Vous connaissez Philippe Katerine? Son dernier album est un étrange objet, un éventail de chansons faussement naïves qui déstabilise à coup sûr. Ça peut faire rigoler les uns, scandaliser les autres, mais il y en a – dont moi – qui y voient du génie. L’audace a un prix que peu d’artistes osent payer.
Au Théâtre Centennial, lors de l’ouverture dela Série Danseavec Rock Steady, une chorégraphie de Katie Ward (membre du collectif The Choreographers), j’ai pensé à Katerine et à sa folie calculée. Dans la danse, j’ai retrouvé la même absurdité truffée d’intentions cachées… et j’ai aimé ça.
Assis sur scène tout près des danseurs, le public en a eu plein la gueule: de la nonchalance quasi clownesque, des histoires d’amour loufoques racontées à la manière de Charles Tisseyre, des danseurs qui se chamaillent tels des enfants… L’heure était-elle à la rigolade, au scandale ou au génie? Les spectateurs semblaient divisés, et c’est tant mieux.
Rock Steady étant très théâtral, les danseurs (trois hommes et deux femmes aux allures distinctes) parlaient beaucoup et faisaient souvent fi du quatrième mur; ils tiraient profit de la proximité avecla foule. Maisle principal intérêt de cette chorégraphie relève du mouvement, parfois bonifié par l’utilisation d’élastiques. Lors du moment fort du spectacle, une longue bande relie tous les danseurs et leur permet de tisser une toile par des effets d’attraction et de répulsion.
Sous le chaos, j’ai observé de justes allégories sur les rapports humains. On peut chercher à les comprendre de manière scientifique, mais tout ça demeure intangible. Et l’intangible, c’est la matière première de la danse contemporaine.
Étant un fan de l’auteur-compositeur Snailhouse, j’ai également pris plaisir à entendre la trame musicale qu’il a conçue pour Rock Steady; j’ai pu déceler sa signature dans les textures sonores. Du beau boulot.