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Dans l’attente de la fatidique balle courbe

Le Baseball est un sport fascinant pour ceux qui n’aiment pas le sport. John Kruk avait bien résumé le tout à l’époque :

« Lady, I’m not an athlete. I’m a professional baseball player. »

John Kruk
John Kruk



Pourtant, le baseball, que l’on peut qualifier d’activité récréative, est une extraordinaire analogie de la vie humaine. Parce que dans la vie, on ne sait jamais quand on recevra une balle courbe. Celle que l’on ne voit pas venir. Parfois, l’effet papillon transforme la trajectoire d’un lancer dont on n’avait pas planifié l’aboutissement.

Au début de la vie, le panneau est vide. La partie est nouvelle. Comme disait Yogi Berra :

«It ain’t over till it’s over.»

On ne sait pas la durée de la partie, on sait seulement qu’elle aura neuf manches, plus ou moins courtes d’un individu à l’autre.

Parfois, on vivra des périodes où l’on aura confiance et l’on passera à l’attaque. À d’autres moments, on sera sur la défensive pour tenter de minimiser les dommages.

Puis, viendront les passages à vide, pendant quelques manches, on ne s’inscrira pas au pointage et le temps passera rapidement.

Il arrivera que l’on soit l’artisan de son bonheur avec des manches sans point ni coup sûr ou en catapultant une circonstance opportune bonne pour un circuit.

On sera parfois témoin d’un grand chelem de la part d’un adversaire. À ce moment, un sentiment mêlé de jalousie ou de fierté pour autrui envahira potentiellement l’esprit. L’envie fait partie de la joute. Certains réussissent à s’illustrer, pendant que d’autres demeurent dans l’enclos des releveurs toute leur vie durant. Il y a évidemment pire scénario : passer sa carrière dans un club-école.

On fera des erreurs non provoquées, mais aussi des retraits sur trois prises. Parfois, la balle courbe aura été lancée par l’adversaire, parfois on se révèlera l’artilleur de notre propre malheur.

On frappera quelques coups sûrs donnant des rendements aléatoires : simple, double, triple, circuit ou circuit à l’intérieur du terrain. Le frappeur suivant nous poussera parfois au marbre, pendant qu’un autre nous impliquera contre notre gré dans un double jeu. Le baseball est à la fois un sport d’équipe et un jeu individuel. On développe des habiletés athlétiques personnelles, mais on ne peut pas jouer seul à 100 % sans profiter de l’appui de l’équipe.

Il se peut que l’on soit victime d’un vol de but ou d’une mauvaise décision de l’arbitre, mais peu importe, le jeu devra continuer.

Un jour, ce sera la dernière manche. Parfois, réglée de façon expéditive par un adversaire de relève prétendant au trophée Cy Young. Pour certains, ce sera un long combat comprenant de multiples fausses balles. Tout cela pourra déboucher sur un compte complet, jusqu’à ce que la fatidique balle courbe vienne mettre fin au match.

Que l’on soit élu au Temple de la renommée ou non, notre carrière prendra fin et l’on tombera plus ou moins dans l’oubli des nouvelles générations. Peu importe la carrière, l’heure de la dernière partie sonnera que l’on ait frappé 3000 coups sûrs ou non. À la fin, l’important sera d’avoir profité de la chance de jouer, peu importe l’équipe, le salaire ou la région.

Le but étant la reconnaissance d’avoir joué dans cette ligue. Beaucoup de balles rapides seront manquées et au moins une balle courbe affectera le résultat final. Pourtant, rien n’équivaudra à la satisfaction d’avoir réussi un coup de circuit au moment où personne ne l’attendait.

Tout le monde connait la chanson, la fin n’étant qu’une répétition : « For it’s one, two, three strikes, you’re out, at the old ball game. »

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Mark Langston