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Les analphabètes des études supérieures

Je l’avoue, depuis quelque temps, mes yeux s’abîment. Les fautes d’orthographe, d’accord, de syntaxe ou de conjugaison les font saigner. Celles-ci sont nombreuses et se multiplient dans mon univers. Des fautes, nous en faisons tous. Avec la vitesse des réseaux sociaux, il m’arrive d’en faire. Heureusement, Facebook nous permet parfois de nous corriger, mais dans ma tête, j’ai un certain sentiment de honte lorsque cela se produit. Pour certains, cela peut paraître banal, mais la qualité de la langue écrite et parlée, c’est aussi le reflet d’une société.

Ma langue écrite, je l’ai apprise à l’ancienne : dictées, exercices, rédactions, copies de textes, apprentissages de listes de mots, etc. Je me rappelle toutes ces années où mes enseignantes (les hommes étaient rares dans l’enseignement de la langue de Molière) nous faisaient encercler les compléments d’objet direct, souligner les subordonnées conjonctives, relier les verbes aux pronoms à l’aide d’une flèche, etc. À force de répétitions, la mécanique de la langue s’est incrustée dans l’ensemble de mes réflexes de rédaction.

Les étudiants de la réforme ont-ils les mêmes réflexes? Je ne sais pas. Mais, nous sommes forcés d’admettre de multiples changements dans leur réalité par rapport à celle des générations précédentes :

1) Les textes sont souvent écrits numériquement de nos jours. En fait, aux études supérieures, c’est une obligation. Ainsi, faire un brouillon, le corriger et le rédiger dans une copie finale relèvent d’une autre époque. L’étudiant n’a plus l’obligation de travailler son texte. Il peut simplement imprimer sa première version. Cela se fait souvent sans relecture.

2) Les étudiants développent une langue parallèle : celle des messages en format texte. À force d’écrire des mots dans une forme plus courte et incorrecte sur leur téléphone mobile, ils finissent par calquer cette façon de faire dans les autres situations.

3) Certains étudiants avouent candidement ne jamais avoir fait de dictée au secondaire. La réforme avec ses nouvelles méthodes pédagogiques a fait ses preuves semble-t-il.

4) Les correcteurs automatiques permettent de ne plus connaître les mots. L’effort de chercher dans le dictionnaire est, pour certains étudiants, une logique de l’époque de la règle à calculer. Pourtant, la langue, c’est à force de recherches, de répétitions et de visualisations qu’on finit par la maîtriser. Sans l’écrire à la perfection, cela permet d’en avoir une connaissance de base adéquate.

Voici quelques perles retrouvées dans des textes ou communications d’étudiants postsecondaires:
1. « Quesse qui arrive […]
2. « Cela augmente la paprace […]»
3. « Bonne soirer […] »
4. « En fessant la même procédure que l’an dernier […] »
5. « Chu pas certain de cette affirmation […] »

J’explique fréquemment aux étudiants que la qualité de la langue fait partie de leur professionnalisme. Plus tard, peu importe l’emploi, ils devront avoir une maitrise minimale de celle-ci. On en doute? La personne responsable de la publicité pour Pétro-Canada aura sûrement sa leçon. Un de mes anciens étudiants a publié cette photo sur Facebook ce matin : une image vaut mille mots ! Quelqu’un perdra-t-il son emploi ce matin? L’OQLF devrait s’en mêler…

Faute

Mais, réjouissons-nous, les taux de réussite s’améliorent…