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Au revoir ma centre-ville!

Chère centre-ville de Sherbrooke,

Si centre-ville est masculin, toi, tu es une belle et féminine ensorceleuse.

Ne fais pas la moue ou l’innocente. Tu sais très bien que tu t’es souvent imposée à moi, dans cette chronique ou mes autres écrits de scribe.

Depuis que je suis au Voir Estrie, je réside chez toi en plus d’y bosser (d’où notre grande intimité), et c’est connu: il est difficile d’échapper à son environnement lorsqu’on est confronté au syndrome de la page blanche.

Ainsi, chaque saison (ou presque), j’ai fait l’éloge de ton charme racé, de tes beautés cachées. Et je ne renie rien. D’ailleurs, je craque encore pour tes manières de starlette qui doute de ses atours.

Mais (ô scandale!) j’ai parfois souligné tes rides et tes éternels travers. À un certain stade d’une relation privilégiée, on se dit ce genre de choses. De toute manière, la perfection, c’est plate à mourir. Ça aussi, tu le sais trop bien.

Aujourd’hui, alors que tu veux forcer quelques nouvelles proies à s’agripper à tes filets (c’est légitime, mais tu n’as jamais été douée pour la subtilité et la douceur), moi, je te quitte.

Oui, ma jolie, t’as bien compris. Je délaisse ma garçonnière, mon appartement avec vue sur ta cathédrale, pour un autre logis. Plus d’arbres. Moins de lampadaires. Plus de tondeuse. Moins de nightlife.

La saturation était à prévoir, voire inévitable. Je t’ai marchée, consommée, fêtée, appréciée, «lovée», mais un peu de distance nous fera du bien.

À l’avenir, si tu le veux bien, on se fréquentera comme d’anciens amants. Je viendrai dans tes restos, tes cafés, tes bars, tes boutiques, mais on se gardera une petite gêne; on évitera certains sujets. La liste de tabous sera courte, mais il ne faudra pas trop y déroger, par respect pour tous ces fonctionnaires qui travailleront bientôt chez toi. À moins que tes mauvaises manières les rebutent, ou les rendent amers. Un seul conseil: ne sois pas trop farouche.

En somme, je t’aime encore, mais lorsque je disserterai sur toi, mon point de vue n’en sera plus un de l’intérieur. Je prends mes distances.

Allez… Au revoir.

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Après quelques jours de vacances (déménagement oblige), je m’apprête à entamer ma cinquième année à la barre de Voir Estrie, alors que Voir fête ses 25 ans.

Confettis? Sons de trompette? Disons qu’après un été faste, le prochain automne de Voir Estrie promet de bien belles choses… C’est à suivre.