La compagnie CAR2GO s’implanterait à Montréal en novembre prochain. Quelle bonne nouvelle d’offrir une possibilité de transport supplémentaire aux Montréalais! Mais coup de théâtre, Denis Coderre, aspirant numéro au poste de maire de Montréal selon les sondages, s’y oppose:
« On oublie l’autopartage. Il y a Communauto. C’est correct. J’envoie un message très clair aux chauffeurs de taxi. On va s’asseoir ensemble, on va travailler enconséquence » (Denis Coderre, 10 octobre 2013).
Le segment « on va s’assoir ensemble et travailler en conséquence » signifie-t-il que nous allons demeurer en position stationnaire pendant que le moteur tourne ? Cette dernière phrase est si creuse, qu’à son écoute, mon corps adapte la pression de mon oreille interne. Je cherche le fonds, mais la pression est trop forte.
Pardon? Un maire qui s’oppose à offrir un service à ses citoyens? Vraiment? Pourtant, Denis Coderre est un libéral, la mairie rime-t-elle avec amnésie? Il semble contradictoire pour un candidat à la mairie de vouloir limiter l’offre de déplacement aux résidents de l’île de Montréal.
Pour justifier sa position, Denis Coderre argumente que cela nuirait à l’industrie du taxi. Et alors? Les piétons aussi nuisent à l’industrie du taxi, les nouvelles lignes de métro aussi. Prendre le Bixi sur une base
annuelle permet de rentabiliser l’abonnement avec seulement 3 ou 4 transports en taxi de moins par année. Et si l’industrie du taxi était vouée à disparaître ou à réduire son offre sur l’île? Donc, on pénaliserait des milliers de Montréalais pour s’assurer le vote des propriétaires de taxi? Suis-je le seul à sourciller? Vous avez raison, M. Coderre, arrêtons tout de suite de tenter de regarder vers l’avenir, on est tellement bien dans le passé. Qui veut un Twist Shandy ? C’est ma tournée !
On veut désengorger Montréal et réduire les émissions de particules polluantes dans l’air? CAR2GO fait partie de la solution. Ce service évitera à plusieurs familles d’acquérir une voiture, tout comme le fait Communauto, sur une base différente de tarification. CAR2GO, c’est un complément occasionnel du citoyen adepte des transports en commun. Louer une voiture à l’utilisation est non seulement logique, mais cela permet enfin de payer seulement pour le temps d’utilisation. La voiture est un moyen de transport très dispendieux. Implanter CAR2GO, c’est offrir la possibilité d’utiliser une voiture aux citoyens n’ayant pas les moyens de supporter les coûts fixes et les coûts de financement liés à la propriété d’une voiture.
D’ailleurs, sur le site « Équipe Denis Coderre », on peut lire :
« Pour chaque secteur et quartier de la ville, nous favoriserons un «cocktail transport» adapté aux besoins de déplacement. Ce «cocktail» représente une combinaison intelligente de moyens de transport diversifiés(voiture, transport collectif et actif, taxi, piétonnisation, autopartage, vélo-partage, etc.) qui peuvent grandement simplifier les problèmes de déplacement. ».
Ici, je ne veux pas souligner la présence du trait d’union du mot, mais bien le fait que Denis Coderre fait la promotion de l’autopartage dans son « cocktail ». Il semble qu’il ait oublié de dire qu’il était allergique à un ingrédient lorsqu’il a commandé son verre. Pourtant, c’était bien indiqué sur le menu que Monsieur Coderre a lui-même proposé. Étrange non?
Désolé, Monsieur Coderre, un libéral comme vous devrait encourager ce genre de service. Un maire doit travailler pour ses citoyens, pas pour protéger un lobby déjà protégé par un système de quotas. Donc, c’était la chefferie ou la mairie n’est-ce pas? Peu importe, l’important c’est d’aller serrer des mains semble-t-il.
C’est là qu’on voit que les politiciens de carrière tiennent un beau discours plein de belles promesses.
Mais que quand il est question d’arriver avec des propositions concrètes, le lobbyisme prend le dessus. Et que ces promesses n’existent en fait que pour gagner des votes, pas parce qu’elles font vraiment partie d’une véritable vision
Laquelle n’existant en fait pas, ces politiciens considérant que leur programme consiste à prendre le pouvoir. Après, bof, on agira selon les groupes de pression (les seuls qui comptent, les citoyens étant remplacés par des électeurs-contribuables).
J’ai rien contre un concurrent à Communauto. Mais ça signifie l’arrivée d’une autre bannière anglophone.
Cette fois, votre intervention me laisse un peu perplexe, Monsieur McSween. J’y décèle une certaine animosité à l’égard du candidat à la mairie Denis Coderre…
Pourtant, ce vieux routier de la politique – malgré ses expressions souvent creuses et son gros bagage d’imprécisions, typique de la plupart des politiciens de carrière – eh bien ce vieux routier n’a rien dit de particulièrement choquant. Il compte s’asseoir avec «je-n’ai-pas-vraiment-compris-trop-qui» et évaluer la situation relative aux offres de services en matière de transport.
A-t-il évacué avant même de s’asseoir une éventuelle participation du concurrent allemand Car2go comme vous paraissez l’affirmer? Ou ne s’est-il que montré réticent à applaudir l’arrivée d’une compétition à Communauto, avant de s’être assis avec les divers acteurs du secteur du transport à Montréal, dont les incontournables taxis?
Une approche prudente me semble en fait de mise. Que cela s’exprime de manière maladroite ou habile est bien secondaire.
Quel impact l’arrivée de Car2go aura-t-il sur l’offre de service de Communauto, l’un et l’autre opérant dans exactement le même créneau? N’y a-t-il pas là un risque d’étranglement dans ce marché? Dont Communauto ferait alors plus vraisemblablement les frais que Car2go (affilié à Daimler et implanté dans divers pays)?
Je n’ai personnellement pas de réponses aux questionnements pouvant être soulevés relativement au transport de personnes sur l’île. Néanmoins, je préfère un politicien – si obtus puisse-t-il être le cas échéant… – qui dit qu’il va prendre le temps de considérer une problématique à toute approche plus populiste consistant à spontanément accueillir à bras ouverts un potentiel Cheval de Troie dans la ville!
Cela dit, j’ose enfin espérer que vous ne préférez surtout pas l’éventuel gouffre financier et vraisemblablement inefficace, voire même nuisible, projet du candidat Richard Bergeron de – comme le précise textuellement son programme – «Mettre en place un réseau de tramway pour faciliter les déplacements».
Parce que les plus probables «déplacements» que susciterait ce réseau de tramway, coûts et nuisances s’accumulant rapidement, seraient les «déplacements» vers les banlieues de citoyens montréalais excédés par les taxes municipales à la hausse et les embouteillages quotidiens allant en empirant.
Le candidat Denis Coderre n’est certes pas une merveille… loin de là. Par contre, ses concurrents pour la mairie n’ont rien d’épatant non plus. Bien au contraire en fait.
Ce 3 novembre, nous serons donc appelés à voter non pas pour le meilleur candidat en lice mais plutôt pour… le moins pire. Hélas.
Coderre essaie seulement de s’attirer les votes des chauffeurs de taxi.
La majorité sont des immigrants.
Donc l’équation est facile à faire.
Coderre – Libéraux – Immigrants.