Cigarettes after Sex : une première fois
– Concert de Cigarettes after Sex au Ritz PDB –
La première fois. On connaît tous la chanson, ça vient avec un lot de sous-entendus : c’est maladroit, ce sera pas la meilleure, mais c’est quand même excitant, et, avec un peu de chance, ce sera assez bon pour que ça se redonne avec l’autre personne.
Il y avait un peu de ça dans le concert de Cigarettes after Sex, au Ritz PDB lundi soir. D’entrée de jeu, le chanteur du groupe nous a confessé : « Actually, it’s our first time in Montreal. », sa voix grave et profonde contrastant avec le timbre éthéré de son chant, qui est l’une des signatures de cette formation new-yorkaise de pop ambient. Alors qu’il faisait un froid de canard dehors, l’ambiance était bien chaude à l’intérieur du bar, où Cigarettes after Sex tenait la vedette d’un concert qui affichait complet depuis déjà plusieurs semaines. Attirés par le sex appeal indéniable du groupe, les mélomanes ont rempli le bar à craquer.
Autre confession de la soirée, un employé de Blue Skies Turn Black, le promoteur de l’événement, me disait entre deux pièces : « Toute la soirée, les gens nous ont demandé comment le groupe a pu attirer 300 personnes avec à peine 7 chansons sur Spotify ». On s’explique ce succès par le je-ne-sais-quoi de séduisant qui traverse la musique de Cigarettes after Sex, mais aussi par son côté juste assez cheesy. On s’imagine sans difficulté le groupe faire la trame sonore du film Drive ou d’un métrage sexy qui aurait été réalisé par David Lynch.
En ouverture, l’artiste solo et chanteur Libsyd Read livrait une musique ambient agréable, mais mise à mal par la mauvaise qualité du système de son. À travers la sibilance de la voix et la basse particulièrement envahissante, on a tout de même remarqué la beauté et la justesse du chant. Bonnes mises en oreille pour Cigarettes after Sex, les premières pièces avaient quelque chose d’enivrant, et l’on se dandinait tranquillement avec Libsyd Read au son des tracks qu’il démarrait à partir d’un laptop placé sur scène. À la longue, toutefois, les pièces en venaient à se ressembler, et le rythme était brisé par la façon un peu sèche qu’avait l’artiste de finir ses chansons. Au fil des performances, l’artiste, qui semble encore en début de parcours professionnel, en viendra sans doute à peaufiner son show et offrir une expérience plus soutenue pour l’auditeur.
On remarquait un peu les mêmes imperfections dans la douzaine de pièces qu’aura jouée Cigarettes after Sex. Les trois nouvelles pièces qu’on a entendues du groupe (elles paraîtront sur son prochain album en juin) se fondaient parmi les plus anciennes, et le spectacle aurait très bien pu se clore avant le deuxième rappel, voire avant le premier. On était encore sous ce signe de « la première fois », vous vous souvenez?
Cela dit, Cigarettes after Sex nous aura procuré plusieurs moments magnifiques. Pensons aux sonorités cristallines de la guitare dans K., dont les premières notes rappellent distinctement Shine on Your Crazy Diamond de Pink Floyd. Mentionnons également la pièce Affection, particulièrement réussie, ainsi que la fin toute en douceur de Nothing Is Gonna Hurt You Baby. Même si la voix a manqué de justesse durant Keep on Loving You, c’est avec l’une de ces chansons que le terme « expérience live » a pris son sens. On peut maintenant affirmer qu’un album de Cigarettes after Sex, c’est bien, mais que voir le groupe en show, c’est mieux. L’une des nouvelles pièces, Flash, débute de façon intrigante, le couplet est incertain, mais est enchaîné avec un refrain tout à fait envoûtant. On pressent qu’il s’agira d’une pièce forte du prochain album. Ça augure bien pour la prochaine fois!
Au final, sans être tout à fait comblant, le concert donné par Cigarettes after Sex aura été satisfaisant, un 15$ bien investi, et, disons le franchement, une bien belle façon de débuter la semaine.