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Marie était là…

 
Photo: David Clermont-Béique

Elle m'avait déjà complètement ensorcelée avec La Noirceur. J'étais sortie de là abasourdie, transportée et habitée par ce spectacle. Complètement. J'en avais ensuite déduit que je venais de voir un objet de théâtre rare, riche, unique. C'est la magie ou encore la sorcellerie orchestrée par Marie Brassard. Je n'ai jamais vu sa première création, Jimmy, créateur de rêves, mais tout le monde m'en parle avec passion. Et hier, j'ai assisté à son troisième solo, Peepshow.
Cette fois, elle pousse encore plus loin l'utilisation technologique de la modulation de sa voix. Tous les soirs, un technicien est présent pour transformer sa voix en plus de bidouiller des rythmes technos qui viennent s'imbriquer aux tableaux de madame. Elle pousse plus loin son exploration par son outil technique, mais aussi parce qu'elle endosse un large éventail de personnages aux registres différents. La première figure nous apparaissant est celle du petit chaperon rouge. Celle-ci se laissera prendre dans les pièges d'un loup avare, aux dents longues, figure qui revient tout au long des petits tableaux de la pièce. Suivra, une pléiade de petites scènes que le spectateur reçoit en petites doses, comme s'il regardait dans les trous d'une serrure, comme dans un peepshow. Et à partie du conte esquissé dès le début, on a l'impression que l'on prend tous les sentiers se présentant devant le petit chaperon rouge dans la forêt: certains mènent à une impasse, d'autres nous mènent ailleurs, d'autres vont nous égarer, d'autres vont nous ramener là où nous étions, d'autres nous mèneront aussi à bon port. Incarnant tantôt une jeune fille, puis une jeune femme, un couple homosexuel qui se sépare, une femme qui se mutile, un monstre des profondeurs, Marie nous transporte. Elle nous amène là où les images défilent, là où l'histoire prend chair. c'est la magie Marie, elle ne se décrit pas, elle se vit. Jusqu'au 2 décembre au Studio du CNA.