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La stratégie dominante

Les manifestations sont commencées, les débats publics font rage, des milliers d’étudiants sont maintenant soumis à un vote de grève. Plusieurs votes auront lieu dans les prochaines semaines, mais la question qui se pose est la suivante : quelle est la meilleure stratégie à adopter pour les autres cégeps et universités qui ne sont pas encore en grève?

1)      Retarder le vote de grève :

La solidarité, c’est un concept, mais la réalité en est un autre. Vous êtes dans une association étudiante et votre population n’est pas chaude à l’idée de manquer plusieurs semaines scolaires. Que faites-vous? Vous instaurez un vote de grève quelques semaines après les autres établissements. Si le mouvement lève, vous embarquez dans le train lorsqu’il est à pleine vitesse. S’il s’éteint, vous n’avez en rien retardé votre session. D’ailleurs, il semble que ce soit la stratégie adoptée par certains. Ainsi, personne à la FECQ ou à la FEUQ ne pourra dire que vous les avez laissé tomber officiellement. Entre avoir l’intention de tenir un vote de grève tardif et l’intention de voter contre la grève, la marge est faible. Indubitablement, une grève étudiante s’essouffle plus rapidement qu’une grève ouvrière : aucun fonds de grève disponible.

2)      Voter contre la grève :

Votre cégep ou votre université vote contre la grève ? Est-ce vraiment un problème? En fait, si jamais le gouvernement Charest plie, les étudiants n’ayant pas décrété la grève profiteront des gains de la population étudiante sans même avoir contribué au mouvement. En économie, un étudiant contre la grève pourrait  être considéré comme un « free rider » ou « passager clandestin ». C’est un agent économique qui ne « paye pas sa quote-part » au mouvement de grève, mais qui bénéficiera des gains s’il y a lieu.

Je ne cherche pas à encourager ces deux comportements, mais lorsqu’on regarde le débat de façon objective, les véritables gagnants éventuels de cette lutte seront les étudiants qui auront joué aux « tricheurs ».  Ceux qui auront profité de la grève, qui ne feront pas partie du mouvement. Ce seront les véritables bénéficiaires du résultat. Pour eux, le rendement sur capital investi sera infini.

Avec l’attitude de la ministre Beauchamp qui encourage les enseignants à franchir les piquets de grève pour donner les cours, on peut dire que l’ardeur des futurs votes de grève sera refroidie. D’ailleurs, n’est-ce pas un peu provocateur de la part du gouvernement? Que l’on soit pour ou contre la grève, il est difficile de croire qu’un réseau est menacé lorsque le train continue d’avancer.