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Les finances des microbrasseries, ce n’est pas de la p’tite bière

Lundi, j’assistais à une conférence de presse dans le cadre du congrès annuel des microbrasseries du Québec. Le sujet présenté par Frédérick Tremblay, Président de l’AMBQ et copropriétaire de la Microbrasserie Charlevoix : l’état de l’industrie de la bière au Québec et l’évolution des parts de marché des microbrasseries québécoises. Au bilan, on constate que le nombre de microbrasseries augmente, mais que leur part de marché demeure sensiblement la même. En gros, ça veut dire qu’il y a de plus en plus de joueurs qui se séparent à peu près le même gâteau.

Conclusion hâtive : plus il y a de microbrasseries, moins chacune d’entres elle fera d’argent. Mais dans les faits, ce n’est pas aussi symétrique. Il y a des micros qui ont le vent dans les voiles alors que d’autres se battent pour demeurer en vie.

Au fond, le portrait est assez simple à tracer, mais plutôt difficile à avaler. Les grands brasseurs perdent du terrain, mais ils se reprennent en plaçant des bières importées sur les tablettes. C’est de cette façon qu’ils réussissent à empêcher les microbrasseries d’augmenter leurs parts de marché. Les gens boivent moins de Labatt Bleue? On va leur vendre de la Stella Artois! Ils ont évidemment l’aval des grandes chaînes, principalement des épiceries, qui leur réservent systématiquement la quasi-totalité de leurs tablettes disponibles.

Comment sortir de cette impasse? Le consommateur a un rôle à jouer en allant chercher le produit puisque le produit ne se rend pas toujours jusqu’à lui. Heureusement, il y a quand même plusieurs dépanneurs et commerces spécialisés en bières de microbrasseries québécoises. Sinon, c’est le gouvernement qui va devoir bouger. Mais au lieu de ça…

…Deuxième jour du congrès, coup de théâtre, le ministre Marceau dépose son budget et annonce une augmentation qui correspond à 10$ l’hectolitre de bière (environ 0.03$ par bouteille de 341 ml). Pendant que les microbrasseries se battent avec les prix agressifs des grands brasseurs, on leur demande d’augmenter leurs prix ou d’absorber la hausse sur leurs profits déjà maigres. C’est une semaine assez ordinaire pour l’industrie de la bière!

Heureusement qu’il y a du houblon

Pendant le congrès, j’ai eu l’occasion de discuter avec le sympathique Jordan Roy, directeur général de Houblon Québec, une nouvelle coopérative qui vise à relancer et promouvoir la production du houblon au Québec. Leur objectif, à moyen terme, est d’avoir une qualité égale ou supérieure aux houblons importés. J’ai été ravi par son optimiste et je suis heureux de constater que nous pourrons boire des bières de plus en plus locales en intégrant des ingrédients d’ici. À suivre…