Le Docteur Bolduc peut se débattre comme un diable dans l’eau bénite, il a commis une faute. Oui, il a respecté la loi. Par contre, il est coupable d’avoir mis en place un système de rémunération ne respectant pas intellectuellement les électeurs. Prendre en charge 1500 patients en plus d’être député démontre qu’il y a apparence de « double dip ».
Lorsqu’on met en place une initiative gouvernementale, il y a quatre critères importants à respecter :
1) Atteindre le ou les objectifs
2) Minimiser les coûts
3) Ne pas être facilement contournable
4) Ne pas faire la première page du Journal de Montréal
Le but d’un médecin devrait être de soigner des patients et de les prendre en charge. On oublie trop souvent que le médecin est déjà rémunéré à l’acte. Pourquoi lui donner une prime si importante pour qu’il fasse le travail pour lequel il est déjà payé? Passez à « go » et réclamez 100 à 200$ par patient! On pourrait faire la même critique à certains systèmes de rémunération de professeurs d’université recevant une rémunération supplémentaire à la recherche ou à la publication d’articles : ils sont déjà rémunérés pour cela implicitement dans leur salaire de base.
Les coûts de cette mesure risquent d’exploser si les médecins se mettent à jouer à la chaise musicale avec leurs patients. Certains pourraient même instaurer une notion de « swap », une façon d’échanger des patients après le délai de prise en charge de 12 mois. Par exemple, le docteur A pourrait échanger 100 % de ses patients avec ceux du docteur B après 12 mois de prise en charge. Pour être plus subtils, certains médecins pourraient faire cet exercice à plusieurs pour le rendre moins détectable. Encore une fois, on se retrouverait en situation de « double dip » sans aucun gain pour la société. Ce délai de 12 mois est très court, car il permet à des individus de toucher une prime pour avoir pris en charge un patient sur une trop courte période. Combien de rendez-vous un patient a-t-il en moyenne annuellement? Donner une prime pour 12 mois est un transfert direct aux médecins et une forme de rémunération supplémentaire abusive. Dans un programme de financement ou de création d’emploi, les entités gouvernementales exigent parfois un taux de rétention d’employé de 36 mois. L’exemple de Monsieur Bolduc démontre que le médecin peut facilement contourner la mesure pour toucher une prime importante. Qui plus est, la population devra payer une nouvelle prime à ceux qui prendront en charge les anciens patients du Docteur Bolduc. Ne vient-on pas de compléter un « triple dip »?
Selon le Code de déontologie des médecins du Québec, à la section IX, chapitre 106, on peut lire :
« Le médecin doit s’abstenir de réclamer des honoraires pour des services professionnels non rendus »
Peut-on considérer que « prendre en charge un patient » se limite à une période de 12 mois? En tant que patient, je ne considère pas que je suis pris en charge par un médecin lorsqu’il me suit pour quatre trimestres et moins de 2 rendez-vous. Le docteur Bolduc a respecté la loi, le programme qu’il a lui-même approuvé, mais il n’a pas respecté l’essence ou le but même de l’exercice. Ainsi, on pourrait davantage l’accuser d’incompétence en gestion pour avoir accepté une telle formulation du plan de rémunération. Il a respecté la loi et son code de déontologie, mais peut-on vraiment affirmer que le service a été « rendu » dans la logique des choses ?
Un principe de base en management est le PODC : planification, organisation, direction et contrôle. Le contrôle est l’étape où l’on évalue une action. Dans le cas de cette procédure, il semble que les médecins puissent trouver une voie de contournement pour toucher une rémunération ne respectant pas l’idée de la mesure. Durant une période de compressions budgétaires, il est difficile de tolérer d’étirer l’élastique à ce point. On devrait demander au Docteur Barrette de revoir cette politique de rémunération pour tenir compte des problématiques soulevées.
Être député n’est pas une position, mais une fonction. Même lorsqu’il n’y a pas de citoyens à la porte de local de circonscription, le député devrait être en train de tisser des liens, réfléchir à des projets de loi et collaborer activement avec son milieu. Ce que le Docteur Bolduc a fait n’est pas seulement un désaveu envers lui-même, mais envers tous ses collègues députés dont l’image est maintenant ternie par un collègue voyant son emploi comme une fonction tertiaire à temps partielle. Comment un médecin dédié à la fonction publique peut-il prendre autant de patients en charge qu’un médecin de plein exercice? Cela n’est-il pas une insulte à l’intelligence du citoyen?
Pendant qu’on y est, il faudrait revoir la rémunération des spécialistes de la procréation assistée depuis la politique d’aide mise de l’avant par Julie Snyder. Certains spécialistes se vantent dans les 5@7 d’avoir fait sauter la banque grâce à la subvention gouvernementale.
Monsieur Bolduc, je suis disponible pour vous donner un « crash course » sur le sujet. Comme contribuable et citoyen, je suis à bout et déçu.
tout à fait. bravo pierre-yves. bolduc a fourré le système qu’il a lui-même mis en place, tout en avouant ne pas prendre sa job de député au sérieux. ark.
Je suis totalement d’accord. Du reste, en tant que concitoyenne du comté de Jean-Talon, je viens de lui demander de rembourser et de donner sa démission.
Quoi qu’on puisse en dire, le docteur Bolduc ne doit certainement pas fredonner la toune de Lisa Leblanc: Ma vie, c’est d’la marde! Parce que lui, il l’a plutôt douce, la vie et au diable les collègues, la population et… les malades!!!
Cynique, moi? Voyons donc…
Bravo! monsieur McSween!
Le serment d’Hypocrite?
Une rémunération supplémentaire pour soigner des patients?
Et député à l’opposition c’est maintenat un »sideline »
ce qui me hérisse ici, c’est cette manie des Québécois de confier, d’abandonner, dirais-je plutôt, la gestion de leur santé aux seuls docteurs…un médecin soigne les malades, mais encore faut-il que son ci-devant patient ait épuisé toutes les manières de se prémunir contre la maladie. Sédentarité, alimentation gargantuesque, tristesse obligatoire, colères stériles, pilules pour ceci, contre cela, stress au travail, pourquoi ne pas gérer soi-même ce qui peut l’être, dans le bon ordre de sa santé…mais les docteurs, en connaissez-vous beaucoup, vous autres, qui implorent toutes affaires cessantes leurs patients de changer leurs styles de vie, AVANT de leur prescrire moult médicaments…et 1500 patients pour un seul médecin, c’est ridicule. Au mieux , il ne peut tous les soigner adéquatement et cette surcharge finira par l’épuiser, donc à le rendre inapte à bien exercer son métier…au pire, ça en fera un cynique fini devant la maladie, la vie, la mort…c’est toute l’éthique médicale ici qu’il faut revoir et remettre au programme le médecin de famille dans le territoire québécois, hors des urgences hospitalières, ces cathédrales de la maladie, et de notre désespoir politique, quand on y regarde de plus près…
autre chose, qui devrait inquiéter davantage: la politique et la médecine sont les deux lieux privilégiés de tous les assoiffés de pouvoir, chez nos élites au Québec aussi loin qu’on remonte dans notre Histoire…vu sous cet angle, les 1500 patients du docteur Bolduc ajoutés à sa fonction de ministre peuvent nous inciter à croire que la soif de pouvoir de cet homme est insatiable. Couillard vient de le nommer ministre de l’Éducation, en plus, ce qui n’arrange guère les choses, un autre foyer d’accueil pour nos ambitieux en Affaires politiques qui lorgnent le pouvoir, un peu beaucoup d’ailleurs pour se colletailler et confondre les deux autres pouvoirs, le politique et le médical, face auxquels ils s’affichent encore en détenteurs d’une étrange supériorité de l’intelligence…ici devant le peuple comme ailleurs, encore hier chez un honorable ex-ministre péquiste, grand voyageur dans des contrées « étrangères »… au fond, le premier ministre devrait démissionner lui-même son nouveau ministre de l’Éducation…de la médecine préventive, en quelque sorte…