My Fair Lady était en ville hier dans le cadre de sa grande tournée à travers le Québec. La production qui a été créée à Montréal au Théâtre Rideau en mai dernier pour poursuivre avec Juste pour rire, a entamée ensuite une grande tournée qui s'étendra jusqu'en 2008, apprend-on, tellement elle connaît un grand succès. Cette reprise du classique créé en 1956 sur scène et au cinéma en 1964 est une idée de la grande Denise Filiatrault qui a vécu les belles années du Paris des comédies musicales et qui a toujours rêvé de reprendre ce «musical». Bien nous en fait puisque ce spectacle est vraiment réussi sur toute la ligne! Bon, on connaissait déjà les grandes lignes de l'histoire: un linguiste de renommée mondiale remarque le jargon particulier d'une marchande de fleurs et fait le pari de transformer la pauvre bouquetière en une «lady» de la haute bourgeoisie, le tout dans une période de six mois. D'abord, une bonne note pour la traduction (en jargon québécois) de Yves Morin qui a su garder lla couleur de l'humour anglais, tout en lui donnant un point d'ancrage bien québécois. Mais que dire des interprètes? On se doutait déjà que Catherine Sénart allait jouer adéquatement, mais quelle voix! Et ici, je ne veux pas juste dire jolie, mais puissante, vibrante, renversante! De plus, elle est tout simplement délicieusement vulgaire dans son rôle de paumée têtue. Benoit Gouin est à son tour très juste et on se plait à haïr ce personnage sans scrupule qui traite sa «chose» comme une moins que rien, mais dont les sentiments se révèleront métamorphosés. Mention spéciale aussi à Jacques Girard qui joue le père Doolittle fauché et ignorant, malgré son côté «philosophe de bas étage». Sinon, les autres interprètes-chanteurs-danseurs sont bons et efficaces. La musique est sans reproche et le décor imposant, ingénieux. Seul bémol, chaque tableau est entrecoupé de «blacks» (fermeture des lumières) qui nuit au rythme du spectacle et l'ouverture (hausse du volume???) des micros à chaque chanson ne se fait pas toujours dans la subtilité, mais sinon sur le plan technique, il n'y a rien à redire. J'ai aussi trouvé deux tableaux plus faibles dans la deuxième partie – pourtant courte, seulement 45 minutes – et la finale n'était pas aussi jouissive que je l'aurais espéré. Mais sinon, le syndrome de Cendrillon se manifeste à souhait: celui d'une jeune femme démunie, sale et mal fagotée, qui devient une jolie, brillante jeune femme, trouvant son prince charmant à la fin du récit. On se plait à voir toutes les simagrées et pirouettes qu'elle aura à faire pour parvenir à ses fins, pour finalement se rendre compte que l'apparence et la classe sociale n'a rien à voir avec ce qu'on représente vraiment. Morale bonbon à souhait, mais qui fait bon de se rappeler dans un vieux classique revampé, qui se traduit comme un pur divertissement pour toute la famille! Même les réticents au format de comédie musicale y trouve leur comble! On m'a informé cet avant-midi que quelques minuscules billets étaient toujours disponible à la Salle Odyssée de la Maison de la culture pour la représentation de ce soir. Faites vite! (819) 243-2525