«Vas-tu à l'église?»
À la question de cette jeune fille, je ne savais pas trop quoi répliquer. Je ne crois pas que «seulement à noël» aurait été une réponse acceptable. J'ai donc déblatéré quelque chose sur mon athéisme, ma vision mathématique des choses. Cela me peinturait dans un coin du Poisson Rouge, un loft du centre-ville de Sherbrooke transformé en salle de spectacle vendredi dernier, car à entendre les paroles des trois formations qui sont montées sur scène, Dieu était l'ami de la majorité. On m'a expliqué que plusieurs personnes de cette foule qui remplissait l'endroit se connaissaient via une communauté religieuse. Je n'ai pas investigué plus que ça, car la soirée n'avait finalement rien d'un attroupement d'initiés. Pas de prière ou de recueillement; on a eu droit à trois belles performances offertes par des artistes qui portent Sherbrooke en eux: Lizzy and the Orca, Nicolas Caron et The Bright Road.
Lizzy and the Orca, c'est un couple-duo qui puise dans le côté attendrissant des Moldy Peaches, mais la chanteuse a aussi un timbre de voix qui plairait aux fans de Regina Spektor. Muni de sa six-cordes, Nicolas Caron, un ex-The Feels, se la jouait Thom Yorke sans Radiohead, période Pablo Honey… et un coup parti, il y avait un peu des Lemonheads dans ses compositions, son jeu de guitare électrique. Quant à The Bright Road, la raison de ma présence à ce concert, ça me fait penser à Kings of Convenience. J'en avais beaucoup entendu parler et je ne fus pas déçu. Je suis reparti avec son mini-disque, qui est en fait une clé USB (impressionnant gadget).
Ces trois formations jouent joliment la carte de la simplicité. Aucun virtuose, mais chacun chante (en anglais) avec une candeur peu commune. Ce nouveau pan de notre scène locale compte plusieurs «voix impénétrables» et je compte bien retourner les entendre.