Ce samedi à Sherbrooke, Pierre Lapointe a fait son tour de chant sans grand fla-fla dans un Théâtre Granada archiplein. Exit les chorégraphies, les danseurs, les éléments de décor (il n'y avait que cette pluie de néon pour agrémenter l'éclairage – une version simpliste de ce qu'avait Radiohead lors de sa dernière tournée)… sa majesté était là, entouré de ses musiciens, pour offrir ses chansons et rien d'autres. Flanqué à l'avant de la scène avec son air détaché, le chanteur nous a rappelé la justesse de sa voix. Encore une fois, je suis resté dubitatif face aux mots de Lapointe; ses textes sont des mystères que je ne désire pas nécessairement percés (il y a de ces énigmes qu'on préfère laisser à d'autres). Toutes les chansons de ses deux premiers albums interprétées au cours de la soirée avaient revêtu de nouveaux et jolis atours – ces réinterprétations furent les moments forts de ce spectacle. Quant à celles de Sentiments humains, je m'y attache peu à peu, et de les avoir entendues live permet d'accentuer mon appréciation.
Je me rappelle très bien avoir vu Pierre Lapointe en spectacle lors de sa première venue à Sherbrooke, au Théâtre Granada. C'était en 2003 ou 2004, avant la sortie de son album éponyme. Il devait jouer en première partie d'Yves Desrosiers, mais ce dernier avait annulé. Lapointe avait donc occupé toute la place. Le charme avait joliment opéré même si dans la salle, plusieurs s'y trouvaient sans trop savoir de qui il s'agissait.
Qu'est-ce qui a changé depuis? Pas grand-chose finalement. Même le personnage de dandy hautain rôde encore. Les chansons grandiloquentes de Lapointe ont évolué au niveau des arrangements et des orchestrations (c'est la guitare électrique qui offre les plus beaux moments sur Sentiments humains), mais la formule reste la même. Il n'y a pas encore de mini révolution chez Lapointe, comme Daniel Bélanger a su faire avec Rêver mieux, ou même plus récemment, Mara Tremblay avec Tu m'intimides. Pourtant, on identifie souvent Pierre Lapointe comme un créateur génial et tout ce qui vient avec. Pour ma part, j'apprécie le talent, mais j'attends toujours le génie.