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PKP : le numéro 1 parmi les numéros 2

La réussite en politique est parfois une question de circonstances, mais aussi de chiffres. À écouter les divers députés du Parti Québécois, plusieurs candidats tenteront de se faire élire comme chef. Une phrase typique des derniers jours : « des gens m’ont demandé de me présenter ». Façon humble de dire que le poste nous intéresse. Mais voilà, la tête d’un parti politique, ce n’est pas fait pour un numéro deux. Pour faire un parallèle avec le hockey, Brandon Prust est un excellent joueur d’équipe, mais ne figure pas dans les plans du premier trio.

Un numéro deux, c’est comme un bon valet. Il est technique, assidu, et loyal. On respecte ce qu’il dit, on écoute ses conseils. Il se sacrifie pour la cause, pour le chef. Il reste dans l’ombre, attendant hypothétiquement son tour. Par contre, le numéro deux a une valeur comme numéro deux.

(Crédit photo: L'actualité)
(Crédit photo: L’actualité)

Il ne prend pas bien le soleil le numéro deux. Restant dans l’ombre, le chef s’arrange habituellement pour lui mettre de la crème solaire lorsqu’il est trop exposé. Soit en lui demandant de gérer une patate chaude, soit en lui donnant une responsabilité le tenant à l’écart du grand jour.

Stéphane Dion au Parti libéral du Canada était un excellent numéro deux. Tellement loyal, que même lorsqu’on lui a demandé de quitter la position de numéro un, il est retourné chez les numéros deux. Il était à sa place avant d’aspirer à être chef. Un numéro deux est un excellent ministre et un extraordinaire député.

Hier, de nombreux numéros deux se sont exprimés ou ont été approchés par les journalistes. Pour l’instant, ils rêvassent. Mais, croient-ils vraiment en leurs chances de l’emporter ?

Il y a une grande différence entre être appuyé par les députés de son parti ou parmi les membres et d’être capable de remporter une élection provinciale. Ainsi, un parti fait une erreur lorsqu’il met à sa tête un numéro deux. On a beau dire que le charisme ou la prestance n’est pas nécessaire, on ne déplace pas des montagnes avec une pelle à jardin.

La logique veut que Jean-François Lisée, Bernard Drainville et Pierre-Karl Péladeau tentent leur chance. Les Véronique Hivon, Martine Ouellet et Sylvain Gaudreault finiront par créer des alliances avec ceux-ci s’ils ne s’éternisent pas dans la course.

Il faut comprendre qu’un numéro deux peut très bien se lancer dans une course pour se positionner stratégiquement pour la suite. En fait, se lancer dans la course pour se rallier à un autre candidat, c’est en quelque sorte générer une valeur future pour un poste de ministre. En somme, le message revient à « je te laisse la place, mais ne m’oublie pas ».

Pierre-Karl Pédadeau a créé plusieurs précédents. Par exemple, il est un homme d’affaires riche en faveur de la souveraineté. Les souverainistes en affaires se font plutôt discrets quand vient le temps de parler de leurs orientations politiques. Le principal atout de Pierre-Karl Péladeau semble l’anticipation du vote provincial. Un militant m’a confié que Pierre-Karl Péladeau mène dans les intentions de vote, car il serait, selon lui, plus populaire auprès du grand public que n’importe quel autre candidat. Il serait le plus apte à faire avancer (ou cesser de reculer) la cause souverainiste. La fin justifie les moyens. Pourtant, on semble associer le PQ à la sociale démocratie et attacher à PKP des valeurs opposées à celle-ci. Pour certains, il est l’ennemi à contrer. Est-ce une bonne attitude pour un parti aspirant au pouvoir ?

Pierre-Karl Péladeau n’est pas un numéro deux. Présentent, il place ses pions. En fin stratège, on se lance dans une course lorsque les moindres coups et coûts sont planifiés. Si PKP ne devient pas le chef de ce parti, il serait surprenant qu’il ronge son frein longtemps comme député de l’arrière-ban. Un capitaine ne joue pas longtemps sur le quatrième trio.

Imaginons le scénario. Pierre-Karl Péladeau, propriétaire d’un empire médiatique, d’une équipe de hockey subventionnée par les fonds publics (amphithéâtre) et premier ministre du Québec. On pourrait appeler cela l’atteinte de l’accomplissement tout en haut de la pyramide des besoins de Maslow. Pour ce qui est de la souveraineté du Québec, il n’y a pas que les individus qui peuvent être numéro deux, les options nationales aussi. Tout est une question de circonstances.