Marie-Antoinette de Sofia Coppola |
Je suis allé voir Marie-Antoinette vendredi dernier. Un seul mot me vient à la bouche: divin. Je suis déçue de la réaction de nos cousins français lors de la projection à Cannes. Paraîtrait qu'ils ont effrontément huer le film! C'est qu'ils n'ont pas saisis ou alors, ils ne conçoivent pas que l'histoire de la dernière Reine de France ait été reprise par une californienne au nom célèbre. Oui, je sais que c'est absurde que les personnages parlent anglais et non français, mais vous aviez qu'à y penser avant!!! (j'exagère un peu, là, non?)
Après Virgin Suicide et Lost et translation, je m'attendais à une oeuvre de bon ton de la part de la jolie Sofia Coppola. Pourtant, je me souviens de mon scepticisme lorsque j'avais vu le bande-annonce. "Un autre film historique!", me suis-je dit. Mais c'était bien mal connaître Coppola. Plutôt que le film épique et pincé auquel je m'attendais, j'ai plutôt découvert une histoire rafraîchie par l'adolescence de la réalisatrice sur des musiques de The Cure, Bow Wow Wow, New Order et j'en passe. Le tout sur une esthétique rose bonbon, avec des tissus luxurieux multicolores, des macarons et beignets sucrés de toute taille et encore plus de fioritures kitsch! Avant d'être le récit d'une pauvre reine mal aimée, Marie-Antoinette est d'abord et avant tout le journal d'une adolescente, qui réussit à s'égayer de toute situation et qui déborde de joie de vivre. (Là-dessus, chapeau à Kirsten Dunst qui est à son meilleur!) Mais encore plus que la jeune femme superficielle et ingénue qu'avait décrit les gens du peuple à l'époque, on découvre une Marie-Antoinette aimante de la nature, et faisant fleurir son potentiel artistique au grand jour. Plutôt que de découvrir une relation totalement platonique et austère entre le roi et elle, on laisse envisager un respect mutuel et une certaine tendresse dans le couple royal. Même si la passion se trouve ailleurs, auprès de ses amants. Bref, ne prenez pas le film comme une représentation fidèle de l'époque, déjà la typo utilisée pour le nom du film sur les affiches et la musique devrait vous enligner sur le regard que la réalisatrice porte sur son héroïne. Remarquez entre autres la paire de Converse lilas parmi les chics souliers de sa majesté! Beau clin d'oeil aux eighties! Mais aussi, ne prenez pas le film comme le récit d'une vie avec un début, un milieu et une fin. Vous allez plutôt découvrir l'émancipation d'une jeune femme (thème visité dans ce qui devient la trilogie de Coppola avec ses deux précédents films), qui ne sait comment réagir face à tous ces excès protocolaires et luxuriants. On reprochait à Marie-Antoinette d'être insensible face au peuple qui souffrait de la faim et de la pauvreté? Mais, voyez un peu la poudre pastelle qu'on lui jetait aux yeux pour l'aveugler et l'aliéner dans la luxure. C'est un peu cette lecture que propose Coppola…
Bref, un film délicieux qui s'apprécie dès les premières images – pour toutes celles qui ont rêvé d'être une princesse – mais qui a un fond solide et qui pousse à différentes analyses sur le personnage historique. Vous aurez ensuite envie de lire le roman de Jeffrey Eugenides dont le film est tiré!