Larry O'Brien |
N'étant pas résidente d'Ottawa et n'ayant pas suivi la campagne avec autant d'attention que je ne l'aurais souhaité, je m'enquiers auprès de mes collègues ottaviens de ce qu'ils pensent de Larry O'Brien comme nouveau maire de la ville d'Ottawa. Tout ce que j'avais entendu jusqu'à présent étaient les gros clichés comme quoi c'était un «red neck», francophobe, capitaliste, businessman, bref, rien très «human». J'ai tenté tout de même de me mettre dans la position d'un francophone vivant à Ottawa lors de la campagne et j'ai constaté que quelques symboles de la francophonie de la région, tel Gisèle Lalonde se plaçait derrière le maire sortant Bob Chiarelli puisqu'il avait déjà fait beaucoup pour les Franco-ontariens jusqu'à présent. Et à l'opposé de ses deux acolytes de la campagne, c'était certainement celui qui parlait le mieux la langue de Molière. Cette campagne a, me semble-t-il, beaucoup ignoré ses électeurs francophones, en ne présentant pas un débat décent en français . Je m'étais aussi fait dire que les jeunes électeurs se plaçaient généralement derrière Alex Munter pour sa fougue jeunesse, il va de soi, mais pour sa fraîcheur, pour ses idées nouvelles, malgré un grand conservatisme. Et c'est le businessman, qui l'a remporté. Et pas qu'à peu près!
Et quelle surprise puisqu'il n'était pas premier dans les sondages et qu'il n'a pas fait beaucoup de bruit pendant la campagne, il faut le dire. Les deux vrais combattants étaient Chiarelli et Munter qui se donnaient une lutte serré, mais ceux-ci ont fait l'objet de nombreuses critiques sur leurs idées, alors que l'autre, derrière, se faufilait en catimini. Je vais utiliser l'image que m'a prêté mon collègue Matthew Harrison, rédacteur en chef de l'Ottawa XPress. Pensez un peu à une course de chevaux ou deux coureurs se mènent une chaude lutte, côte-à-côte, en essayant d'avoir le dessus sur son rival. Cela dure un certain laps de temps où un cheval va un peu vite alors que l'autre le rattrape et vice versa. Et soudain, un cheval derrière, qui avait jusque là couru timidement, conservant ses forces, a filé à toutes vitesse, dépassant les deux autres beaux lurons. Ce grand cheval, c'est O'Brien! Je ne vous ai pas trop perdu avec ma métaphore de courses de chevaux? Matt l'a mieux décrite que moi, mais bon!
Bref, l'avenir nous dira si O'Brien saura "assurer", puisque je perçois qu'il est le premier déstabilisé par toutes ses nouvelles responsabilités. Il a été très sincère lors de la campagne avouant son ignorance face à certains dossiers. Cette franchise lui attirera certainement beaucoup de respect. Une des premières choses que j'ai pu lire dans les journaux en ce qui a trait à la question francophone est qu'il ne comptait pas couper dans les services aux francophones et qu'il voulait apprendre le français. Tant mieux. Mais comment est-ce qu'il trouvera le temps de le faire? Vraiment?! En quatre ans?! Il a déjà beaucoup à apprendre sur le plan de la politique municipale et de ses différents enjeux, alors comment diable est-ce qu'il prendra le temps d'apprendre une langue alors qu'il ne sait même pas prononcer une phrase en ce moment? Comment arrivera-t-il à comprendre un temps soit peu la part de son électorat francophone? Un peu de conjugaison et de grammaire, mon bon Larry?
Bonne chance à toi mon cher apprenti bilingue!
J'aimerais bien vous entendre sur Larry O'Brien, est-ce qu'il vous inspire confiance? Si on a déjà dit de Chiarelli qu'il manquait de charisme, est-ce que O'Brien le bat avec son crâne rasé et ses lunettes intello? Est-ce qu'il saura poursuivre le travail somme toute respectable de l'ancien maire?