Le Théâtre français du CNA est chez nous ce qui ressemble le plus à une véritable institution théâtrale. C'est d'abord vrai parce que 50% de son budget vient du gouvernement fédéral (alors que la plupart des autres théâtres fonctionnent avec des subventions qui ne dépassent pas les 30%). Mais c'est aussi vrai parce que malgré la nécessité de remplir les salles et de faire du profit avec le restaurant (c'est de là que provient l'autre moitié du budget), le Théâtre Français choisit des directeurs artistiques rigoureux qui mettent vraiment l'art au centre de leur travail et n'acceptent pas les compromis pour des raisons marketing.
On vient encore d'en avoir la preuve avec la nomination de Brigitte Haentjens à la succession de Wajdi Mouawad à la direction artistique du Théâtre Français.
Une très bonne nouvelle. Haentjens mérite ce poste, qu'elle attend vraisemblablement depuis plusieurs années sans trop y croire. Je ne suis pas inquiet pour la suite des choses: c'est une artiste rigoureuse et connectée sur le monde, qui ne se contentera pas de satisfaire aux exigences des abonnés du Théâtre Français mais continuera de faire dialoguer le théâtre avec la société et d'en faire un lieu de pensée et d'intelligence. Haentjens est capable des plus belles indignations et sa colère, toujours accompagnée d'un rayonnant sourire, nous est franchement nécessaire. Son théâtre ne se contente jamais de l'évidence et se nourrit de grands questionnements politiques et esthétiques. J'ai très hâte de voir ce que les budgets du CNA lui permettront de réaliser.
Très sincèrement, je souhaite à Brigitte Haentjens le meilleur dans cette nouvelle aventure et je lève mon verre à cette nomination.
Faudra encore se taper souvent des allers-retours Montréal-Ottawa.
Paradoxal quand même que ce théâtre si vivant ne soit qu'à quelques pas d'un parlement où l'art est en ce moment la dernière des préoccupations. Ça rend le combat de l'artiste encore plus urgent. Et Brigitte Haentjens est une combattante bien armée pour cette guerre-là.
Le Centre National des Arts est certainement la seule institution théâtrale francophone du Canada, je suis du même avis que Philippe à ce sujet. Aussi, la nomination de sa direction artistique est-elle d’autant plus marquante qu’elle prend du coup une certaine valeur symbolique.
Personnellement, je me réjouis franchement que le CNA accueille (une fois de plus!) à sa tête une artiste phare : une artiste qui ose prendre parole et faire feu de tout bois lorsque cela s’avère nécessaire. (Rappelons-nous son récent Moulin à paroles, à Québec, en 2009). Une première femme à ce rôle éminent, de surcroît!
Ne serait-ce que pour relever quelque peu le plafond (bas) des idéaux de notre communauté artistique, en portant le flambeau de son Art jusqu’à proximité de la colline parlementaire, la nomination de Brigitte Haentjens me fait plaisir.
Et j’ai bien hâte de voir ce qu’elle nous proposera. Espérant quelques bons coups de fronde. Souvent nécessaires.