Isabelle Regout |
Une lettre d'opinion a été acheminée aux médias ce matin par la portraitiste Isabelle Regout qui dévoilait le portrait du maire Marc Bureau dimanche dernier dans le cadre de la levée de fonds de AXENÉO 7, Galerie de portraits II, qui faisait l'objet de ma chronique Pop culture de cette semaine. En voici l'essentiel:
Lettre adressée au Conseil d'administration du Centre d'artistes AXENÉO7, 80 rue Hanson, Gatineau.
Mesdames, Messieurs,
Permettez qu'à titre d'artiste professionnel mais également en l'occurrence de bienfaiteur d'AXENÉO7, je prenne quelques minutes afin de vous souligner certains détails relevés dans le cadre du vernissage Galerie de portraits II et qui mériteraient de retenir votre meilleure attention.
Le résultat des efforts consentis à la préparation de l'événement "Galerie Portraits II" est à déplorer. Songeons un instant au manque de décorum devant prévaloir le jour de vernissage à savoir la présentation et l'identification des acquéreurs ainsi que des artistes, à l'absence de protocole lors du dévoilement des oeuvres, au manque de publicisation de l'événement ayant pour conséquence l'absence quasi totale des médias, la distribution d'un livret au contenu mal fagoté. Soulignons au passage que lors de la conception de ce programme de levée de fonds, la liste utilisée d'artistes est inadéquate car les critères de sélection sont d'un obscurantisme total.
Tout cela tend à démontrer un amateurisme qui n'est assurément pas de mise en l'occurrence.
Il apparaît indispensable que l'échafaudage de votre système de levée de fonds "Galerie de Portraits" soit repensé afin d'être davantage cohérent, souple et équitable de telle sorte à le rendre attrayant tant pour les amateurs d'art que pour les portraitistes qui devraient pouvoir y trouver une raison valorisante d'y participer sur pied d'égalité. Songeons à ce propos d'établir des catégories : photographies, aquarelles, peintures à l'huile etc…
Le système actuel mis en place encourage insidieusement la production d'oeuvres de sous-qualité car les divers créateurs n'y trouvent pas leur compte s'ils produisent une oeuvre de valeur.
Au départ, votre système m'a rebuté et si j'ai fait le portrait de Monsieur le Maire, c'est parce qu'il me l'a personnellement demandé et que j'avais de l'estime pour l'intégrité de cet homme prêt à favoriser les artistes de sa ville. N'a-t-il pas déjà dans son bureau un tableau de l'artiste Venne ?
Parmi les oeuvres dévoilées, celles qui ne pouvaient prétendre valoir le prix payé, permettait à l'acquéreur d'être gratifié et reconnu comme mécène puisque volontairement il avait consenti à ne pas en avoir pour son argent. Ce geste généreux de sa part aurait dû au moins lui valoir de la part d'AXENÉO7 une incontestable gratitude et à tout le moins, une reconnaissance publique à travers une mention verbale lors de l'événement. Lorsque la valeur commerciale courante du portrait réalisé équivaut ou surpasse le prix imposé par AXENÉO7 (1200$), on réalise vite que c'est l'acquéreur qui a tout simplement fait une bonne affaire. Le mécène dès lors n'est plus l'acquéreur mais bel et bien l'artiste puisque ce dernier perd 70% de son dû au profit d'un intermédiaire gourmand dénommé AXENÉO7.
Comme on peut le constater, votre système favorise une ambiguïté malsaine (comme le relève ce jour dans le journal culturel "Voir" l'article de Mme Mélissa Proulx ), sujet à controverse et à mon avis, pouvant aller dans certains cas à la fraude fiscale lorsque l'oeuvre d'un artiste ne justifie pas la délivrance d'un reçu de 840$ pour fin de déduction d'impôt. En effet c'est là un cas patent d'enrichissement sans cause ! Le contenu des contrats tripartites: artiste-acquéreur-AXENÉO7, relève donc de la plus pure improvisation.
(…)
Pour votre information, de l'autre côté de la rivière au Musée des Beaux-Arts du Canada, la générosité d'un don de 840$ d'un particulier est souligné par le décernement d'un titre: Patron-mécène. Or, durant tout l'automne 2006, le Musée des Beaux-Arts du Canada n'a décerné que deux de ces titres.
De plus, il serait temps que vous commenciez à réaliser toute l'incongruité artistique de demander à des artistes peintres figuratifs de consacrer leur temps et leur talent à faire en votre place la promotion de l'art abstrait et/ou contemporain assurément incompatible avec celui que ces premiers pratiquent.
(…)
Pour l'amour de l'art, le respect naturel que vous devez aux artistes et enfin pour le bénéfice de toute la communauté artistique de la ville de Gatineau, veuillez vous guider en conséquence.
Me Regout , Peintre du Regard