectacle » il nous apparaît essentiel de préciser les
circonstances
qui ont entouré la programmation de cette production dans sa
saison
2009-2010 du Théâtre du Nouveau Monde afin, entre autres, de
souligner le
50e anniversaire de la mort de Boris Vian en 2009.D'abord,
d'après le contenu réel de l'article, le titre aurait dû se lire :« Et Vian ! dans la gueule : débat
sur la paternité d'un titre » En effet, c'est le titre du
spectacle qui est l'objet (symbolique) du mécontentement du Groupe
Audubon
au nom duquel s'exprime monsieur Claude Gagnon en tant que
responsable
actuel de la troupe. Il serait douteux qu'il s'agisse du spectaclelui-même, puisque au moment de la publication de l'article, rien
ne nous
prouve que quelqu'un d'Audubon ait vu la version 2010 de Et Vian ! dans la gueule.
Or, pour affirmer qu'il s'agit de « leur » spectacle, encore
faudrait-il l'avoir vu. Claude Gagnon confond apparemment le
collage des
textes de Boris Vian que sa troupe a présenté en 1995 et celui,
très
différent, créé par le TNM en 2010. Si certains cherchent à
contester la
paternité de la version 1995, il est absurde de remettre en
question la
paternité de la version actuelle. De plus, un des membres de la
troupe,
Patrice Dubois exprime dans son blogue en date du 30 avril 2010,
tout son
ressentiment, mais en négligeant certains faits qui l'inviteraient
à
nuancer son propos, dans la mesure où le dépit que le Groupe
nourrit
depuis plus d'un an cesserait de les aveugler.Certaines
omissions gagnent donc à être rétablies :
- Le
metteur en scène Carl Béchard, engagé par le TNM, n'a jamais
signé
quelque cession de droits que ce soit aux membres du Groupe
Audubon
alors que c'est lui qui fut l'auteur du collage présenté de 1995
à 1998
et que la trouvaille du titre est la sienne. Aussi est-ce
étonnant de
lire que le spectacle « leur » appartient « et non »
à Carl Béchard, maître d'œuvre du spectacle. Est-ce que cela
signifie
que ce dernier devra les consulter à vie pour leur demander la
permission d'utiliser en tout ou en partie l'un ou l'autre des
deux
collages de Boris Vian qu'il a conçus dans le cadre de sa
collaboration
avec le Groupe Audubon, collaboration faut-il le préciser, tout à
fait
bénévole, pour le plaisir du travail bien fait, pour porter la
parole de
Vian, tout simplement ? Nous ne croyons pas, n'en déplaise à
Audubon et sans nier la force des spectacles qu'ils ont produits
grâce
entre autres aux conceptions et aux mises en scène de Carl
Béchard, que
l'amour des textes de Vian suffise à en assurer la propriété à
perpétuité.- Précisons
aussi que c'est pour deux
collages de Boris Vian soit : Et Vian !
dans la gueule
(autour du Goûter des
généraux) et Ceci n'est pas un
Schmürz
(autour des Bâtisseurs
d'Empire) que tout le Groupe Audubon d'alors avait reçu le
Masque de
la Révélation 1998, c'est-à-dire, comédiens et concepteurs,
incluant la
musique (Carol Bergeron), la chorégraphie (Louise Lussier) et la
mise en
scène de Carl Béchard. Le théâtre est avant tout un art
collectif et
nier la propriété intellectuelle de l'auteur du collage, du
metteur en
scène et des créateurs associés à un spectacle lorsque
l'occasion se
présente de faire entendre de nouveau la poésie de Boris Vian et
de le
faire découvrir à un plus vaste auditoire et aussi à cette
jeunesse qui
fréquente de plus en plus le TNM, ne nous semble pas le fait
d'artistes
généreux et responsables. Cette attitude vindicative, ce désir
affiché
de nuire ne nous semblent relever ni de l'éthique la plus
rigoureuse, ni
de la créativité humaine la plus sereine.- Sur
quoi s'appuie Claude Gagnon pour prétendre : « On était en droit de faire stopper
complètement le spectacle, parce que c'est notre
titre et qu'on en
était vraiment le producteur » ? Sur quels avis juridiques ? Parailleurs, l'avocate consultée par La Presse ne peut qu'évoquer
la
possibilité « de faire
valoir ses droits sur un titre, s'il peut susciter la confusion
entre
deux œuvres. » Or, il ne peut y avoir confusion entre les
deux
œuvres puisqu'à la demande de la direction artistique du TNM, il
s'agit
d'un collage de textes différent de la production du Groupe
Audubon,
d'une mise en scène qui affiche une nouvelle vision et d'une
musique et
des chorégraphies qui empruntent de nouvelles
voies.Un
hommage à Boris Vian a été rendu dernièrement par le Théâtre de
l'Astrolabe dans la région du Vaucluse en France, sous le titre :
« Et Vian ! Dans la
gueule ! » Est-ce que les membres du Théâtre L'Astrolabe
auraient dû demander la permission au Groupe Audubon pour utiliser
un tel
titre ? Ou même à Carl Béchard qui ne serait certainement pas
avare
de ses trouvailles. La situation frise l'absurde !Il
est triste de mesurer le fossé qui peut exister entre praticiens
de
théâtre lorsqu'il s'agit d'un projet qui devrait dépasser les
querelles
d'égos pour porter de nouveau haut et fort la poésie de Boris
Vian,
toujours si vivante et pertinente au 21e siècle. La
direction
artistique du TNM a cru juste et pertinent de répondre aux
premières
récriminations de Claude Gagnon par une lettre en date du 3
juillet 2009
et s'est engagée à reconnaître le travail inestimable accompli par
le
Groupe Audubon autour de l'œuvre de Boris Vian notamment dans son
communiqué de presse, dans son programme annuel, L'Emporte-pièces,
offert
gratuitement à plus de 11 500 abonnés, dans son programme de
soirée
que près de 10 000 spectateurs consulteront et dans la couverture
exceptionnelle que La Presse a réalisée pour annoncer les
représentations
de Et Vian ! dans la gueule.
Claude Gagnon n'a même pas daigné accuser réception de cette
lettre et
voilà que sans crier gare, lui et Patrice Dubois assènent à la
démarche de
Carl Béchard non pas un coup dans la gueule mais dans le dos, le
lendemain
d'une première enlevante alors qu'à nouveau, c'est le verbe de
Vian qui
triomphe.« L'absurdité de batailles
qui sont des
batailles de mots mais qui peuvent tuer des hommes de chair. »
Il
faut croire que Boris ne se démode pas !Lorraine
Pintal, Directrice artistique du TNM
Carl Béchard, Auteurdu collage des textes et metteur en scène de Et Vian !
dans la
gueule
Une histoire à suivre dans les prochains jours.
Quelle tristesse…
La directrice du TNM n’a visiblement rien comprit
De prétexter que tout cela entache la poésie et l’univers de Vian est d’une grande démagogie et d’une fermeture d’esprit effrayante de la part d’une directrice artistique
et d’un metteur en scène qui réagirait tout aussi fortement à la reprise d’un spectacle qu’il aurait créé sans qu’on le nomme ou qu’on lui demande son avis. Madame Pintal, l’an prochain, les acteurs reprennent l’hiver de force dans votre adaptation mais vous n’êtes pas concernée… aucune réaction? Ça m’étonnerait…
C’est une question d’éthique et de respect
Madame Pintal, monsieur Béchard, excusez-vous
reconnaissez votre erreur plutôt que de défendre votre point de vue
Surtout que dans ce cas, l’argent n’est même pas en cause pour Audubon…
incroyable!
Si les théâtres eux-même ne reconnaissent pas le droit d’auteur
et la propriété intellectuelle, qui le fera?