Dans la comédie absurde Vietnam pour un grilled cheese, j'ai retrouvé ce qui m'avait plu de la production précédente de L'Abattoir: quelques belles envolées lyriques, un jeu intéressant chez certains de ces comédiens triés au volet (tout particulièrement chez Marie-Michèle Côté-Dion), une capacité à déstabiliser le spectateur… De plus, la troupe avait encore une fois réussi à susciter mon intérêt avant même que je mette les pieds au Théâtre Léonard St-Laurent grâce à titre intrigant et une affiche au visuel efficace.
Est-ce que le contenu était à la hauteur du contenant? Pas tout à fait. L'absurde a le dos large, mais trop de séquences tombaient à plat et m'ont fait décrocher de cette comédie que ne fait pas rire. De plus, les irritants sont nombreux dans cette production (sons stridents, éclairage inadéquat, décor fait avec des bouts de tissus et du grillage de cage à poule…).
Je suis tout de même porté à considérer cette pièce comme étant une assez belle réussite car les assises de L'Abattoir sont plus nombreuses que l'an dernier, entre autres pour la mise en scène et l'ambiance musicale. Ainsi, je persiste à dire que cette jeune compagnie a sa place dans l'univers théâtral de Sherbrooke.
Il est parfaitement erroné de ragarder la critique comme quelque chose de mort, d’improductif et de « poussiéreux » à moins qu’elle ne consiste en un dénigrement grogon, une perte de plaisir.
Je crains qu’à cet égard, votre critique ne soit pas aussi rigoureuse qu’on aurait espéré d’une telle production de l’Abattoir qui m’a laissé, pour ma part RAVIE!
Ce que je retiens, c’est l’extraordinaire originalité de la troupe qui a su, dans VIETNAM POUR UN GRILLED CHEESE, conjuguer scandale, humour et dérision. Rendre compte d’un univers névralgique alors qu’un événement marque l’histoire, c’est montrer les phénomènes sociaux comme pleins de contradictions, emportés dans un ouragan de luttes et de violences.
IL SERAIT DOMMAGE que ces « quelques irritants », comme vous le dites, distraient le spectateur de la qualité de la pièce qui nous est présentée. D’autant plus triste de ne pas découvrir la théâtralité explosive, l’impact émotif et l’humour noir de l’oeuvre de Mathieu K. Blais que la gestuelle des personnages mis en scène par Mylène V. Rioux a rendu vivante! SOYONS OBJECTIF!!! Vietnam pour un grilled cheese est un texte qui regarde les choses en face, et non ce qu’on en dit ; ses personnages parlent comme ça leur passe par la tête, et non comme ça passe par la tête à d’autres.
Vietnam pour un grilled cheese va à CONTRE-COURANT du point de vue de la forme, proteste contre le « poli » et l’harmonie du théâtre conventionnel. Il s’agit d’une oeuvre VIVANTE et ANTICONFORMISTE, où l’humour vient chercher tantôt les littéraires qui savent reconnaîtrent des intertextualités bien placées, tantôt les spectateurs qui veulent simplement découvrir du NOUVEAU théâtre.
En ce sens, Je m’adresse à ceux qui n’ont pas encore vu Vietnam pour un grilled cheese qui sera présentée une seconde fois le 27 mars et une dernière fois le 28 mars, ALLEZ-Y, voyez combien raffraîchissant peut être le théâtre!
MERCI À L’ABATTOIR et à cet espace qui laisse libre court à l’expression du public!
N.A.
Malgré certaines réticences, surtout en début de pièce, j’ai été agréablement surprise par le Théâtre L’Abattoir. Plusieurs acteurs furent franchement excellents et, à mes yeux, le texte était savoureux et la mise en scène subtile et efficace. Quant aux décors, ils ne faisaient peut-être pas partie de la norme reconnue en scénographie, mais j’ai plutôt constaté leur pertinence dans la simplicité.
Du reste, au contraire de vous, j’ai beaucoup rit, parfois simplement sourit certes, mais cette soirée dans l’univers du grilled cheese m’a bien divertie, et ce, plus intelligemment que dans la majorité des comédies que j’ai vu auparavant.
Pour conclure, je vous invite à lire ma chronique sur la pièce au http://e-toile.org/chroniques-une-recette-gagnante-99.html
Critique décidément en manque de contenu elle-même.
Quiconque s’y connaît quelque peu dans le théâtre de l’absurde (aka engagé) ou même dans le théâtre épique brechtien saurait reconnaître la finesse de Vietnam pour un grilled-cheese.
L’univers est complet et crédible, les personnages on ne peut plus travaillés. Chaque geste, parole, action, malgré son manque de sens, est justifié et justifiable.
On nous convie, à la manière de Ionesco, Beckett et Gauvreau, dans un monde parallèle, où les êtres ont perdu toute notion d’existence, où plus rien ne fait sens, sinon l’ordinaire. On attend la catastrophe pour agir, pour devenir le héros de son existence, tout en craignant que celle-ci ne se répète comme dans le passé, en causant des dégâts.
Un texte riche, des comédiens justes, une mise en scène réglée au quart de tour et une scénographie efficace.
Bravo!
Absurde, oui. Absurde pour être absurde? Non. L’Abattoir a réussi à me convaincre de la pertinence de reprendre un univers dystopique à la 1984, qui aurait pu sembler usé, en y amenant plusieurs éléments originaux et d’actualité. Sans être parfaite, la pièce Vietnam pour un grilled cheese ne s’écarte jamais de sa ligne directrice, même lorsqu’elle verse dans la folie et le ridicule.
Chapeau à l’Abattoir pour cette pièce cohérente et amusante!