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Les garderies : pas de casserole ni de carré rouge

Les tarifs des garderies augmentent de 2 $ par jour en deux ans. Est-ce que les parents débarqueront dans les rues avec des carrés rouges en disant à qui veut bien l’entendre que le pourcentage de hausse sur deux ans est de 28,6 %? Bien sûr que non. À 9 $ par jour par enfant, voilà un service très abordable par rapport à son coût réel.

De plus, comme dans le cas des frais de scolarité, on comprend que le coût des garderies n’est pas vraiment de 9 $ par jour par enfant en incluant tous les avantages fiscaux.  D’ailleurs, le gouvernement fournit un outil aux familles pour qu’elles puissent calculer l’impact réel des frais de garde en tenant compte des mesures fiscales.

Dès de début de ce programme, les frais de garderies auraient dû être partagés entre le gouvernement et les familles non pas sur la base d’un tarif fixe, mais bien sur un pourcentage de participation. Ainsi, si l’on fixait la part des parents à 25 % des frais de garde, ils devraient toujours payer ce pourcentage. Sur cette base, nous aurions indexé le prix de 7 $ proportionnellement à l’augmentation des coûts.

L’avantage de cette idée est de s’assurer du contrôle des coûts. En fixant la portion des parents, nous avons désensibilisé ces derniers au contrôle des coûts de leur service de garde. En facturant aux parents une proportion des coûts, ils seraient plus à même de s’intéresser à la gestion des coûts du réseau.

Faisons juste une analogie avec le salaire minimum. En 2004, le salaire minimum était à 7,30 $ l’heure. Depuis 2013, il est à 10,15 $ l’heure. C’est une augmentation de 39 %. Pourtant, durant toute cette période, on a gelé les frais de garderie. Ainsi, lorsque l’on parle de l’augmentation des frais, il faut comparer aussi l’augmentation des salaires en proportion. N’oublions pas que les moins fortunés ne paient pas d’impôt et que la hausse des frais de garderie est liée à des avantages fiscaux. Dans ce cas, la hausse de 2 $ est un calcul brut et non net.

Certains sortent encore la fameuse phrase : « il faudrait faire payer davantage les riches ». Cette affirmation démontre chaque fois une incompréhension de notre système fiscal. Premièrement, comme nos impôts sont fixés selon un taux progressif, les plus fortunés paient déjà davantage la part gouvernementale que les moins fortunés. En fait, comme environ 40 % des Québécois ne paient pratiquement pas d’impôt, les « riches » (encore là, la définition de riche évolue d’une tête à l’autre) paient déjà beaucoup plus que les moins fortunés.  Ajoutons à cela que les parents (surtout à faibles revenus) bénéficient de mesures d’aide importantes pour assumer les frais de garde : crédit remboursable pour frais de garde d’enfants, prestation fiscale canadienne pour enfant, prestation universelle pour la garde d’enfants, déduction pour frais de garde d’enfants, crédit pour solidarité, etc. On ne peut pas avoir des impôts progressifs et des services gouvernementaux à tarifs progressifs : ce serait aussi logique que d’imposer l’impôt.

Non, il n’y aura pas de casseroles, pas de révolution sociale ni de futures vedettes de la télévision à cause d’une hausse de tarifs de garderie. Pourquoi? Parce que les parents savent compter et comprennent que 9 $ par jour pour élever, amuser, nettoyer, éduquer et nourrir un enfant, ce n’est vraiment pas cher payer. Combien coûte un café chez Starbuck déjà?