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Rétroactivité péquiste

Depuis son élection, le gouvernement Marois semble faire de la gestion à tâtonnement. En fait, on pourrait appeler cela de la gestion « essais et erreurs ». Honnêtement, je me sens comme dans une grande séance d’improvisation libre où le laboratoire est la société québécoise.

Première question à Madame Marois : C’est quoi cette lubie d’annoncer n’importe quoi rapidement comme si les effluves d’un malaise intestinal budgétaire nous forçaient à évacuer des solutions à la hâte et sans contrôle?

Tout a débuté avec des promesses électorales. Ce grand cirque à travers lequel on dit toujours aux Québécois qu’ils peuvent en demander davantage sans en offrir davantage. Il y a toujours ce vieux réflexe de dire qu’on peut aller pomper davantage aux « riches ». C’est si beau, si populaire, c’est de la musique aux oreilles des cigales.

Permettons une analogie avec la comptabilité. Dans un bilan, il y a l’actif, le passif et les capitaux propres. Le côté gauche du bilan pourrait se définir comme les « droits » de la société. Le côté droit pourrait se définir comme les « obligations ». Donc, au Québec, on parle beaucoup de nos droits, mais qu’en est-il de nos obligations en tant que société ou en tant que citoyens? Lorsque l’on veut davantage de « droits » ou de privilèges sociaux, on doit nécessairement s’endetter davantage ou exiger plus de capital (c’est-à-dire productivité et impôts) des « actionnaires » que l’on pourrait nommer ici « les riches citoyens payant de l’impôt ». Évidemment, mes collègues comptables diraient que les promesses électorales sont des dépenses, elles ne devraient pas aller à l’actif, mais bien à la dépense. Mais, juste pour l’analogie, acceptons que les privilèges sociaux soient un « actif » pour la société. Ainsi, il serait acceptable de les laisser au bilan.

Par la suite vient le moment de la fête, du couronnement, des discours et de la victoire. Et puis, le cadran sonne le lendemain matin et les journalistes veulent des réponses. Comme le plan était plus ou moins clair, on décide d’annoncer toutes les bonnes nouvelles d’un coup, pour montrer qu’on respecte nos promesses. On élimine unilatéralement la hausse des droits de scolarité et on annonce un gel temporaire. On en profite pour dire qu’il n’est pas question d’aller modifier rétroactivement les bourses des étudiants puisqu’elles sont déjà prévues au budget. Bien là, elles étaient prévues au budget lorsque les droits augmentaient, mais ce n’est plus le cas, pourquoi ne pas les réclamer rétroactivement ? Parce que le budget de sangria a augmenté en 2012 ! (Richard, celle-là, elle te suivra jusque dans ta tombe, que veux-tu ?). On annonce la fermeture de la centrale de Gentilly, on élimine la « taxe » ou contribution santé, on jongle avec les redevances minières, on promet la lune et on se ferme les yeux.

Malheureusement, comme tout gouvernement, on se retrouve évidemment à devoir regarder le côté droit du bilan. Misère, ça ne balance pas ! Panique, on annonce une hausse d’impôt rétroactive et on fait passer le taux marginal au-dessus de 50 %…. Quoi on ne peut pas faire cela? D’accord, on fixera le taux à 49,97 %, ce n’est pas 50 %, la pilule devrait passer. Et puis la « taxe santé », on ne l’annule pas, on la modifiera de façon progressive jusqu’à un plateau où elle deviendra dégressive… Et pour faire passer la pilule, on donnera en 2013, un crédit d’impôt correspondant à 20 $ pour permettre à votre dernier de jouer au hockey. Wow ! Il aura du ruban pour la saison sur son hockey.

Euh… Suis-je le seul à sursauter?

Et puis on marche main dans la main avec les étudiants, juste d’une main, l’autre sert à tenir le iPhone 5 (juste pour taquiner un peu, c’est une blague).

Puis, on parle d’un sommet, pas très haut, 12 pieds environ, où l’on discutera d’éducation entre personnes impliquées. C’est-à-dire, les étudiants, le ministère de l’Éducation, les professeurs, les intervenants, etc. Seul non invité à la table : le contribuable.

Et puis, oups, il faut encore penser au côté droit du bilan. C’est bizarre, il ne disparaît jamais celui-là ! N’y a-t-il pas moyen de le faire disparaître? Juste le temps d’un mandat demande le ministre des Finances ?

Bon, alors on annonce une coupe rétroactive de budget de 5 % dans l’assiette universitaire. Ah bien, non, pas question de rétroactivité, ça ne se fait pas ! On accepte un budget, on ne peut pas le changer en cours de route, surtout à quelques mois de la fin. Les étudiants marchent maintenant main dans la main avec les recteurs.

Les stratèges du PQ semblent consternés, la rétroactivité, ça ne passe pas. Pourtant, c’est la solution magique qu’on avait trouvée pour régler le problème du côté droit du bilan. Qu’est-ce qu’on fait maintenant?

On ne sait pas, mais de son côté, l’ancien blogueur vedette de L’actualité se dit qu’André Boisclair a une énorme valeur marchande. Son carnet de clients est tellement plein, qu’il vaut quelques millions de dollars. Voilà pourquoi on doit absolument lui garantir un contrat digne d’un Scott Gomez. Si Gomez gagne des millions par année pour jouer au hockey, pourquoi ne pas offrir un coffre à outils de quelques millions à Boisclair un ancien « presque » premier ministre? Je sais, c’est un sophisme, mais bon, je m’inspire d’un ministre. Si un ministre fait un sophisme, je peux en faire aussi. Ah, ça aussi, c’est un sophisme… Eh bien, il semble que les arguments d’un politicien au pouvoir soient des sophismes en série. Tiens, un autre sophisme !

Puis, un autre ministre en poste propose la solution suivante :

–          Facile, on appelle Marty McFly, on roule à 88 miles à l’heure dans une Delorean, on revient dans le passé, on ne se moque plus des lucides et on fait des choix de société !

–          Bonne idée ! Est-ce qu’on pourrait aussi aller avertir René durant la nuit des longs couteux?

–          Mieux que ça ! On pourrait annoncer toutes nos décisions rétroactives d’avance, comme cela elles ne seraient plus rétroactives, mais proactives!

–          Bonne idée, excellent, je m’en vais annoncer cette nouvelle résolution aux journalistes. Ils seront bouche bée !