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FLN: j’ai le blues de vous (ou comment citer Marie Carmen sans se fatiguer)

Hier, j'ai mis ma belle calotte à longue palette pour me rendre à ce qui devait être (selon quelques météorologistes de malheur) la plus belle journée pour déambuler à la Fête du lac des Nations. Je suis atterri sur la pelouse de la scène Loto-Québec pour Stephen Barry et ses musiciens. Le contrebassiste sans contrebasse («J'ai brisé mon contrebasse. Il est à la shop», nous a-t-il avoué avec son français du dimanche) m'a charmé dès le départ avec une chanson a cappella bien sentie. Ensuite, son guitariste l'a rejoint pour quelques pièces en duo qui aurait très bien pu se retrouver sur la trame sonore d'O Brother, Where Art Thou? Du blues sudiste qui portait toute la misère du monde, tout en étant d'une grande beauté. J'en aurais pris davantage, mais le blues s'est tonifié avec l'arrivée des deux autres membres du Stephen Barry Band. La bande a visé juste avec un répertoire comportant son lot d'incontournables. Oh yeah baby, les vieux routiers ont toujours raison.

Un peu plus tard, je suis allé faire un tour sous la tente SAQ où une odeur de gazon mouillé testait les limites de mon odorat. Une chance que Gaële était là pour agrémenter mon ouïe. J'aime beaucoup mieux les versions live des chansons de son album Cockpit. Ça manquait parfois de poigne dans ce contexte de festival, mais ce n'est pas que la fille manque de culot (au contraire). C'est juste que sa pop cérébrale aurait bénéficié d'un contexte plus feutré.

Je fais un saut à la grande scène pour constater que les Lost Fingers n'ont vraiment pas besoin de mise en scène ou d'éléments de décor pour en mettre plein la vue. Ils offrent un show hyper statique considérant la grosseur de la scène, mais on ne s'en formalise pas. Je crois que c'est grâce aux guitaristes qui nous hypnotisent avec leurs doigts élastiques (une technique bien spéciale). De plus, ils sont ratoureux les trois gars en costard car pour faire crier les jeunes filles (oui, il y en avait plusieurs à l'avant de la scène), ils ont réinterprété un extrait de Poker Face pour conclure un solo au cours de la chanson Black Velvet. Ça, c'est un peu agace, mais ô combien efficace.

Bon… les «jeunes» ont quitté le navire avant l'arrivée de Patrick Norman et j'en ai fait tout autant pour me rendre à l'ouverture du Off Fête du lac au centre-ville de Sherbrooke. Chinatown était au haut de l'affiche de cette première soirée de festivités complémentaires. J'ai récemment flanché pour les hymnes pop de ce groupe montréalais qui se retrouvent sur la galette Cité d'or. En show, c'est tout aussi efficace. Je savais que ces musiciens étaient des fans de Gainsbourg, mais ils m'ont surtout fait penser au groupe français Les Innocents (ça se veut un compliment). Ils dosent bien leurs influences rock sixties pour distiller un son qui pourrait plaire au large public d'un Dumas par exemple. Dommage que le groupe ait dû se limiter au petit stage du Téléphone Rouge et d'un public clairsemé car il n'aurait fait qu'une bouchée d'une grande scène de la fête officielle.