BloguesEn as-tu vraiment besoin ?

Exhiber ton marteau

Le marteau est un formidable outil. Rudimentaire, mais il survit aux modes, aux saisons et aux produits de remplacement. On a toujours besoin d’un bon marteau pour accomplir quelque chose. Petits travaux ou gigantesques projets de rénovation, il est fidèle au poste. Par contre, personne ne se vante de posséder un marteau. Le but avec un marteau n’est pas de le posséder, mais de l’utiliser. On a un objectif en tête : installer un cadre, solidifier une structure ou construire un mur. Pourtant, dans d’autres contextes, on brandit de plus en plus des équivalents du marteau sans se questionner sur la pertinence de le faire. Sommes-nous dans l’ère de la société du marteau? Pendant que plusieurs brandissent leur outil, on est en quête de résultats.

Un bon exemple est le diplôme. On met beaucoup d’emphase dans notre société sur l’importance de la formation et l’obtention d’un diplôme. Très logique par la suite pour certains de brandir ce diplôme. On leur a dit toute leur vie durant qu’il fallait en obtenir un. Parfait, mais ce n’est pas une fin en soi. Prenez l’exemple du permis de conduire. On peut détenir un permis de conduire, mais n’avoir aucune aisance à prendre le volant. Alors, on arrive en entrevue, on brandit le diplôme fraîchement publié sur Facebook et lorsque l’on se fait poser des questions simples sur son travail, on fige. Ça me rappelle tout étudiant en administration détenant un diplôme, mais n’ayant aucun réflexe d’affaires.  Il a étudié en administration, mais il ne s’est jamais intéressé au sujet sauf lorsqu’il en était obligé. Aucune lecture, aucun intérêt, aucun réseau en développement : rien. Il sort de HEC Montréal avec un diplôme : un permis de travail. Donc, le candidat a un beau permis, mais ne démontre aucune réalisation, aucune culture d’affaires, aucune lecture pertinente, etc. Il brandit sa maîtrise en gestion internationale : son marteau. Il vit pour avoir un outil et non pour sa quête de réalisation. Quand on lui demande, que veux-tu faire avec ton outil? Il fige. Il ne sait pas. Pourtant, il vient de passer plusieurs années sur les bancs d’école normalement pour un objectif précis ou variable. Non, il est en quête d’un marteau, peu importe lequel, il veut un marteau.

Il y a une course à la chefferie au Parti Québécois. On y parle de souveraineté. Si on remonte à l’origine du PQ, la souveraineté était un moyen, un outil. Aujourd’hui, on dit aux électeurs : nous voulons la souveraineté, nous voulons un marteau. Pourtant, n’est-ce pas le projet que l’on doit vendre et non pas l’outil? Le marteau aux Québécois, le marteau aux Québécois…

Même chose pour une personne qui s’entraîne pour l’apparence. Veut-elle lever des charges dans le cadre de son emploi? Non. Veut-elle se rendre aux Jeux Olympiques? Non. Veut-elle aider davantage des personnes âgées à faire des travaux. Non, elle veut montrer des marteaux. Donc, on s’entraîne pour développer des muscles. Regarde les marteaux que j’ai sur mon corps! On n’aidera personne de plus, on ne développera pas d’aptitudes supplémentaires. On veut montrer ses marteaux. La force gagnée ne sera pas utilisée pour autre chose que pour le développement des marteaux. On développe ses marteaux pour avoir de plus en plus gros marteaux. En bout de ligne, ils servent si peu souvent qu’on se demande si les louer ne serait pas une meilleure idée.

Regarde le vélo que je me suis acheté. Regarde mon marteau. Regarde mon Ford F-150. Transportes-tu une charge importante parfois? Non, mais regarde mon marteau.

Regarde ma grande maison! T’as 22 enfants? Non, mais regarde mon marteau!

Pendant que plusieurs brandissent leur marteau sans accomplir quoi que ce soit, d’autres sont orientés sur des résultats avec un outil sans éclat. En somme, pendant qu’il ou elle prend un #selfie avec son marteau en mains, d’autres sont en train de construire quelque chose. En somme, exhiber ton marteau, en as-tu vraiment besoin?