Ben Whishaw incarne un Jean-Baptiste Grenouille toute en nuances. |
Je suis allée voir le film The Perfume – Story of a Murderer de Tom Tykwer en fin de semaine. Le film n'est à l'affiche qu'au Starcité de Hull dans sa version originale, alors j'ai trainé une copine qui ne connaissait rien de l'oeuvre et cela m'a permis de comparer un peu nos deux réceptions – moi qui avait lu le livre de Patrick Süskind et elle, qui ne connaissait pas l'histoire si ce n'est le résumé que je lui ai fait en quelques phrases. Ma première grande curiosité était de savoir de quelle façon le réalisateur s'était pris pour transmettre les odeurs à l'écran puisque toute l'oeuvre porte sur le sens olfactif de son personnage principal, Jean-Baptiste Grenouille. Et aussi, comment allait-il faire évoluer l'histoire quand ce dernier ne dit mot pendant la moitié du récit pour ensuite ne parler que lorsqu'il est nécessaire? Bien, il a réussit tous ces exploits d'abord par la narration, fort justifié ici et bien manoeuvré – moyen qui trouve trop peu sa place dans le cinéma contemporain, à mon avis, mis à part peut-être dans les Amélie Poulain de ce monde ou encore dans les films d'enfants. Deuxièmement, il a réussi ces exploits avec une trame sonore grandiose qui fait vibrer le film du début à la fin et qui évoque si bien les sensations et les odeurs qu'on en oublie l'incompatibilité de l'odorat avec le cinéma. Puis, il a fort bien fait aussi, en choisissant un acteur non connu (Ben Whishaw), fort talentueux, qui réussit à traduire le mal que lui procure son don olfactif, surtout pour les odeurs de jeunes vierges rousses – divinement belles! – que celles rattachées à sa naissance malencontreuse.
Je ne voudrais en révéler trop sur la fin du film, mais disons que je ne me souvenais plus bien de comment se terminait cette épopée que mène Grenouille: j'en fus éberluée et enchantée à la fois parce que rares sont ces scènes aussi intenses et hautement sensuelles au cinéma! Mon amie a eu alors un peu de difficulté à rester accrochée au film, après toutes ces folies, mais a su quand même en retirer toute la poésie.