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Ne pleurez pas votre trophée Artis

À une certaine époque, on appelait ce trophée le Prix Metrostar. En faisant l’épicerie, on votait. Le vote était un simple sondage papier. On envoyait les milliers de coupons chez un sous-traitant avec des locaux ordinaires. L’endroit sentant la poussière faisait lieu de décompte des votes. La réalité? On procédait à un échantillon statistique. Seulement quelques centaines de coupons étaient réellement dénombrés parmi les votes remplis sur le coin d’une table. Des employés étaient engagés pour saisir ces votes dans un ordinateur.

Une firme comptable avait pour mandat de faire un petit échantillon sur l’échantillon : valider que l’employé eût bien copié les votes du coupon dans la base de données. Le processus terminé, quelques personnes collaient les noms dans les enveloppes.

Peu importe comment le processus de sélection évolue, le Gala Artis demeure un simple résultat de sondage. On appelle à la maison, le commun des mortels répond à l’appel en continuant ses activités. On lui demande de voter, il vote parfois pour le nom qu’il connait le plus dans la liste. Qui gagne? Celui ou celle très présents à la télévision durant l’année. Est-ce vraiment un sondage d’amour? Généralement, les têtes d’affiches aux heures de grande écoute deviennent les nommés et les gagnants.

(Crédit: LaPresse)
(Photo: Olivier Jean, LaPresse)

Le Gala Artis est un divertissement. À la maison, le spectateur est passif. Il n’a rien à faire du résultat. Ce qui l’ennuie le plus? Lorsque l’on remercie des inconnus en rafale pendant plus de 10 minutes pour n’oublier personne. On fait un faux tapis rouge où les artistes arrivent tous avec les mêmes véhicules stationnés au coin de la rue. L’événement mondain est faux, la robe de soirée ne servira qu’une fois et le tapis rouge sera retourné au centre de location. Par le jeu des lumières des éclairages, on crée un événement « jet set » avec un résultat de sondage.

Pourtant, qui peut réellement nommer les gagnants quelque temps plus tard? Peu importe, ce n’est pas vraiment important.

Comme tous les trophées, ils perdent de leur signification dès [youtube href= »https://www.youtube.com/watch?v=uHWX4pG0FNY »]que l’événement se termine[/youtube].

Que l’artiste gagne ou perde, il ne devrait pas pleurer le résultat. Gagner un sondage est-il réellement une question d’amour du public ou de circonstances? Est-ce vraiment un accomplissement situé tout en haut de la pyramide de Maslow?

Quand un artiste se met à vider ses yeux sur scène et à remercier la Terre entière, jusqu’à son chat Henry, il est difficile de ne pas y voir un certain niveau d’absurdité.

Le véritable sentiment d’accomplissement d’un artiste devrait se matérialiser lorsque le téléphone sonne encore. C’est d’ailleurs le cas pour tout travailleur : continuer à gagner sa vie et recevoir des offres intéressantes par le fruit de son travail. Est-ce que le fait de gagner un concours de popularité par sondage donne davantage de travail? Si oui, alors peut-être que quelques larmes pourraient être justifiées.

Chers nommés, lorsque l’enveloppe contiendra ou non votre nom, dites-vous que cela n’a pas réellement d’importance. Par contre, si un jour, vous recevez un chèque de paie substantiel pour le travail accompli, prenez le téléphone et remerciez votre mère, votre conjoint ou conjointe et votre chien Henry pour être rémunérés pour faire un métier que vous aimez. N’est-ce pas le plus beau des prix? Parce que chaque jour que l’on porte un artiste à l’écran, on lui remet un trophée Artis implicite.

Note: Quand une catégorie contient 5 nommés, il est possible de gagner avec moins de 30% des votes. Comme quoi, tout est relatif n’est-ce pas ?