Définir les valeurs québécoises semble un exercice risqué politiquement et collectivement. On juge parfois ridicule qu’un amendement d’un document rédigé le 15 décembre 1791 vienne dicter le port d’armes aux États-Unis. En effet, la Constitution américaine a figé le droit de porter une arme pour plus de deux siècles. Définir les valeurs d’une société, c’est un acte d’absorption des croyances de la majorité dans un espace-temps bien précis.
Imaginons que cette « charte des valeurs » ait été rédigée au 14e siècle en Amérique, elle aurait eu une tout autre saveur. Et puis, lorsque les Français ont fondé Québec, aurait-elle eu la même ligne directrice que celle écrite par les premières nations? Poussons plus loin la réflexion et imaginons que cette charte eut été écrite par Lord Durham. Le danger avec ce type de document: il pourrait être ni amendé ou révisé avec les années. Pire encore qu’il devienne un dogme dans une réalité diamétralement opposée.
Une société évolue. Parfois lentement, parfois rapidement, elle se lance dans des transformations fondamentales. Mon malaise réside aussi le fait de définir ce qu’est le Québec. Le Québec, c’est grand, très grand. Une province amalgamant la richesse de sa diversité. Une province misant sur l’immigration francophone de plusieurs pays ne peut se payer le luxe de vouloir « standardiser » les valeurs de ses habitants.
Les immigrants ont leur bagage et leurs réalités. Comme les Québécois s’entassant en Floride tout en profitant des avantages sociaux du Québec, ils ont le droit et le réflexe de conserver leur langue, leur culture et leurs valeurs. Être blanc, catholique et francophone ne doit en aucun temps devenir une sorte de droit de définir les valeurs québécoises. Car les valeurs québécoises doivent être autant celles de Mohammed arrivé au Québec il y a plus d’une décennie que celle de Bryan né dans l’Ouest de l’île sans jamais apprendre un
mot de la langue de Molière. L’appel à la majorité est non seulement un sophisme, mais une certitude de laisser une ou plusieurs minorités dans un monde à part.
La région métropolitaine de Montréal déborde de diversité de langues, de cultures, de religions, de coutumes, etc. Pourtant, notre télévision ne couvre pas cette diversité. Croire que la mondialisation économique, la croissance de la population mondiale et l’élimination des barrières se font en restant dans sa réalité démographique passée est non seulement un fantasme, mais un pur délire.
À voir le taux d’inscription des immigrants dans les cours universitaires du soir, je me dis qu’il serait peut-être temps que les Québécois adoptent les valeurs des nouveaux Québécois.
« Vivre et laisser vivre », disait le dicton. Il serait peut-être temps d’abandonner les gestes politiques électoralistes pour se concentrer sur l’urgence d’agir dans d’autres sphères. Je me demande si les BPC sous surveillance ces jours-ci respectent les valeurs québécoises à 2 $.
En fait, je suis persuadé que si Marois lance ce débat maintenant, c’est qu’elle est dans la « schnoutte » (sondages mauvais, déception des « troupes » face aux nombreuses promesses non tenues, problèmes qui ne cessent de s’accumuler suite à des mauvaises décisions (typiques des gouvernements des dernières décennies qui vivent en vase clos entre les agents de marketing et les lobbyistes, etc.).
Et qu’elle a décidé de recouvrir à une recette éprouvée (par Bush et Harper en particulier): La « wedge politics »: Sortir un sujet émotif, où la rationalité n’a guère de chance de s’imposer, pour polariser l’opinion publique. Ce qui permet de faire des gains dans des « clientèles » qui normalement ne voterait pas pour eux. Sans avoir à présenter une analyse poussé, ni à prendre des décisions « difficiles » (grâce à l’appui d’une tranche « pompée » de l’électorat).
Bien sûr, l’effet est de diviser la société et est donc extrêmement destructeur. Mais quand on « joue » en politique et qu’on veut « gagner », qu’importe les moyens et le bien public.
L’important, c’est de gagner. Et la « wedge politics » est une politique facile, peu coûteuse (pour le parti) et promet des gains rapides à court terme.
Les arguments a 5 cents …
Je suis pas pire a rhetorique 101 ….
(1)
« L’appel à la majorité est non seulement un sophisme, mais une certitude de laisser une ou plusieurs minorités dans un monde à part. »
(a)
Votre argument me semble aussi un sophisme egalement. Un espece d’appel a la terreur poche ….
Pourtant certaines d’entre elles (minorites ) comme les juifs assidiques et leur ecoles juives assidiques qui reviennent dans l’actualite pour cause de non conformite … vivent deja dans un monde a part …
Les mariages interconfessionnels sont rarissimes … et meme qu’on ne les encourage pas au sein de la communaute ( on fait des gros yeux …) …. et meme qu’on peut le dire a une emission de grande ecoute comme tout le monde en parle sans trop de mal …
Les petites filles apprennent pas la meme chose que les garcons et les garcons ont un parcours qui fait peu de place a tout ce qui n’est pas religieux et meme au monde exterieur et au reel …
Et donc votre argument si je comprends bien c’est sur qu’ils vont vivre avec certitude dans un monde a part si on vote une charte de la laicite ou une charte des valeurs ?
(b)
J’aime bien la rhetorique et le plus drole c’est que si le gouvernement avait pas une majorite des gens … on lui dirait alors qu’il n’a pas l’appuie d’une majorite, ni la legitimite de faire d’eventuels changements …
Un genre de catch 22 cheap et previsible … qui donne lieux au texte d’Andre pratte ou Dubuc sur le fait qu’une majorite c’est pas l’important …
Au point de vue philosophique oui c’est pas important, mais au niveau politique c’est le coeur de l’affaire …. regardez comment la CAQ se met a danser le rigodon, pis meme le PLQ simule des pas de danse timide ….
J’invite les gens a regarder en plus la formulation des questions de sondage qui precisent meme pas que ca concerne les employes de l’etat. Pour certaines questions de sondage on laisse meme entendre que ca toucherait l’espace publique au complet lui meme ou les usagers de services et sans nuance.
—-
(2)
» Le danger avec ce type de document: il pourrait être ni amendé ou révisé avec les années. Pire encore qu’il devienne un dogme dans une réalité diamétralement opposée. »
Un autre sophisme a mon sens … une pente savonneuse cette fois …
(a)
Il y a quelque chose de tordu a dire on devrait pas voter une loi car on pourrait ne pas la changer si on devait la changer … c’est aussi un argument bizarre qui pourrait s’appliquer a peu pres a toute legislation.
Et puis …
Peut-on voter ce type de document pour en corriger d’autre qu’on aurait voter avant ?
(b)
Car c’est la le fond … ce type de document viendrait a mon sens corriger des anomalies de chartes existentes et des oublies ….
Quand on a fait la charte des droits canadienne on a bien sur penser de bien inscrire dans le preambule la primaute de dieu … qu’on soit bien sur qu’on oublierait pas la primaute de dieu …
Mais dans notre excitation juvenile de mettre la primaute de dieu dans le preambule …. on s’est pas questionner tres longtemps ….
Si on avait donner une place de choix a l’egalite homme-femme ?
Dans notre excitation on a pris soin de metre la liberte d’expression religieuse mais on a oublie de mettre la laicite ou meme simplement d’ecrire en terme convenable la neutralite de l’etat ….
On s’est pas questionne longtemps sur les rapports entre liberte d’expression religieuse et la discrimination envers les femmes ou les homosexuels …
On s’est pas questionne sur la liberte de conscience des enfants et la liberte d’expression religieuse des parent …
(3)
Votre texte nous met dans la posture comme ci cette charte arrivait de nulle part.
En fait elle vient corriger des oublient ou probleme avec les chartes actuelles.
(a)
Des gens evoquent par exemple l’egalite homme-femme comme un fait qu’on retrouverait ici et la … mais ca depend ou on l’inscrit dans une charte et comment ….
Est-ce qu’on donne une valeur interpretative ou nom … on le met dans telle ou telle section ….
Ensuite des gens, dont moi meme, pensent que l’egalite homme-femme devrait toujours l’emporter sur la liberte d’expression religieuse et qui pensent que le sophisme de la pente savonneuse des juristes concernant la hierarchisation des droits est du vent.
(b)
On evoque la laicite ou meme la neutralite de l’etat ( plus faible en passant ) comme un fait mais c’est ecrit nulle part et des juges l’ont meme mentionne dans un recent jugement de court il me semble ….
(4)
Un autre affaire. Certains parle comme ci les valeurs etait une affaire etrangere au droit, aux chartes et a la constitution canadienne et qu’on en viendrait a une espece de truc nouveau avec la charte des valeurs …
Meme si les chartes ou la constitution s’appelle pas charte des valeurs ….
Elles contiennent deja des valeurs … les juges utilisent deja des valeurs …. c’est en filigrame ici et la dans les jugements ….
Mettre tel ou tel droit, l’ecrire de telle ou telle maniere … ca reflete des valeurs …
Par exemple le fait de mettre ou pas certains droits economique et sociaux c’est le reflet de valeur …
Et donc malgre que moi je prefere une charte de la laicite je peux vivre avec une charte dites des valeurs.
(5)
« À voir le taux d’inscription des immigrants dans les cours universitaires du soir, je me dis qu’il serait peut-être temps que les Québécois adoptent les valeurs des nouveaux Québécois. »
Un argument etrange ici …
(a)
Vous voulez en venir ou au fait … avec qu’ils seraient pour certains plus scolarise ?
(b)
Et sur le fond qui immigre ? Bien sur que le Quebec profite d’un exode des cerveaux et qu’il favorise pas l’immigration des drop out …
Et je suis pas sur de ce que ca veut dire sur la societe quebecoise sinon que les cohortes d’immigrants sont un echantillon particulier du pays d’origine ….
Disons que c’est un argument simple pour faire l’auto flagellation … sport au combien la mode …
Avec un peu de chance, à moins que ce ne soit grâce à une dose plus élevée de bon sens de la part de l’électorat québécois, ce pénible et inefficace gouvernement Marois ne sera bientôt plus qu’un mauvais souvenir…
Rarement aura-t-on vu un gouvernement jouer autant la carte de l’opportunisme.
Appuyer sans grand discernement des causes, et peu après reculer devant le tollé occasionné ou en ayant soudain constaté l’impossibilité voire les conséquences indésirables si on insistait pour aller malgré tout de l’avant. Un amalgame de petite politique et de gros populisme.
Déplorer les manquements répétés de ce gouvernement péquiste ne permet néanmoins pas de supposer qu’un éventuel gouvernement caquiste ou encore un retour au pouvoir des Libéraux serait une remise sur rails qui serait sans failles.
Mais – après le navrant épisode qu’aura été le passage du gouvernement Marois – on ne saurait raisonnablement s’attendre qu’à moins pire. Beaucoup moins pire. Ce qui serait toujours ça de pris…
Ce projet relatif aux soi-disant «valeurs québécoises» n’est qu’un écran de fumée.
Une stratégie visant à détourner autant que possible l’attention d’une part importante de l’électorat après presque un an de gestion mal menée, sans vision inspirante ni même basée dans le réalisme de notre situation collective. Que de la gestion de type marketing. Quoique du très mauvais marketing.
Enfin, et heureusement, comme l’a si bien exprimé George Harrison: «All Things Must Pass». Et le plus tôt ce sera le cas concernant le gouvernement Marois, le mieux ce sera pour tout le monde. Y compris pour celles et ceux qui ne seraient pas d’accord avec l’idée que les Péquistes de Pauline Marois soient avant longtemps obligés de céder les rênes de l’État à d’autres qui, en toute vraisemblance, ne pourraient que faire mieux. Sans même trop se forcer.
(Encore un bon billet de votre part, Monsieur McSween. Merci. Et bonne journée!)
« Rarement aura-t-on vu un gouvernement jouer autant la carte de l’opportunisme. »
faux. ce débat était au programme du parti québécois avant les dernières élections. le lancer comme prévu ne peut pas être considéré comme de l’opportunisme.
par contre, le couillard qui change d’idée suite à un sondage qui prouve que la majorité des québécois sont favorables à l’idée de baliser les demandes d’accomodements, ca c’est de l’opportunisme. du vrai.
somme toute, un mauvais commentaire, claude.
Un mauvais commentaire, cher calinours?
Non.
Opportunisme de la part du PQ de Pauline Marois il y a eu avant les élections. Et même beaucoup, si on pense aux casseroles (avec la future première ministre elle-même),sans oublier le port du carré rouge, et ensuite en y allant de ce qui aura été «promis» (par opportunisme) en campagne électorale.
En ce qui concerne M. Couillard, son cas ne m’intéresse pas tellement. Ce nouveau chef est un mauvais choix – à mon avis – qui a été fait par les militants. Mais… bof. Malgré tout, les faux pas répétés du gouvernement Marois compenseront largement pour le mauvais choix de chef des Libéraux. Qui reprendront probablement le pouvoir. Pour cause de vacuum péquiste.
(PS: encore merci pour le PDF, hein? Cela m’a été très utile!)
Encore un texte désolant où on se drape dans le multiculturalisme pour se faire croire qu’on incarne la Vertu…
Il n’y a rien d’intolérant dans le fait qu’une société décide d’établir ses limites. Les débordements surviennent justement quand il n’y a pas de balises clairement définies, pas le contraire.
Les troubles en Europe (outre la France et l’Angleterre, même la Suède a connu des émeutes il y a quelques semaines et l’extrême-droite est en montée partout) ont eu lieu parce qu’il n’y avait nulle part de règles claires. Le gouvernement a donc raison de poser des balises avant que ça explose, plutôt qu’après.
Une fois que les règles du jeu seront claires pour tout le monde, le vivre ensemble sera beaucoup plus difficile à menacer. Pour ce faire, toutefois, il faut cesser ses exaspérantes allusions au racisme où à la xénophobie chaque fois qu’il est question des limites à établir au sein de la société québécoise.
Il est trop tard, monsieur McSween. Le mal est déjà fait, et il est irréversible, quoiqu’on fasse. Cette charte des valeurs nous emporte déjà, tous ce que nous en sommes, pure laine ou immigrants, dans un cauchemar sans fin.
Ce geste mûrement irréfléchi par un gouvernement sans vision autre qu’électorale, cette loi non encore définie mais malfaisante et réductrice par méfiance dans l’esprit québécois commence déjà à s’ériger entre nous et tous les peuples de la terre comme une chape de plomb.
Nous venons de dire « présents », contre les autres religions et les peuples qui les pratiquent sans malice en public et comme seule espérance intouchable contre les dictatures dans leur vie privée.
Un désastre, un virus, celui de l’intolérance, contre lequel nous refusons de nous apercevoir que nous ne sommes pas à l’abri.
Et ça chez un peuple qui se croit déjà souverain sans l’être. Un virus mortel.
Bonne intervention de votre part, Monsieur Bourbonnais.
Vous êtes la preuve qu’il y a encore des gens sensés ici, au Québec. Qui savent que de mauvaises mesures ne sauraient en aucun cas générer de bons résultats.
Le PQ de Pauline Marois tente de détourner l’attention de son minable bilan d’un an de gestion des affaires collectives. Et aiguillant tout le monde vers un sujet où l’émotivité ne peut que primer au détriment de la nécessaire rationalité.
Triste.
le plus déplorable, c’est le viol de la conscience sociale de chacun devant « l’autre », le détournement de la manière propre, naturelle de chacun de questionner l’autre sur ses différences, de s’en approcher librement sans intermédiaire institutionnel, quitte à n’être pas d’accord…et à l’exprimer de personne à personne, sans voile politique ou légal entre nous imposé par l’État.
Ce gouvernement nous imagine trop naïf, trop bête au fond, et s’invente des crises et des guerres identitaires qui nous empêcheront de bien mesurer nos différences face aux immigrants et nous interdira par le fait même de les corriger selon notre entendement libre.
Et comme en France, ce légalisme identitaire ne fera qu’accroître les tensions entre les différentes communautés culturelles , fera peut-être émerger de nouveaux ghettos à Montréal là où il n’y avait qu’une cohabitation fraternelle de peuples divers et engendrera comme en Europe une haine dont on refuse de voir le prix, tous ce que nous en sommes prisonniers d’illusions et de chants patriotiques tout droits sortis du catholicisme obscurantiste de la Grande Noirceur…
Une charte qu’il va falloir combattre avec force, à gauche comme à droite, une obscénité politique et culturelle sans précédent ici dans l’Histoire du Québec.
J’ai l’air pessimiste, j’exagère??? Lisez les journaux européens sur ce sujet. Voyez comme en France, la patrie de Jeanne D’Arc, la seule femme possiblement future présidente de la République est à la tête d’un parti d’extrême droite…et trémoussez-vous devant Marois et sa charte des valeurs québécoises…
Quand je pense à la charte des valeurs québécoises, je pense en premier lieu à cette égalité entre les hommes et les femmes que je crains voir s’étioler si des règles claires ne sont pas écrites clairement. Il faut être aveugle pour ignorer la présence de plus en plus grande de ces dames enveloppées pratiquement entièrement pendant que les conjoints se promènent en short et en sandales…Ce message non verbal est pourtant puissant. Au moins, que l’état interdise cette mascarade dans les positions d’autorité au travail puisqu’il ne peut pas faire davantage. Quant à moi, je préférerais que tous les signes religieux soient interdits au travail , au public comme au privé. Mais je sais que ce ne sera pas possible.
Je soupçonne que certains hommes ne sont pas contre l’inégalité entre les deux sexes. Et je ne parle pas de personnes d’autres origines. Il n’y a qu’à penser à l’Église qui considère que les femmes ne peuvent pas devenir prêtre. Il faut aussi regarder dans notre propre cour pour constater que l’égalité entre les hommes et les femmes n’est pas encore tout-à-fait à point.