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Le conte de la Caisse de dépôt et placement du Québec raconté aux enfants

Il était une fois, une « bonne mère de famille » (question de changer la formule habituelle) qui vivait dans un duplex du quartier Rosemont ayant sérieusement besoin de réparations. Elle se nommait Gou Vernement. Sa fille, Caisse Dedepot avait épargné 10 000 $ pour ses études.

Étant dépassée par les obligations financières, madame Vernement n’était pas dans son assiette. Coupant autant à gauche qu’à droite, on avait remplacé les pois frais par des pois en conserves, le filet mignon par du steak haché et sa sortie au cinéma du vendredi par une soirée devant Télé-Matante.

Malheureusement, des travaux de réfection importants au duplex étaient nécessaires. L’entrepreneur, ayant le cœur sur la main, se limita à 30 % d’extras sur la soumission initiale. Gou se présenta à la banque, mais celle-ci trouva que le ratio d’emprunt était déjà bien élevé pour la capacité de paiement de la bonne mère de famille. La banque demanda à celle-ci de ne pas s’endetter davantage pour ne pas affecter sa cote de crédit et sa capacité de remboursement.

Désarçonnée, Gou Vernement rentra à la maison. Sa fille se lamenta. Elle venait de recevoir son relevé de son certificat de pauvreté garantie (CPG) lui donnant 1,2 % de rendement sur ses placements.

–          Je veux faire plus de rendement. Ce n’est pas avec un taux près de l’inflation que je vais un jour vivre de mes rentes !

Cette exclamation de sa fille donna une idée à Gou.

–          Et si tu investissais tes épargnes dans les rénovations du Duplex ? Je te donnerais la pleine charge des travaux. Si tu respectes le budget prévu, tu auras un rendement appréciable bien supérieur à ton 1,2 %.

Caisse était ravie. Elle ferait potentiellement plus de rendement. Bien sûr, il y aurait plus de risques, mais le rendement lui sembla attrayant.

Pour sa part, Gou était satisfaite. Son banquier serait aux anges, la dette contractée auprès de sa fille serait hors bilan. Bien sûr, Gou se dit que maintenant qu’elle paierait à sa fille un rendement appréciable, elle pourrait réduire certaines contributions occasionnelles à cette dernière. En somme, la famille ne serait pas plus riche, mais en apparence, Gou Vernement aurait moins de dettes externes et Caisse Dedepot afficherait un beau rendement.

Gou se dit que ce partenariat représente une belle occasion, puisque sans la contribution de Caisse, elle n’aurait pas l’occasion de faire les travaux. De plus, elle osa se convaincre que cette expérience permettra à Caisse de développer une expertise lui permettant d’entreprendre des travaux chez les voisins. Au pire, elle n’aurait qu’à couper dans les versements à Caisse.

L’heure du souper arriva. Caisse dit à sa mère :

–          Je suis heureuse de notre deal. T’as moins de dettes et je suis plus riche !

–          Tu n’as rien compris ma fille, j’ai l’air d’avoir moins de dettes, tu as l’air de faire plus de rendement. Par contre, au net, notre famille n’est pas plus riche.

–          Pourquoi tout le monde est-il heureux pour nous alors?

–          Parce que tout le monde s’en fout…