BloguesPop Culture Estrie

FIMAV jour #2 : sons «crunchy» et alchimie

Victo, t'es pas mal belle. Après 2 jours de fréquentation,
ton charme opère toujours, et si la deuxième journée du FIMAV fut moins épique
que la première, j'ai eu droit à mon lot de découvertes. Je te raconte…

***

Je constate que les propositions québécoises du FIMAV doivent
répondre aux mêmes critères de sélection que les invités internationaux; La Part maudite est un bel exemple.
Heureux d'avoir lâché le portable pour me rendre au Colisée Desjardins afin de
recevoir en pleine gueule le jazz-rock brutal de ce «power trio» (trompette, basse, batterie). La performance est à la Dr. Jekyll & M. Hyde; les musiciens
font la preuve qu'ils maitrisent la tradition de leur instrument, et quand la
bête sort, ça devient une expérience sonique. C'est tout particulièrement le
jeu de trompette qui intrigue; Philippe
Battikha
joue directement dans un micro pour ensuite manipuler le son, avec
une bonne dose de distorsion. Sinon, la basse est crunchy comme j'aime, mais la batterie est peut-être un peu
proprette pour le contexte.

 

Nels Cline est
arrivé dans le giron du groupe Wilco pour l'album A Ghost is Born. Sans m'attendre à un dérivé du son du groupe de
Chicago, j'avais hâte de l'entendre en solo; c'est le quatrième projet
parallèle d'un membre de Wilco que je vois. Sur scène, son improvisation
guitaristique a de la difficulté à prendre son envol; il revient souvent à la case
départ, semble avoir de la difficulté à donner une direction à l'ensemble. De
plus, le travail de Cline concerne surtout les boutons et les pédales; c'est seulement
après 30 minutes qu'il ouvre la machine et qu'il fait la preuve qu'il n'est pas
juste un bidouilleur qui aime faire entendre sa voix dans le capteur de sa
guitare électrique. Dans le genre, j'ai vu mieux et je reste sur ma faim. Quant
au volet arts visuels de la performance, j'ai surtout aimé l'installation de Norton Wisdom. Ses dessins improvisés
sont jolis, mais pour avoir grandi à écouter L'évangile en papier (Claude Lafortune rules), il en faut beaucoup
pour m'impressionner.

 

Qu'est-ce qui explique les applaudissements peu
enthousiastes à la fin de la performance de Richard Pinhas, Merzbow
et Wolf Eyes? La réunion sur scène
de tout ce beau monde est un événement, une première; les attentes étaient
grandes. Je trouve qu'ils ont livré la marchandise (les vrombissements de la
trame bruitiste et électronique évoluaient constamment, jusqu'au crescendo),
mais je crois qu'il y en a plusieurs qui voulaient que ça brasse un peu plus.
Même les gars de Wolf Eyes sont restés sages derrière leurs lunettes soleil.
Une chance qu'il y a eu un rappel qui a commencé sur les chapeaux de roues,
mais encore là, l'agressivité étaient contenue.

 

Les sauveurs de cette deuxième journée de festival se nomment
Erikm et FM Einheit. Le premier est un platiniste-bruitiste et le second, un
percussionniste adepte des matériaux de construction. Ses outils: un
immense ressort qu'il frappe avec un marteau ou caresse comme si c'était une
contrebasse, et une plaque de métal sur laquelle il dépose du gravier ou des
briques et qu'il martèle, détruit… Les beats d'Erikm créent une
ambiance industrielle et le travail de FM Einheit y ajoute du tonus dans le chaos
et la poussière. La complicité entre les deux est évidente. Sur scène, les deux
artistes sont souriants et s'échangent souvent des regards. On partage leur
joie. Ensemble, ils font de l'alchimie.

 

***

Victo, on a encore des
choses à vivre. Aujourd'hui, j'ai hâte de voir le gros bordel du Ratchet Orchestra (tout le milieu du
jazz actuel de Montréal sera sur scène), mais c'est Anthony Braxton que j'attends avec impatience… La fin du monde est
jazz.