Le 27 janvier dernier, je me suis rendu à Saint-Jérôme lors de la vente à la porte (expression mieux connue sous le nom de «bottle release» qu’on emprunte sans scrupules à nos voisins du Sud) pour leur Marché du 10e anniversaire. Phénomène grandissant chez les brasseries du Québec, les ventes à la porte attirent de plus en plus d’adeptes en quête de bières d’exception. Parce qu’on s’entend, les brasseries ne convient pas les beer geeks pour leur vendre des produits réguliers qu’on retrouve un peu partout; ils sortent leurs gros canons, souvent issus d’un vieillissement en barriques ou d’un assemblage méticuleux.
Pour se rendre à cette fête, il fallait réserver via un formulaire mis en ligne à une heure précise une dizaine de jours avant l’événement. Il y avait 500 places… et tout était comblé en trois minutes. Trois minutes – vous avez bien lu! Cette situation illustre non seulement la popularité d’une brasserie comme Dieu du Ciel, mais aussi l’ampleur de l’engouement pour les bières de microbrasserie au Québec.
Les produits les plus en demande lors de cette vente étaient certainement la désormais classique Péché Mortel Bourbon (classée 35e meilleur Stout Impérial au monde selon RateBeer), l’Exorciste Raisin de glace et la Rigor Mortis élevée en fûts de Porto. Dans l’ultime désir de bien faire mon travail, j’ai eu la chance de goûter à tout ça. Croyez-moi, ça valait le déplacement, l’attente sous un ciel d’hiver et les dollars investis. La Péché est divine avec ses franches notes de café soutenues par un bourbon enveloppant et une finale boisée qui vient adoucir la finale. l’Exorciste Raisin de glace surprend d’abord par son acidité vive puis par ses élans fruités (sans être réellement sucrés) qui viennent rétablir l’équilibre en appelant une seconde (puis une troisième) lampée. Le temps de le dire, la bouteille est vide! Pour ce qui est de la Rigor Porto, elle m’a d’abord surpris par son côté smooth désarmant. La Rigor Mortis abt régulière est plus agressive sur l’amorce; celle-ci nous apporte quelque chose de nouveau à chaque gorgée. Des fruits rouges, du porto – il en va de soi – et un joli collier d’épices et de bois. Si la réputation de Dieu du Ciel n’est plus à faire, on peut certainement refaire le monde en s’abreuvant d’aussi bons nectars. Je vous invite aussi à lire les impressions de mon confrère Noah sur son réputé blogue Beerism.
Parmi les microbrasseries qui organisent des bottles releases plus régulièrement, il faut certainement penser aux gens de Dunham qui en font de deux à trois fois par année ou à la micro Les Trois Mousquetaires avec la sortie annuelle de sa savoureuse Double IPA ou ses ventes sporadiques de brassins barriqués, plus rares, qui ne sont pas offerts en distribution. D’autres brasseurs commencent à emboîter le pas et il y a fort à parier que les amateurs de bonnes bouteilles n’ont pas fini de courir les événements en 2018. Pour le reste, je ne peux que souhaiter un superbe 10e anniversaire à la brasserie de Saint-Jérôme et une autre décennie de succès, de surprises et de fioles qui déplacent les foules.