Les Québécois lisent moins qu’avant. Dans toute la discussion sur le projet de loi du gouvernement, la réalité semble décevante, mais les Québécois ne lisent plus. Lorsque j’enseigne au cégep et à l’université, j’ai le même constat chaque année : la capacité à comprendre un texte est limitée pour plusieurs. Lire à voix haute est même pour certains une séance d’humiliation publique. Alors, lorsqu’on tente de sauver des commerces en mettant un prix plancher au livre, je me demande qui l’on aide réellement. Le consommateur ou le commerçant? Le gouvernement veut-il encourager la lecture ou sauver un commerce ?
Commençons par la logique économique : une hausse des prix diminue la quantité demandée. Et non, l’offre ne génère pas de la demande. Si l’on offre un produit à un prix trop élevé pour la valeur donnée par le consommateur, ce dernier se nourrira d’un produit substitut. Mais, voilà, dans notre grande vertu, le livre n’est pas un produit, c’est de l’art. C’est de la création : de la culture. Oui, le livre n’est pas un bol en plastique ou une casserole, mais il demeure un outil à plusieurs volets. Le livre pourrait être défini comme un outil de divertissement, un outil d’apprentissage ou de référence.
Mais, le livre tel qu’on le connaît est un support. Le contenu (le roman, le livre de recettes, l’atlas, le dictionnaire, etc.) pourrait avoir une forme totalement différente. Mais, dans notre nostalgie collective, nous attribuons une valeur sentimentale au livre papier. Il est mis sur un piédestal, comme la source d’une valeur aux intérêts supérieurs. Les libraires sont en train de vivre le même deuil que les disquaires. Le monde change, il faut s’adapter ou mourir. La résistance au changement apporte des conclusions négatives : le frein à l’adaptation ou une adaptation tardive. Les libraires font commerce, l’industrie se meurt. En faisant une analyse externe, on comprend que les libraires devront devenir autre chose. Pourquoi pas un café où l’on vend des livres numériques ou sous un format papier? Pourquoi ne pas offrir une expérience client différente? Outre les conseils d’un libraire, la valeur ajoutée se dilue tranquillement. De plus, avec différents sites web, un consommateur peut obtenir l’information qu’il désire à l’extérieur des murs d’un commerçant de livre. Mais, il y a le contact humain! Bien sûr, mais combien cela vaut-il pour le consommateur?
Les grands consommateurs de livres se valorisent en partie par ceux-ci. Entrer chez un érudit de la lecture revient à entrer dans un temple littéraire ou l’ensemble d’une vie culturelle est parfois « confiturée » sur de multiples bibliothèques. Il fait partie des derniers résistants à une époque révolue. Pour une grande partie de la population, le livre voyage, se partage et se donne. Il fait partie d’un achat commun, comme celui d’un film par exemple. Sale capitaliste vous direz? Non, le film aussi est de l’art, il coûte simplement plus cher à produire et demande moins d’efforts à consommer. Toutefois, ce dernier ne permet pas le développement de l’imaginaire de la même façon.
Nous sommes dans une période de transition. Voilà un débat très émotif pour plusieurs, mais la réalité nous rattrape. Tout comme les petites épiceries de quartier disparaissant les unes après les autres, le libraire deviendra de plus en plus un marché de niche. Y a-t-il de la place pour des petits libraires spécialisés dans notre société actuelle? Bien sûr, mais en plus petit nombre. D’ailleurs, pourquoi ceux-ci ne se regrouperaient-ils pas pour faire face à la concurrence? Je suis un amant de la lecture, de l’écriture et de la littérature. J’ai une admiration sans bornes pour les auteurs, écrivains, scénaristes, etc. Par contre, je suis aussi un consommateur qui ne comprend pas les mécanismes de défense ne faisant que prolonger l’agonie d’une industrie en redéfinition.
Le gouvernement du Québec a décidé de mettre l’industrie sur la morphine pour apaiser ses souffrances ? D’accord, c’est un choix. Par contre, celle-ci serait peut-être mieux d’avoir les idées claires et de redéfinir son modèle d’affaires avant que son cœur ne cesse de battre. Et à ce moment, aucun prix plancher ou rabais limité ne pourra servir de défibrillateur.
Il faudrait que le ministre Maka Kotto lise — sur papier ou en numérique — l’histoire récente de la méga devenu moins méga entreprise Kodak, qui a carrément manqué le bateau de la photographie numérique! Ce n’était évidemment pas inéluctable! Ainsi va le progrès, mais il y en aura toujours qui manqueront le bateau: malheureusement, ce sera toujours le dernier! En passant, la meilleure caméra analogique jamais construite, la F6 de Nikon, n’a pratiquement jamais servi, mais la compagnie et bien d’autres qui n’étaient même pas dans le domaine de la photo ont su tirer leur épingle du jeu, avec la vision nécessaire!
Juste souligner une petite erreur. La logique économique veut qu’une hausse des prix n’influence en rien la demande pour un bien. Les prix influencent la quantité demandée. La demande, elle, est toujours exactement la même.
En économie, on dit la demande… mais effectivement, pour les puristes, on dit quantité demandée 😉
Des reamrques en passant …
« Nous sommes dans une période de transition. Voilà un débat très émotif pour plusieurs, mais la réalité nous rattrape. »
Je vais justement traiter du reel … car je pense aussi que beaucoup de monde parle justement pas de la realite …
(-2)
Pour l’emotion j’aimerais faire la remarque la proposition est de limite les rabais a 10% pour les 9 premier mois ….
Ceux qui sont dans l’emotion c’est ceux qui essaie de nous faire pleurer sur le sort du vrai monde, qui travaille fort et qui pourront pu lire ….
(-1)
« Nous sommes dans une période de transition »
« prolonger l’agonie d’une industrie en redéfinition »
Mais il y a le proverbe chinois qui dit qu’il faut faire attention a ce que l’on souhaite.
Pas evident ce qui va sortir ….
Pour aller dans des librairies dans plusieurs pays dans le monde …. probablement plusieurs dans chaque ville que je visite …. parfois je vois des librairies attrayantes de l’exterieur … qui servent cafe … biere …. avec beaucoup de style … bien situe … et qui donne l’impression d’avoir une offre interessante, mais quand on regarde de plus pres … c’est a peine mieux qu’un magasin grande surface ….
Je pense que certaines personne ont meme pas l’intelleligence de voir que l’offre est reduite quand on les met dans ce contexte la …. un peut comme un poisson dans un bocal …
(0)
« Commençons par la logique économique : une hausse des prix diminue la quantité demandée »
(a)
Je veux bien mais juste une remarque sur la logique economique et les experts tartanpions d’economie …
Il me semble que lorsqu’on evoque certains magasins a grande surface et les rabais, on est plus pres d’une guerre de prix et de « dumping » que d’autre chose.
C’est plus une anomalie d’une economie de marche.
comment peut-on me parler de logique economique et meme pas reconnaitre ca ?
(b)
La gamique on la comprend … on fait de l’argent avec d’autres conneries qu’on vend ce qui permet de baisser les prix strategiquement de d’autres produits ou on a de la concurrence …
A nouveau c’est une anomalie economique ….
(c)
Bien beau evoquer la logique economique, mais c’est pas evident que le monde spontanement financerait les universites ou certains domaines ….
Je pense que parfois on doit proteger le monde d’eux meme … le reel c’est ca.
(d)
Ici on evoque la quantite ….
Mais il me semble qu’on devrait parler de diversite et c’est de ca qui est le coeur du sujet.
Pour moi c’est clair que si on doit rendre plus difficile l’acces a certaines personnes pour acheter certains livres dans des grandes surfaces pour favoriser la diversite de l’offre je choisis ca et je l’assume.
—–
(1)
On evoque par exemple le cout des livres pour une famille ….
le reel
(a) le temps est limite …
(b) meme si on est un rapide … la cadence de lecture est limite aussi …
(c)
Je suis un grand lecteur et je pense que comme beaucoup de gens … on se rend compte a la fin de l’annee
que le nombre de livre total est pas si extravaguant …
(d)
le nombre de grand lecteur est limite …
Ceux qui serait des grands lecteurs potentiels … ont souvent des obligations professionnelles ou ils doivent deja lire, pas trop de temps et c’est pas evident donc de le faire au final….
(e)
Et donc pour en revenir a joblo ou monsieur chose … dans le reel combien de livre il peut vraiment esperer livre dans une semaine ou une annee ?
Si je lui pogne Anna karenine et 3-4 gros livres de la collection folio classique ( avec 800 pages ) pour parfois un prix avoisinant le 10-12$ …. je pense que je viens de booker ses soirees lectures pour un bout … peut etre des annees … et peut etre bien qu’il ira jamais au bout ….
(f)
Et donc dans le reel si on peut consommer de la musique, du film en quantite importante car c’est facile
tu pars la patente et ca joue tout seul …
et que ca revient cher …
Lire c’est moins automatique et plus difficile et a moins de prendre des livres illustres dispendieux …
C’est abordable meme quand on est motive.
(g)
Pis pour les quelques fanatiques qui lisent en quantite enorme et achete au point que ca devient trop cher … il y a les bibliotheques ….
Pis au pire pour eux … c’est de se dire qu’il y a des dependances pires …. et que c’est moins epais que d’acheter des biblots de chats en grande quantite ….
—-
(2)
J’entends du monde dire que le monde change qu’il y a amazon ….
(a)
Question aux finfin …
Bien beau amazon …. mais comment trouver un livre que je connais pas deja ?
Bien sur je peux voir les critiques …. m’informer ici et la sur le net …. par contre il me semble que l’experience d’une librairie avec une bonne offre c’est different.
(b)
Quand j’entre dans une librairie …. les livres sont devant moi …. livres d’histoire ici , livre de vulgarisation … livre d’histoire …
Ca permet de prendre des livres que je prendrais pas autrement ou qui sont moins connus et c’est pas vrai qu’amazon fait ce travail la ….
—-
(3)
L’ostie de livre electronique …
On en voit autour du monde qui disent qu’ils ont des centaines ou meme millier de livres dans leur truc electronique …
Mais sur le fond combien de livre on peut meme lire meme dans une vie ….
A moins d’etre lecteur compulsif ou de travailler dans le domaine du livre …. de botcher la lecture et rien avoir d’autre a faire ….
Je pense que bien du monde surrestime leur capacite de lecture ….
Je pense que bien du monde traine sur eux un truc qui pourrait en theorie contenir des milliers et des milliers de livre mais qui en lisent plus ou moins ….
(4)
Note: Je vais aussi sur amazon pour acheter des livres … c’est effectivement un lieu interessant … en particulier pour des livres specialises ….
Note: Pour le numerique … j’aime bien avoir des articles en format numerique, car je peux pas trainer des milliers d’article sur moi …
Et que oui ca peut arriver au cours d’une meme journee dans consulter des dizaines …. alors que c’est rare de lire plus d’un livre dans une meme journee …
(5)
« Sale capitaliste vous direz? Non, le film aussi est de l’art »
Si un jour on trouve la meme uniformite dans le livre que dans les films disons que ca sera un jour triste …
À la fin de votre théorème, il serait bien d’avoir une conclusion claire et synthétique.
Parce que vous vous êtes tapé tout ça, véritable salmigondis déphasé de tout comme d’habitude, Monsieur McSween?
Brave homme que vous êtes!
« véritable salmigondis déphasé de tout comme d’habitude, »
Ca amene bien sur le debat sur le fond …
Mais @Claude …
Que le blogueur nous parle donc du fond … et du phenomene de dumping de certains grande surface …
Que le blogueur nous parle donc de diversite plutot que simplement quantite ou de niaiserie comme servir du café …
Et @Claude …. parle nous donc des enjeux entourant le livre … mais le fond ca t’interesse rarement il me semble.
@ian
l’échafaudage de claude ne résisterait pas à quelqu’ incursion que ce soit vers le fond des choses ian. un souffle suffit la plupart du temps.
@claude perrier
claude! pourquoi ne pas commenter sur le sujet du jour, plutôt que d’attaquer lâchement le bon ian? moi je crois que de limiter les rabais que peut offrir wallmard sur les best-sellers aidera la librairie olivieri à survivre. n’es-tu pas d’accord claude?
Bonjour,
Je connais très peu l’économie en tant que discipline.
Je me demande si en économie vous concevez que certains domaines puissent échapper à une logique économique (ou devraient y échapper, mais cela est une autre question). En lisant vos deux derniers textes, j’ai l’impression que vous postulez que tous les faits du monde peuvent s’interpréter, s’expliquer ou se traduire (« expérience client », « changement de modèle d’affaire », etc.) en termes économiques. Est-ce que je me trompe?
Tout notre monde est un système d’échanges. Votre libraire fait commerce, il vend des livres… Alors oui, on peut parler d’économie… d’offre et de demande…
La télévision, la radio, le web, les journaux: leur valeur est basée sur le nombre de clients… Alors oui, on peut parler d’économie… d’offre et de demande…
Notre monde est un concept d’offre et de demande. À moins de vivre dans un monde imaginaire, tout est une question de ce que l’on offre par rapport à ce que l’on demande.
Ainsi, même les relations amoureuses pourraient être définies économiquement. Non pas monétairement, mais économiquement.
En somme, n’y voyez pas une logique réductrice de ma part, mais bien le résultat d’observations de faits réels.
Merci pour votre réponse. Il me semble quand même réducteur de tout exprimer selon ce modèle. Pas besoin de vivre dans un monde imaginaire pour trouver que les relations parents-enfants, par exemple, ne fonctionnent pas selon l’offre et la demande.
@Pierre-Yves
(a)
Je pense avoir ete clair, si on se donne la peine de lire. Il y a plusieurs aspects qui interpellent directement votre propos, les aspects (-2) et (0) particulierement …. sur l’emotion et la logique economique. Mais ici c’est la rhetorique habituelle … a une deconstruction systematique d’un propos … on repond par depit une generalite ….
Par exemple en (0) …. je vous dit qu’il y a un phenomene de dumping qui est manifeste et que vous evoquez meme pas dans votre texte.
Dans votre texte on me parle de quantite, mais on effleure meme pas l’idee de diversite et de l’offre de livres.
Vous dites par exemple superficiellement …
« Pourquoi pas un café où l’on vend des livres numériques ou sous un format papier? Pourquoi ne pas offrir une expérience client différente? »
Comme ci les enjeux se resumait a ca. Je vous en parle justement en (1).
(b)
« À la fin de votre théorème, il serait bien d’avoir une conclusion claire et synthétique. »
Pour une conclusion claire et synthetique qui s’applique a un paquet de monde ….
J’ai dit …
« Je pense que certaines personne ont meme pas l’intelligence de voir que l’offre est reduite quand on les met dans ce contexte la…. un peut comme un poisson dans un bocal… »
C’est tu assez clair et synthetique pour vous ?
Soit. Le fond. Monsieur McSween a raison.
Ainsi, la brave Madame Tartempion qui sort faire des achats chez Walmart ou son voisin d’en face Monsieur Crésus qui parcourt les allées de Costco, eh bien ni l’une ni l’autre ne fréquentent de petites librairies. Mme Tartempion, ça ne l’intéresse pas et M. Crésus, il n’a de toute façon pas le temps compte tenu de son horaire surchargé.
Et puis aucun des deux ne lit beaucoup. Des recettes ou des colonnes de chiffres, surtout, selon le cas.
En empêchant que des livres de type «populaire», donc pas de la grande littérature, puissent être offerts à rabais par quelques commerçants comme c’est actuellement le cas, ni Mme Tartempion ni M. Crésus n’en ramasseront un exemplaire. Et n’iront pas davantage par la suite chez un petit libraire.
D’ailleurs, la véritable concurrence, la menace grandissante, c’est le magasinage en ligne. Avec livraison à domicile.
C’est bien sûr regrettable, mais le petit libraire (et probablement par la suite le moins petit libraire) va bientôt rejoindre le forgeron et plusieurs autres vaillants artisans d’une époque désormais révolue ou sur le point de l’être. La salle des oubliettes se fait de plus en plus bondée.
@Claude
C’est toujours mieux de s’inscrire dans le reel.
(1)
« En empêchant que des livres de type «populaire», donc pas de la grande littérature, puissent être offerts à rabais par quelques commerçants comme c’est actuellement le cas »
(a)
On empeche pas les rabais … la legislation limiterait les rabais a 10% durant les 9 premier mois …
(b)
Madame Tartanpioni peut beneficier d’un rabais …. seulement on limite le phenomene de dumping … c’est different ….
(c)
Madame Tartanpion peut aussi attendre 9 mois ou meme prendre des livres qui ont 9 mois sur lesquels il y a aucune contrainte …. on evoque justement des livres de recette rien qui justifie un achat immediat ….
Le dernier roman – Prix Nobel , disons – est vendu par le libraire indépendant 30$ et par Costco 21$ ,
Assumons que les deux entreprises achètent ce livre au même coût soit 18 $ .
Le libraire planifie un profit brut de 12 $, soit 40 %, Costco, planifie un profit brut de 3 $ soit 14 % .
The name of the game : qui pourrait être expliqué par notre prof des HEC et c.a. de formation s’appelle le :
GMROI : gross margin return on inventory
Le libraire obtient un taux de rotation de son inventaire de 2 alors que Costco réalise un taux de rotation de 10
Le GMROI du libraire : 40 X2 = 80
le GMROI de Costco : 14 X 10 =140
et -pour faire suite- lire le texte de Foglia dans La Presse de ce matin, samedi
J’ai demeuré 10 ans au Carré St-Louis . Depuis bientôt 10 ans , nous sommes à Sainte-Julie .
À l’époque, j’allais régulièrement chez Françoise, la patronne de La Librairie du Square .
Aujourd’hui, je suis collé sur Costco de Boucherville..
La différence au point de vue de LECTURE :
Au Square, je retrouvais » À la recherche du temps perdu ‘ Menaud, Maitre-draveur , » le dernier de Christian.Bobin et l’avant dernier de Jean d’Ormesson .
Chez Costco, je peux obtenir ‘ L’histoire du Québec pour les nuls ‘ de l’excellent historien Eric Bédard à un prix de 30 % inférieur à celui du Square .
Protéger les prix pour une période prédéterminée permettrait peut-être à la Librairie du Square de vendre plus de copies du livre de Bédard .
Ce qui permettrait un différent GMROI
: celui du Square 40X3 =120
et celui de Costco 14X9 = 126
Comme disait mon voisin : » c’est mieux qu’une tape sur la margoulette «
comme c’est un écrivain en « or » D’Ormesson » s’écrit avec un r
Le GMROI de Costco serait peut-être :16X9 = 144
À mon avis – et cela après beaucoup de réflexion et aussi après avoir lu ou entendu ici et là des opinions songées, des analyses et commentaires spontanés de tas de gens – une politique du prix réglementé (même ne restreignant que momentanément le pourcentage de rabais autorisé) n’aiderait en aucune façon le milieu du livre.
La fréquentation de petites librairies n’augmentera pas, car celles et ceux qui n’y vont pas actuellement n’y iront pas davantage. Ce que font Mme Tartempion et M. Crésus lors d’une visite chez Walmart ou chez Costco, c’est impulsif.
Un livre (roman à l’eau de rose, croissance personnelle ou autre truc de type populaire) se trouve là, pas loin d’une compilation de succès de Céline Dion ou de Madonna et hop… un exemplaire dans le chariot. Parmi les mouchoirs, produits détachants, beurre d’arachide et Nesquik format familial de 2 litres et, d’une allée à l’autre on ramasse de ci et de ça encore pour… finalement aboutir à une caisse.
En essayant alors de bien évaluer laquelle des files d’attente aux diverses caisses sera la moins longue à se taper.
Si le livre ramassé par Mme Tartempion ou par M. Crésus n’avait pas été là, ni Mme Tartempion ni M. Crésus ne seraient par la suite allé ailleurs à sa recherche. Ce type d’achat se fait spontanément. Pas d’occasion? Pas d’achat.
Résultat net: diminution du volume des ventes de livres. Aucun gain pour les petits libraires. Et pas du tout bon pour favoriser un peu de lecture chez les Tartempion et Crésus de ce monde. Peu importe ce que ces personnes lisent. Lorsqu’elles lisent…
Il faut hélas se résigner à tourner la page. Les vaillants petits libraires arrivent au bout de leur parcours.
Enfin, le moment est venu d’explorer des avenues plus aptes à favoriser la lecture. Veiller à rehausser la qualité de l’enseignement de la langue serait certainement une meilleure mesure que l’approche déficiente préconisée par une politique du prix réglementé. Valoriser plutôt que légiférer.
excellents commentaires
Merci, M. Graton!
pire encore
cette loi forcerait les petites maisons d’édition à fuir les librairies indépendantes pour concentrer toutes leurs énergies dans le numérique
Et là ce serait l’enfer pour elles et les écrivains émergents obligés de se battre sur la Toile contre les grands éditeurs et leurs gros vendeurs, qui n’en cèderaient pas une ligne…
Dans toute cette histoire de livres dans les grandes surfaces, on oublie que chez Costco, le salaire moyen du client est supérieur à celui qui fréquente WallMart. (Et peut-être aussi son niveau de scolarité, ce qui est probablement aussi une variable à considérer pour le nombre de clients lecteurs.)
Les éditeurs, pour être sur les tablettes de Costco, doivent consentir un rabais plus important. Avec le prix unique, il ne pourra plus être aussi élevé. Ce n’est pas seulement les librairies indépendantes qui risque de mieux s’en tirer avec le prix unique, mais aussi d’autres acteurs de la chaîne du livre, comme les éditeurs et iles distributeurs. À court terme, du moins.
Cela dit, le client type des grandes surfaces y va pour espérer économiser. Même si celui de Costco a un salaire supérieur à la moyenne. Ce dernier rechignera sans doute moins à acheter quand même ses livres chez Costco, car ils seront 10% moins chers qu’en librairies.
Et dans tout ce débat de l’accès aux livres, on ne mentionne pas non plus le rôle des bibliothèques. Elles existent encore, vous savez. On peut même y emprunter des livres électroniques.
Monsieur Émard, vous touchez un bon point sur la gratuité de l’emprunt et du partage du livre. Les livres sont probablement le divertissement le plus accessible, puisqu’il est possible de les consommer gratuitement.
Le projet de loi sur les livres du gouvernement Marois est une bonne initiative.Il faut surtout dire que c’est le parti de Québec Solidaire qui en a fait une priorité et a forcé le gouvernement Marois a créer une loi.
Je souhaite que ce projet de loi soit adopté le plus vite possible ,les librairies du Québec sont mourantes,nous ne pouvons pas nous permettre d’attendre encore des mois et des mois…
En attendant ,je vous propose d’acheter au moins un livre dans une librairie pour offrir en cadeau pour le temps des fêtes.
Ce projet de loi serait une «bonne initiative», Monsieur Lacroix?
En quoi favoriserait-il la lecture, ou la fréquentation accrue des petites librairies? Permettrait-il d’améliorer le niveau de langue, de rehausser le «parler populaire», ou apporterait-il un autre bénéfice non-décelé dont vous auriez connaissance?
Niveler le coût vers le haut, ça aiderait?
À moins que Mme Tartempion et que M. Crésus ne se ruent vers les petites librairies, là où ni l’une ni l’autre ne vont jamais, le seul effet mesurable (qu’entraînerait très vraisemblablement une politique de prix unique revu à la hausse) serait une diminution du volume de vente des livres.
Les achats spontanés – là où de bons rabais (sur des titres populaires) sont actuellement offerts mais ne pourront plus l’être autant – chuteront. Et les petits libraires ne récolteront même pas des miettes.
Et puis, il y a des mots tels que «l’enfer est pavé de bonnes intentions» ou «visa le noir tua le blanc» qui s’accordent mieux avec les effets pervers prévisibles de cette «bonne initiative», comme vous la qualifiez Monsieur Lacroix. Donc, un projet de loi qui serait davantage nuisible que bénéfique à la cause que l’on prétend pourtant défendre…
À mon avis, du moins. Ainsi que selon ce qu’ont fait valoir plusieurs intervenants du milieu du livre et aussi des analystes et observateurs informés.
Mais si vous disposez d’informations privilégiées qui nous auraient échappé, faites-nous en part Monsieur Lacroix. Car le véritable but ici n’est pas pour quiconque en particulier d’avoir raison, relativement à cette question. Le seul but qui importe, c’est de bien faire.
André Laurendeau, qui était éditorialiste au quotidien Le Devoir -avait une approche qui me rappelait les Jésuites au collège Ste-Marie :
il répondait à une question par une question .
Nos profs à Ste-Marie ne possédaient pas la vérité et nous forçaient à nous remettre en question.
Approche intéressante qui génère une notion qu’on oublie souvent :
être nuancé et ne pas parler ex cathedra
je fréquente toutes sortes de librairies, les indépendantes comme les « de grande surface ».
Je suis mon propre libraire, n’en déplaise, et il m’arrive d’aller revendre dans des librairies d’échange des bouquins achetés à prix fort dans les librairies classiques.
C’est mon effort de partage à moindre prix, avec le livre, comme le cœur, sur la main.
J’en tire un maigre profit, celui du noble commerce du livre, au fait, celui dont je suis le plus fier.
Une suggestion, pour finir (je m’en va jouer dans la neige!!): pourquoi pas une librairie indépendante à côté d’une quincaillerie dans chaque centre d’achat?? J’y vois là la possibilité d’échanges illimités d’outils en tous genres entre ces deux commerces de proximité, profitables aux deux, chez nos esprits curieux qui vont y rêver, quand on sait que la main qui construit des maisons est la même qui est capable d’écrire sur des sujets divers, des plus futiles aux plus essentiels.
Monsieur Claude Perrier,je ne dis pas que ce projet de loi va tout régler.Mais c’est un pas dans la bonne direction.Aussi ,il faudrait abolir les taxes sur les livres.Pour ce qui est de Crésus et Tartempion qui ne vont jamais dans les librairies,peut-être que les journalistes devraient parler plus souvent de l’importance des librairies .