Alors que Pierre-Karl Péladeau était forcé de s’excuser, à la fin de la semaine dernière, de ses récents propos sur l’immigration tenus dans le cadre d’un débat à l’Université Laval, de nombreux commentateurs souverainistes de centre-droit se sont portés à sa défense, sur leurs blogues ou dans leurs chroniques quotidiennes. L’ancien ministre Joseph Facal dénonçait dans sa chronique au titre surréaliste la « machine à culpabiliser médiatico-politique » qui a reproché à Péladeau d’avoir énoncé une évidence, accusant du même coup les détracteurs du député de Saint-Jérôme d’être des « négationnistes » – il cite même l’historien de la Shoah à l’origine du terme, Henry Rousso! – qui refusent de constater que l’immigration nuit, à terme, aux chances du Québec de devenir souverain. Mathieu Bock-Côté lui ne s’est pas embarrassé de nuances, lui qui a écrit que les détracteurs du principal actionnaire de Québecor « nient la réalité », en profitant au passage pour faire le procès de la rectitude politique de certains qui empêcherait tout débat sur les questions d’immigration. Et si on parlait de la réalité que les défenseurs de Péladeau passent sous silence?
Et si on parlait des francophones?
Il y a une nuance à faire entre constater, d’une part, que les Québécois anglophones et les nouveaux arrivants ont des habitudes de vote qui semblent exclure systématiquement l’option souverainiste et, d’autre part, affirmer « que nous n’avons pas 25 ans pour la réaliser [la souveraineté] » en raison de la « démographie et de l’immigration » qui feraient perdre un comté par année au PQ. Là où Péladeau glisse et dérape, c’est qu’il semble induire qu’il y ait, à l’heure actuelle, une espèce de mouvement, de tendance de fond, une marée migratoire qui, lentement mais sûrement, viendrait rendre impossible l’accession du Québec à son indépendance. C’est là une affirmation bien différente que de simplement constater, d’un point de vue sociologique, les habitudes de vote de telle ou telle communauté dans certains comtés.
Ce que Péladeau, Bock-Côté et Facal occultent – si tant est que nous devions parler de « réalité » – c’est le portrait alarmant pour les souverainistes des habitudes de vote de la jeune génération de francophones qui semblent délaisser pour de bon les rangs du Parti Québécois. Si l’aspirant chef voulait trouver une cause principale à l’échec de son projet politique aujourd’hui, il devrait la chercher du côté du non-renouvelement de la base électorale du camp souverainiste, et non pas du côté d’une quelconque dynamique de l’immigration qui serait plus importante aujourd’hui qu’elle ne l’était hier. Il suffit de regarder les derniers coups de sonde menés par Léger Marketing, qui a segmenté son bassin de répondants en fonction de leur âge, afin de constater cette dynamique :
Le constat qui se dégage de ces chiffres est clair : les moins de quarante ans délaissent le PQ au profit de Québec solidaire – pour les plus jeunes d’entre eux – et même du Parti libéral, alors que la base électorale péquiste, constituée de babyboomers demeurés fidèles à leurs idéaux de jeunesse, se fait quant à elle vieillissante. Alors de quelle réalité doit-on parler? Quelle réalité nie-t-on aujourd’hui? Trop heureux de se porter à la défense de Péladeau, les chroniqueurs du Journal de Montréal oublient, volontairement ou non, de nous expliquer pourquoi la jeunesse québécoise semble se désintéresser aujourd’hui du parti de René Lévesque. Et si on cherchait une explication du côté du projet identitaire porté par l’un, ou encore de la « lucidité » économique promue par l’autre, afin d’expliquer cette situation?
Un dur constat
Le constat jusqu’à maintenant est dur à accepter pour ceux qui voyaient en Péladeau le nouveau champion de l’indépendance, le nouveau chef gaullien, « l’homme d’exception » qui, comme l’écrivait il y a quelques mois Bock-Côté, allait bousculer l’histoire et mener le Québec à son indépendance. Force est de constater que le portrait fantasmé de Péladeau, imaginé par de nombreux souverainistes, ne s’est jamais avéré dans la réalité et que nous faisons plutôt face à un politicien somme toute médiocre, sans talent oratoire particulier et qui s’est plutôt illustré ces dernières semaines par ses bourdes que par la profondeur de sa réflexion politique. Il aura suffit de quelques secondes, d’un débat informel entre sympathisants pour qu’il mette toute sa formation politique dans l’embarras et l’oblige, alors même qu’il n’en est pas le chef, à faire machine arrière et à se porter à sa défense. Qu’en sera-t-il lorsqu’il devra affronter des adversaires fédéralistes qui seront, quant à eux, beaucoup moins conciliants? Se rappelle-t-on de l’avoir entendu gueuler « En français! » à un festival musical en région, avant de s’éclipser de la salle, laissant les spectateurs et les artistes complètement pantois? Se rappelle-t-on de cette récente conférence de presse surréaliste où son équipe, trop soucieuse de prévenir les gaffes futures de son candidat, a décidé d’adopter une stratégie du contrôle du message et des journalistes – accusés de « harcèlement » – qui n’a rien à envier aux pratiques discutables de Stephen Harper?
Ceux qui accusent les critiques de Pierre-Karl Péladeau de faire preuve de négationnisme ou de déni de la réalité devraient, aujourd’hui, faire l’examen critique de leur champion. Dans le cas contraire, le retour à la réalité risque d’être brutal…
Les frais de ce publireportage ont été payés par Québec Solidaire.
allo. Tu t’es jamais dit que les indépendantistes n’étaient juste pas intéressé par le PQ ou la politique tout simplement?
Pierre-Luc,
vous 26 ans , moi, 82 : sommes certainement de la même génération :!!
j’aime bien vos commentaires.
Je n’ai jamais entendu un péquiste nier qu’il y a un problème au niveau du vote des jeunes ,je ne vois absolument pas le rapport entre les deux. Nommé moi quelqu’un qui a nié le problème du PQ au niveau des jeunes bien au contraire ils l’ont tous soulevé je ne vois absolument pas en quoi cela justifierait la négation du problème de l’immigration comme s’il n’existait pas,votre argument est un non-argument.
‘ Je n’ai jamais entendu un Péquiste nier qu’il y a un problème au niveau du vote des jeunes,’,,,
c’est l’nverse de :
‘ J’ai souvent entendu des Péquistes nier qu’il y a un problème au niveau du vote des jeunes .
Donc , vous voudriez dire :que vous entendez souvent des péquistes admettre qu’il y a un problème au niveau du vote des jeunes. »
2 négations égalent une affirmation…ou je me trompe ?
Je relis votre texte et il est clair..
De la façon que je l’explique dénote que je devais aller faire dodo. Bonne nuit !!.
(1)
« Il y a une nuance à faire entre constater, d’une part, que les Québécois anglophones et les nouveaux arrivants ont des habitudes de vote qui semblent exclure systématiquement l’option souverainiste et, d’autre part, affirmer « que nous n’avons pas 25 ans pour la réaliser [la souveraineté] » en raison de la « démographie et de l’immigration » qui feraient perdre un comté par année au PQ »
On dirait que vous faites toutes les pirouette et rhetorique pour dans le fond quoi ne pas accepter l’existe de vote ethnique … ce qui est tmanifeste. Toutes les contorsion du genre
« qui semblent exclure systématiquement l’option souverainiste » … pour eviter de parler de vote ethnique et d’instrumentalisation du vote des immigrants.
Et factuellement, si on dit qu’on accueille 50000 personne et que ces gens votent massivement PLQ et non , et qu’un comte au quebec c’est environ 50000 personne en quoi c’est factuellement incorrecte de dire que ca ajoute un compte de plus par annee pour le PLQ et l’option federaliste.
Ultimement on va devoir ajouter de nouveaux compte pour tenir compte de la demographie et oui ces comptes voteront PLQ.
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(2)
Et au fond qui n’a jamais entendu des federalistes evoquer eux meme l’effet de l’immigration a croire que nos medias ne couvrent pas de telle opinion ?
Cette opnion est visible sur tous les blogues et on peut imaginer sans peine les discussions au PLQ ou PLC se gargariser qu’un jour l’immigration fera son oeuvre …
Comment imaginer que des organisateurs, militant liberaux aient pas des opinions a savoir que l’immigration sera le tombeau de l’option souverainiste …
On se demande comment il se fait que les medias ne rapporte pas ces propos …
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(3)
Il y a tout de meme quelque chose d’unique en occident, dans nos democraties, que de faire venir au quebec des gens qui vote massivement un parti, une option …
C’est malsain democratiquement.
Il y a quelque chose de laid, tres laid la dedans ….
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(4)
Dans le texte ici au fond c’est il y a le spin du QS … qui ont quelque chose comme 50% de federalistes ….
(a)
Juste pour les ramener dans le reel … certains partis politiques comme QS qui pensent tirer leur epingle du jeu du vote des immigrants … un jour ils se rendront compte que leur nouveaux amis sont pas mal plus conservateur et moins revolutionnaire qu’ils pensent …
(b)
Pour le moment, ils peuvent toujours titer profit d’une certaine pauvrete chez des immigrants pour enroller du monde via les mouvement communautaires a Montreal, mais a terme une fois que les immigrants s’eloignent un peu vers la banlieu, que leur niveau de vie augmentent … leur profile est pas mal plus conservateur …
(c)
Les immigrants sont conservateur en terme de valeur, conservateur en terme de vision de la societe ….
Les immigrants viennent pas pour « changer le monde » , faire la revolution ou que sais je …. ils viennent augmenter leur niveau de vie economiquement parlant that’s it that’s all …
Ca leur plait quand vous leur dites que vous allez leur metre de l’argent dans leur poche … en prenant l’argent des banque et a pierrejeanjacques mais ca va faire un temps. On le voit deja dans le reste du Canada et les banlieu de Toronto.
Les immigrants votent a droite ….
(d)
A QS …. l’immigration sera le tombeau de la gauche egalement …
Riez jaune ….
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Mais au fond on y revient
Il y a un dilemme moral et ethique a voter massivement , sovietiquement comme il le fond, et a se laisser instrumentaliser par les faucon de l’unite canadienne …
Un immigrant qui se laisse instrumentaliser sans meme avoir une reflexion je m’excuse mais c’est pas chic.
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Et a ceux qui voient pas le problem du vote ethnique je pense que vous confondez la democratie avec autre chose c’est evident que c’est malsain ….
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Et si en 95 on peut evoquer la ville de Quebec, la Beauce ou en ce moment le vote des jeunes …
L’immigration sera certainement le tombeau de la souverainete c’est evident.
Il n’y a rien a faire, struturelement ils viennent au Canada, bien sur que le movement souverainiste va partir avec 1 ou 2 prise au baton ….
Pour avoir entendu Bernard Landry avoir visiter des synagogue pendant 30 ans et pas avoir recu un seul adherent …. c’est dire qu’il n’y a rien a faire.
Les jeunes vers Québec solidaire, pourquoi?
Babyboomers vieillissants, idéal de jeunesse, sont-ils dépassés?
Les vieux sont-ils séniles pour ne plus savoir pour qui voter?
Qui reste-t-il pour être lucide???……
En politique, il y a de ces personnes qui convaincues de leur option quittent un bien-être pour défendre leur conviction profonde et se mettent au service des citoyens.
On reconnaît l’arbre à ses fruits.