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Prendre l’électeur pour un illettré… encore

Les publicités et annonces des partis politiques passent parfois comme du beurre dans la poêle dans le cerveau de l’électeur. En aiguisant son sens critique, on devient allergique aux doreurs d’images et au vide électoral. L’électeur a le droit de ne pas suivre dogmatiquement les idées d’un parti. Dans une tentative d’objectivité, il tente de soutenir non plus un parti ou un autre, mais davantage des décisions. Puis, il se fait servir des informations toutes cuisinées et formatées. Il se dit alors: me prend-t-on pour un illettré ?

Exemple 1: Le faux dilemme de Pauline Marois

 

Voici un bel exemple de faux dilemme à présenter aux étudiants dans l’apprentissage des sophismes. Cela me rappelle drôlement la cigale et la fourmi. L’affirmation de la Première ministre ressemblerait à celle d’une cigale :

« Nous avions le choix entre chanter et travailler. Moi, j’ai choisi de chanter! » – La cigale

Comment une première Ministre peut-être vivre dans le déni des finances publiques ? Le mur arrive, mais on dépense. On saupoudre des dollars, un peu partout… On bénit le veau d’or! Du pain et des jeux svp ! Le chef d’État ne peut se permettre de faire croire à la population qu’elle a le choix entre les responsabilités et le confort.

Exemple 2: Présenter le mauvais indicateur de performance

 

Outre le fait que l’on soit incapable de ne pas couper les mots pour présenter son idée en 140 caractères, il y a une présentation biaisée de la réalité.

Que l’on dise que les Québécois bénéficieront de 50 % des permis et de 60 % des bénéfices, cela veut dire quoi exactement ? Si les bénéfices sont nuls, les Québécois ne toucheront donc rien ? Est-ce que le Parti Québécois a pensé à définir comment seraient calculés les bénéfices ?

Ce qui est le plus choquant de cette annonce d’investissement dans l’exploration pétrolière, c’est le côté hautement spéculatif de l’activité. Est-ce le rôle d’un gouvernement de jouer à la roulette russe avec les finances publiques ? On aurait pu mettre 100 millions $ sur le rouge à Las Vegas.

La véritable statistique qu’il aurait fallu présenter à la population est l’espérance mathématique du rendement sur capital investi. En d’autres termes, les pourcentages présentés ne signifient rien pour l’électeur. En présentant un rendement sur capital investi pour un scénario pessimiste et pour un scénario optimiste, le Québécois serait à même de comprendre le risque pris par le gouvernement. Évidemment, le Parti Québécois ne voulait pas dire aux Québécois qu’ils risquaient de payer l’exploration du secteur privé sans toucher une goutte de rendement positif sur l’investissement.

Exemple 3: Comparer des pommes avec des bananes

On ne peut pas comparer des années et conclure qu’il y a un meilleur gestionnaire qu’un autre. Chaque année a sa spécificité, sa réalité économique et ses obligations. Dire à l’électeur que la croissance des dépenses est plus faible que prévu, je n’y vois aucun problème. S’en attribuer le mérite, il y a de quoi arracher un sourire n’est-ce pas ?

croissance des dépenses

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Plus ça change, plus c’est pareil

Le Parti Libéral du Québec utilise cette méthode publicitaire, le Parti Québécois aussi. Jouer avec les chiffres et les mots pour embellir la réalité équivaut à s’injecter du Botox le temps d’une photo: le résultat est temporaire et décevant.

Les politiciens devraient être au-dessus de la mêlées. Dans une période aussi cruciale pour le Québec, les partis devraient concentrer leurs énergies sur l’action plutôt que sur le marketing. Je sais, je suis un idéaliste, mais c’est le seul plaisir politique qui me reste.