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Festiquarius: porté par le talent de notre scène locale

Le Festiquarius bat son plein. Ce festival compte 10 jours de festivités pour souligner les 10 ans du resto Antiquarius du centre-ville de Sherbrooke. De plus en plus, l'endroit s'impose comme un lieu d'événements culturels et le Festiquarius souligne ça en grand, jusqu'à samedi prochain (la programmation se trouve au http://www.festiquarius.com).

J'ai vécu à fond les deux premiers jours de festivités en assistant vendredi dernier aux concerts de Jake and the Leprechauns et du Citoyen (projet solo du chanteur du Roi Poisson) et samedi, ce fut au tour d'Emilie Clepper et du Banjo Consorsium.

Vendredi : le souper-spectacle de la formation sherbrookoise Jake and the Leprechauns affichait complet. Une fois tout le monde attablé, les six musiciens ont investi la toute petite scène de l'Antiquarius avec le même enthousiasme qu'en février dernier alors qu'ils attiraient quelques centaines de personnes au Théâtre Granada. Je ne sais pas si c'est ingrat de jouer devant un public qui mange un bon souper (pour ma part, escargots en entrée et un burger fancy au plat principal), mais ça n'enlevait rien à la qualité de la prestation. Le chanteur Charles-Antoine Gosselin a badiné à quelques reprises sur le sujet, mais cela ajoutait au côté sympathique et intimiste de la situation. On a eu droit à plusieurs pièces du prochain disque (lancement le 22 juin, également à l'Antiquarius) et qui laisse présager que le meilleur reste encore à venir pour le groupe. Pour la nouvelle pièce Busy bee, qui fait l'objet d'un vidéoclip qu'on peut déjà voir sur la Toile (http://vimeo.com/groups/fcreative5/videos/11811043), Jérôme Dupuis-Cloutier est venu sur scène pour y jouer une splendide ligne mélodique de trompette.

Le Citoyen, c'est lui, c'est Jérôme Dupuis-Cloutier. Il y avait moins de gens dans la salle, mais rien pour nuire à l'ambiance. Au risque de me répéter, ce gars (un autre de Sherbrooke qui est maintenant à Montréal) a un talent rare et je le considère parmi les meilleurs espoirs de la chanson québécoise. Ses paroles coulent de source, sa voix est bien typée, insoumise, et les mélodies portent bien le tout. Grâce à lui, Sherbrooke ne peut pas être identifié uniquement comme une ville de laquelle émergent de bons bands anglophones (en cette journée des Patriotes, voilà qui est rassurant).

Samedi : Emilie Clepper fut à la hauteur de mes attentes. Je l'avais adorée lors de son premier passage en Estrie (c'était au Téléphone Rouge, il y a un peu plus d'un an), mais elle a sublimé le souvenir que j'avais d'elle. Sa voix a quelque chose de Joanna Newsom (un petit côté nasillard et aigu, mais très féminin à la fois) et sa musique folk est dans la plus pure tradition du genre, mais c'est sa présence sur scène qui m'a ravi. Il faut la voir pour comprendre le phénomène, pour tomber sous le charme. Et surprise : un contrebassiste l'accompagnait et c'était Jérôme Dupras des Cowboys Fringants. Une petite salle intimiste comme l'Antiquarius, ça doit le changer du Centre Bell!

Pour The Banjo Consorsium, ce fut la cohue (on a refusé des gens à l'entrée). Après plus d'un an d'absence, le groupe de Jacques-Philippe Lemieux-Leblanc remontait sur scène sherbrookoise, mais avec un petit changement au line-up : Vincent Vachon (qui fait maintenant cavalier seul avec son projet Noem) a cédé sa place à Marc-André Gosselin (guitariste de Jake and the Leprechauns) qui joue principalement de la basse pour le Banjo. Première chanson : une nouveauté intitulée Prison et qui s'articule autour d'un dramatique grincement de porte métallique. Invités spéciaux pour cette mémorable intro: Philibert Bélanger à la guitare électrique et Charles Lavoie des b.e.t.a.l.o.v.e.r.s au chant pour appuyer un effet de chœur qui est revenu à plusieurs reprises au cours du spectacle. C'était vachement réussi. Mais le moment épique revient au duo de voix sur Until Morning, entre celle de Lemieux-Leblanc et celle de la chanteuse Bet.e (anciennement de Bet.e and Stef) qui réside désormais à Sherbrooke (et qui sera du Festiquarius jeudi prochain).

En somme, mon expérience du Festiquarius est jusqu'à maintenant portée principalement par le meilleur de notre scène locale. À voir tout ce beau monde collaborer ensemble, j'en verse presqu'une larme. Je me retiens car le Festiquarius se termine samedi avec le retour de Misteur Valaire, et son projet Qualité Motel… D'ici là, je compte bien me rendre aux concerts de Bet.e et de Caloon Saloon. Ce sera une grosse semaine.