C'est dans un bar Tapageur rempli d'un public attentif que deux formations folk de Toronto, Timber Timbre et The Weather Station, ont offert de grisantes performances hier soir à Sherbrooke. Ce type de soirée peut parfois passer sous le radar tellement les artistes sont peu connus ici, mais la rumeur s'était rendue aux bonnes oreilles: ces deux groupes allaient offrir un spectacle pour mélomanes. Ce fut le cas.
La très jolie Tamara Linderman de Weather Station a entamé le bal avec son banjo (qu'elle a rapidement troqué pour une guitare). Habituée de jouer avec son groupe, on la sentait un peu nerveuse d'être seule sur scène (pour une première fois) avec ses pédales lui permettant de séquencer et de jouer en boucle certaines ritournelles. Toutefois, sa voix, qui a quelque chose de celle de Joni Mitchell, restait cristalline, enveloppante. Ça n'atteignait pas la richesse des enregistrements de son album The Line, mais le charme opérait.
Quant à Timber Timbre, il remporte la palme de la meilleure introduction pour un spectacle. Avec ou sans sifflet, il imitait différents chants d'oiseaux qu'il superposait pour créer un magnifique chaos, appuyé par une violoniste et un joueur de slide guitar. Oui, Taylor Kirk avait un côté animal. Lorsqu'il poussait la note, on aurait parfois dit un loup. Encore une fois, les arrangements n'avaient pas le lustre des albums de Timber Timbre (le plus récent se nomme Oots), mais le silence régnait dans la salle pour tout entendre des complaintes de ce type qui me fait vraiment penser à M. Ward… mais à l'état sauvage. Quelqu'un m'a fait remarquer qu'il avait une voix comparable à celle d'Anthony (d'Anthony and the Johnsons). Quelle découverte! On m'a appris qu'il vient de signer avec la prestigieuse maison de disques canadienne Arts & Crafts (Feist, Broken Social Scene, American Analog Set…). Il est donc à surveiller…
Et moi, je me pince encore d'avoir assisté à un tel show à Sherbrooke.