Alors que le «micro de feu» serait un objet mythique ayant traversé les âges à la recherche d’un élu, l’humour québécois voyage quant à lui d’un porte-voix à un autre, mais sans grand critère de sélection. Heureusement que Martin Petit est là.
En fier porteur du micro – l’élu, c’est lui –, celui qui célébrait sa fête samedi dernier au Vieux Clocher de Magog brille dans ce troisième one man show construit autour des tabous de notre société. Quel âge cela lui faisait-il? Même s’il n’a pas précisé ce détail, on devine aisément que la quarantaine est au compteur pour ce nostalgique des années 80.
D’ailleurs, le plaidoyer de Petit porte principalement sur les nouvelles réalités dela génération X: joies et peines de la paternité, désillusions politiques, inquiétudes économiques, et autres maux de société. Ce spectacle suit une belle partition de répliques, surtout en première partie. Le «citoyen Petit» pose de bonnes questions et accumule les propositions tordues (comme la masturbation en guise de moyen de prévention du suicide, car «le bonheur est à portée de main»).
Même s’il n’a pas réponse à tout (l’humilité le sert bien), l’humoriste semble avoir compris les rouages d’un métier qui s’adresse au plus grand nombre. En prétextant la provocation par le politically incorrect, Petit emprunte parfois le chemin le plus fréquenté (celui en dessous de la ceinture), mais il le fait avec discernement; c’est le micro de feu qu’il a en main, pas autre chose!
Reste qu’il semble difficile pour nos humoristes de ne pas faire partie des mouvances. Le meilleur exemple: en voulant éviter la tendance du numéro émotif, Martin Petit verse dans le faussement émotif (une nouvelle tendance). Disons que dans un milieu tricoté serré, plusieurs ont les mêmes bonnes idées en même temps…