Le cul-de-sac Scott-Gomez?

Avec l’annonce du pont Maurice-Richard, imaginons une discussion téléphonique entre deux automobilistes circulant dans la métropole. Montréal, dans une réalité où les nominations se feraient en fonction des exploits sportifs.

– Je suis pris dans le trafic sur le pont Maurice-Richard

– Chanceux! Je suis pris dans la zone de travaux Andrei-Markov!

– Normal, ça fait des années que les travaux publics tentent de boucher le nid-de-poule Alexandre-Daigle.

– Où te diriges-tu?

– Je m’en vais dans l’Est, pas loin du centre de gestion des déchets Milan-Lucic.

– Passe par la voie de desserte Dustin-Tokarski , tu arriveras au rond-point Brent-Bilodeau. À ce moment, tourne à gauche.

– Oui, mais quand je fais cela, j’aboutis toujours dans le cul-de-sac Gilbert-Dionne.

– C’est certain que Montréal, avec tous les travaux, c’est l’enfer.

– Attends que les travaux de destruction de l’échangeur Turcot soient terminés. Ça va prendre encore quelques années avant que le nouvel échangeur Réjean-Houle soit prêt.

– Si tu es fatigué, prends une pause. Vas te coucher sur un banc de parc John-Kordic.

– Ah non, je suis trop pressé! De plus, je dois prendre un pont et être ralenti par le poste de péage PK-Subban. Au moins, l’été, je ne suis pas ralenti par la circulation du dépôt à neige Pascual-Perez !

– T’as raison, tellement de trafic, on se croirait dans un cul-de-sac Scott-Gomez!

– Peut-être, mais une fois sur 82, la rue Paul-DiPietro n’est pas trop achalandée. J’épargne dix minutes pour rentrer à la maison quand tout va bien.

– Bon, j’arrive chez moi, mais je dois contourner trois ou quatre dos d’âne Alexei-Emelin.

– On se rejoint toujours au poste de douane André-Racicot ce week-end?

– Oui, mais attends-moi avant de traverser, même si l’on y circule comme dans une passoire!

Cette satire hyperbolique se voulait une introduction à une question simple. Qu’est-ce qui fait que l’on mérite de laisser son nom sur une infrastructure publique? Samuel de Champlain a traversé l’océan pour venir fonder Québec. Maurice-Richard a marqué des buts. Nous savons que Maurice-Richard a été une source d’inspiration pour les Canadiens français, mais renommer le pont Champlain en son nom, n’est-ce pas démesuré? Il y eut une réalité avant le 20^e siècle, il ne faudrait pas l’oublier.