Dear Criminals : sexy with a twist
– Entrevue avec Dear Criminals –
« Plein de gens nous disaient qu’ils écoutaient notre musique en faisant l’amour. » Difficile de ne pas être amusé par cette phrase qui explique l’étiquette électro-porn collée sur la musique du groupe Dear Criminals.
Dear Criminals : un groupe multidisciplinaire
Mais le travail du trio montréalais s’étend par-delà les genres du folk, de l’électro, de l’indie et du pop, par-delà les synthés rétros, les voix à fleur de peau et les rythmes sensuels et envoûtants, et même par-delà la musique tout court. Longs métrages, documentaires et pièces de théâtre sont quelques-uns des médias qui ont accueillis une trame sonore composée par Dear Criminals, dont la tendance à renouveler la formule éprouvée du spectacle de musique devient une de leurs signatures artistiques.
D’ailleurs, le groupe paraphera incessament un nouveau spectacle, trapped. D’une durée de plus d’une heure (les membres du groupe sont encore en train de monter le numéro), cet alliage de musique, de vidéo, de danse et de scénographie sera présenté à l’Usine C dans une semaine exactement. À quelques jours de la première du 16 mars, j’ai rencontré Vincent Legault et Frannie Holder pour une entrevue dans la Salle intime du théâtre Prospero, où le groupe répétait jusqu’à tout récemment.
Une envie d’évasion
Assis sur un road case, Legault s’exprime de façon véhémente : Dear Criminals, c’est un band de musique, mais c’est aussi un univers créatif. Derrière lui, les synthés et pédales d’effet sont étalés dans un carré marqué au tape électrique jaune, comme s’il s’agissait d’un terrain de jeu pour musicien électro. La symbolique n’est pas anecdotique. Lorsqu’ils évoquent la fondation du groupe, les deux musiciens soulignent que leur motivation première était l’envie d’évasion. « Au départ, DC était un gros carré de sable où l’on pouvait s’évader de certaines conventions. » dit Legault. « L’industrie étouffe les idées, renchérit Frannie Holder. Si ça ne fitte pas dans le moule, elle formate en fonction de ce qu’elle trouve désirable. » Au final, une multitude de groupes talentueux deviennent génériques au fil d’un parcours standardisé. C’est donc un modus operandi de « faire différemment » ainsi qu’une curiosité indomptable qui a mené le trio vers des projets particulièrement ambitieux, comme leur concert à l’église Saint-Jean-Baptiste en présence de 150 choristes.
trapped, un nouveau projet d’envergure
trapped est dans la lignée de ces projets audacieux. Sur le site de l’Usine C, la description à elle seule donne envie d’y être : « […] Dear Criminals et [le metteur en scène] Jérémie Niel mélangent leurs fantasmes pour créer ensemble un paysage visuel et sonore, une œuvre sans discontinuité, contemplative, qui transcende les lignes. Un objet aux frontières de la musique, de la danse et du cinéma, une œuvre scénique, finalement, pleine d’une émotion charnelle, portée par des performe[u]rs aux confins de leurs mondes.»
« Plutôt que de faire la trame sonore d’une pièce de théâtre ou d’un numéro de danse, explique Holder, on a construit un objet scénique autour de notre musique. » « C’est comme faire de la musique de film, sauf que là on fait le film pour la musique. » rajoute Legault. Il poursuit : « On aura de nouveaux arrangements de nos pièces, mais certaines seront identiques à ce qu’on a sur nos albums. On n’a jamais vraiment fait le lancement de nos deux derniers EPs (Nelly et Another Picture), alors on jouera beaucoup de pièces de ceux-là. Ce sera beaucoup de nouveau stock, mais aussi des vieilles tounes qu’on n’a peu jouées. Ce qui sera différent, c’est l’alliage entre les chansons, l’enrobage.»
DeAR criminals with a twist
C’est donc… un show de musique? Tout à fait, mais un show with a twist ! En effet, les différents éléments scéniques (danse, vidéo, éclairages, etc.) permettront au public d’accéder à l’expérience que Vincent Legault rêve de le voir vivre : une sorte d’apnée de 60-75 minutes. Ce genre de concert atypique, Frannie le confesse, est trop coûteux à produire régulièrement. C’est toutefois ce qui en fera un moment unique à passer, un événement.
« Ici, on ne réfléchit pas au pacing du show sur une napkin de bar 20 minutes avant de commencer, dit Holder. C’est vraiment un objet fixe, réfléchi d’un bout à l’autre. On ne pourra pas avoir un rappel, improviser, faire des jokes entre les chansons, caller des shooters… On voit ça comme une proposition, et on espère que le public rentrera dans l’objet et passera un beau moment.»
Pour la suite?
Est-ce dire que Dear Criminals délaissera la production de EP à l’avenir? Nullement. Même, le groupe évoque la possibilité de revenir exclusivement à cette formule si, du jour au lendemain, les projets comme trapped cessaient de se réaliser, mais cela ne semble pas près d’arriver! En effet, le groupe prévoit la musique d’un documentaire ainsi qu’un projet avec l’Opéra de Paris à l’hiver 2018. « On est un band après tout, dit Holder. On a tellement de fun à jouer ensemble, et ça va rester. On souhaite juste du long terme. On a le même salaire chaque semaine, et chaque nouveau contrat, c’est des semaines de salaire de plus. On veut prolonger ça le plus longtemps possible. »
Dear Criminals sera en spectacle avec
Trapped
les 16 (complet), 17 et 18 mars, 20 h.
Usine C
1345 Avenue Lalonde, Montréal, QC H2L 5A9
28.75$ (régulier) – 23.75$ (étudiant)