NOTE : Ce texte a d’abord été publié sur le blogue de Philippe Couture sur revuejeu.org
«Depuis quelques années, il m’est arrivé plusieurs fois d’être confronté à une contestation sauvage de ma contribution à la société.» Ainsi s’exprime le metteur en scène Jean-Philippe Joubert dans un texte qu’il vient de publier dansL’Oiseau-Tigre, la publication du Théâtre français du Centre national des arts. Parce que son travail d’artiste n’est pas rentable à court terme, ou parce que, comme il l’explique dans le même texte, certains gueulent bien vite contre ce qu’ils ne connaissent pas.
Cette année, Jean-Philippe Joubert a choisi à quelques reprises de prendre parole dans l’espace public pour répliquer, avec une patience redoutable, à ces détracteurs aux visages variés mais appartenant à une même mouvance de droite, souvent libertarienne: les Nathalie Elgrably-Lévy ou Myriam Taschereau, ainsi que les animateurs de la station de radio CHOI FM à Québec. Chaque fois, il l’a fait en mettant de l’avant des arguments étayés, réfutant les propos de ces chantres de la droite avec des contre-exemples précis et convaincants.
Dans le très beau texte de L’Oiseau-Tigre, intitulé «Je suis un agneau», il écrit: «Devant ces propos, je choisis le calme, la politesse. L’échange. Je choisis l’intelligence. J’écarte l’attaque. Je choisis la douceur. La fermeté, oui, mais la douceur surtout. Si quelqu’un n’est pas d’accord avec moi, d’abord rétablissons les faits. Expliquons les choses. Creusons la réflexion. Et laissons nous la chance, moi et mon agresseur devenu interlocuteur, d’échanger, de changer. C’est la moindre choise que je puisse faire. Continuer de réfléchir.»
C’est la manière Joubert. Il en parle aussi dans l’entretien qu’il accorde à mon collègue Raymond Bertin dans le numéro actuel de JEU. «Je me souviens très bien, au secondaire, d’une chose qui m’avait déplu, qu’un chroniqueur avait écrite dans les journaux ; j’avais envoyé une lettre d’opinion qui avait été publiée dans Le Soleil. Je pense que c’est à ce moment que je me suis rendu compte que ce qui était important n’était pas tant de bien dire les choses, mais de les dire doucement.»
Force est de constater que la manière Joubert porte ses fruits. Ses réactions à la chronique de Nathalie Elgrably-Lévy et aux propos de la candidate conservatrice Myriam Taschereau ont abondamment circulé cette année, faisant de lui un porte-parole de plus en plus incontournable. Je placerais volontiers son nom dans un palmarès des voix importantes de l’année.
Tiens, ça me donne des idées de palmarès. À suivre…