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OFFTA: To fake it or not to fake it?

La démarche de Catherine Bourgeois, à la tête du Théâtre Joe
Jack et John,est unique dans le paysage montréalais. Son plaisir? Travailler
avec des acteurs hors-norme, souvent atteints de déficience intellectuelle,
pour questionner le jeu et la présence de l'acteur, et brouiller les frontières
entre fiction et réalité. Tout ça, en portant un regard franc et critique sur l'Amérique
d'aujourd'hui.

Just fake it, sa nouvelle pièce présentée deux soirs au
OFFTA (4 et 5 juin), va dans le même sens. Car le parcours de Catherine Bourgeois
est des plus cohérents, et comme l'écrivait Hervé Guay dans le numéro 132 de la
revue Jeu, «elle ne s'est pas éparpillée et a vraiment gagné en maturité d'une
production à l'autre.»

Je me suis entretenu brièvement avec elle ce matin pour essayer
de lui soutirer des informations sur ce qu'elle nous prépare.

Parathéâtre: Catherine, tu aimes t'inspirer de la
personnalité des acteurs avec lesquels tu travailles pour créer, ce qui fait
que tes pièces sont toujours à mi-chemin entre théâtre et réalité. Parle-moi un
peu de ton équipe de comédiens et de ce que vous avez exploré cette fois-ci.

Catherine :Il y a Michael Nimbley, avec qui j'ai travaillé dans Mimi l'an
dernier, et Geneviève Morin-Dupont, tous deux atteints de déficience
intellectuelle. Je les ai fait rencontrer le comédien Jean-Pascal Fournier et la
danseuse anglophone Dorian Nuskind-Oder. C'est donc le mélange entre l'anglais,
le français, le mouvement et le jeu qui m'intéressait, mais avant tout la
rencontre entre ces quatre personnes qui m'intéressent toutes pour différentes
raisons. Dans mes processus de création, je veux qu'on se sente en sécurité, qu'il
y ait un véritable climat de liberté et que chacun puisse parler et improviser sans jugement. On a commencé par vouloir parler de notre
rapport à la Chine en tant que Nord-Américains. Mais ça a vraiment bifurqué
sans qu'on ne le veuille vers le thème des faux-semblants, et on a tout
simplement laissé aller les choses très intuitivement vers ce chemin-là. Evidemement,
la ligne est mince entre fiction et réel, ce sont des morceaux de leur vie que
je vous présente, même s'il y a fictionnalisation. D'ailleurs, c'est
moins narratif que Go Shopping et fais le mort ou Mimi, mes deux plus récentes
pièces. On a plutôt travaillé des fragments, un peu comme dans les premiers
projets de la compagnie, comme Ce soir l'Amérique prend son bain.

Tu dis vouloir questionner les faux-semblants et les artifices
de la société. Peux-tu préciser ?

On ne veut pas seulement dénoncer le fait que les gens
portent des ‘masques sociaux' en public et montrer à quel point notre société
est superficielle ; en fait c'est plutôt le contraire. La pièce explique
en quoi «faker» est souvent très utile. Chacun nous raconte ce qui est «fake»
dans sa vie et en quoi cette dissimulation de sa réalité lui permet de survivre
ou de s'adapter au monde.