La firme américaine Valero, propriétaire de la raffinerie Ultramar de Lévis, a annoncé le 29 mai dernier qu’elle investirait 190 millions $ dans la construction d’un terminal ferroviaire qui lui permettrait de décharger de grandes quantités de pétrole brut arrivant par chemin de fer. Cette décision, qui n’a guère attiré l’attention publique il y a deux mois, s’inscrit dans la nouvelle stratégie de l’entreprise, qui vise à substituer du brut bon marché en provenance de l’ouest aux coûteuses importations de Brent de la mer du Nord ou de l’Afrique.
Au début de 2012 encore, la quasi-totalité du brut raffiné à Lévis provenait d’outremer. L’entreprise importe maintenant du brut extrait des schistes d’Eagle Ford au Texas et espère pouvoir bientôt couvrir le tiers de ses besoins – soit environ 90 000 barils par jour – par ce moyen. Le reste des livraisons, soit environ 175 000 barils par jour, serait principalement assuré par le chemin de fer. Ceci représente le passage, chaque jour, d’environ 260 wagons chargés de pétrole.
Valero, qui possède en tout six raffineries en Amérique du Nord, souhaite complètement cesser ses importations de Brent étranger. Les cours de ce pétrole se sont envolés depuis deux ans, tandis que le brut léger de l’Ouest canadien et du Dakota du Nord est actuellement l’un des moins coûteux au monde, notamment en raison des problèmes de livraison qui y sont associés. La raffinerie de Lévis n’utilisera aucun brut lourd issu des sables bitumineux albertains.
Achat de 12 000 wagons-citernes
En raison de la pénurie de matériel roulant capable de transporter du pétrole, Valero a décidé d’acheter 12 000 wagons-citernes pour acheminer ce brut vers ses raffineries. Il s’agira de wagons neufs, plus sûrs que les désuets DOT-111 qui étaient en cause à Lac-Mégantic et qui représentent toujours 80 % de la flotte canadienne de wagons-citernes. La livraison de ces wagons devrait être complétée en 2015.
L’entreprise mise aussi sur l’inversion de la Ligne 9 d’Enbridge, un pipeline reliant l’Ontario au Québec, pour faciliter le transport du brut de l’ouest vers le Québec. Sa capacité serait d’environ 300 000 barils par jour, soit les trois quarts des besoins des raffineries québécoises. Du point de vue de l’industrie, la présence d’une tête de pipeline à Montréal réduirait les frais importants associés au transport du pétrole par rail sur de longues distances.
La date de mise en chantier du nouveau terminal ferroviaire n’a pas été précisée – on peut imaginer que la tragédie de Lac-Mégantic va en retarder l’annonce – mais la construction d’un équipement de ce genre exige environ un an de travaux. Il est également à noter que les projets ferroviaires, qui sont de juridiction fédérale, ne sont pas soumis aux audiences environnementales du BAPE. La population de Lévis n’aura donc pas l’occasion de se prononcer sur ce projet.
À Montréal aussi
La raffinerie Suncor de l’est de Montréal songe aussi à se faire livrer du pétrole par train. Moins de détails ont filtré, mais les quantités devraient osciller entre 20 000 et 40 000 barils de brut par jour, soit de 30 à 60 wagons environ. Les livraisons devraient débuter vers la fin de 2013.
Sources :
http://www.reuters.com/article/2013/05/29/valero-quebec-refinery-idUSL2N0EA21I20130529
http://www.news1130.com/2013/04/30/suncor-shares-rise-on-dividend-hike-share-buyback-earnings-beat/
Vous écrivez: « La raffinerie de Lévis n’utilisera aucun brut lourd issu des sables bitumineux albertains. » Pourtant, Valero s’est dite prête à investir massivement aux fins de pouvoir raffiner à Lévis du « synthetic crude » (différent du « dilbit pour diluted bituiment) issu des sables bitumineux
À long terme, oui sans aucun doute, quand le brut léger ne sera plus aussi facilement disponible. Mais ce n’est pas dans les projets immédiats.