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Donnez-moi de l’Oxygène!


Antoine Oppenheim, Stéphane Oertli et Céline Bolomey dans Oxygène
Photo: Isabelle de Valensart
 

Je suis allée voir le spectacle Oxygène hier, qui nous vient de la Cie Fraction de Bruxelles, en exclusivité nord-américaine au Centre national des arts.
Je savais, en préparant le texte et l'entrevue avec le metteur en scène Galin Stoev, que le spectacle allait sortir du lot et qu'il allait probablement me plaire.
Je ne me trompais pas!
Décrit comme «hors-norme», «perturbateur», «décoiffant», il apparaît beaucoup moins facile de le décrire dans les faits. Mais disons que c'est un spectacle qui est à mi-chemin entre le théâtre et le concert techno, où 3 comédiens et 1 DJ construisent 10 partitions musicales scandées tel des «Nouveaux Commandements», faisant la critique de l'état d'endormissement du monde actuel.
On comprend rapidement à l'écoute le casse-tête qu'a eu le metteur en scène à débroussailler le texte d'Ivan Viripaev pour en faire un objet scénique. Mais il a réussit cet exploit en endossant une logique qui n'est pas linéaire mais bien musicale. Ainsi, tel qu'un spectateur le disait à la sortie du Studio du CNA, il ne faut pas tenter de comprendre ce qu'on nous dit, il faut plutôt se laisser embraser dans cette musicalité et de là, jaillit un peu de sens, ou du moins quelques questions qui nous pousseront à une saine introspection.
Parce que le texte d'Ivan Viripaev est aussi truffé d'accusations lancées directement au public. Sa structure oblige donc le spectateur à être actif, à s'investir dans cette arme de destruction massive de la parole qui brise les conventions et les idées reçues.
Les acteurs sont délicieux de charme avec cet humour à l'européenne si craquante qui prend toute son ampleur lorsqu'on nous plonge dans la pénombre pour nous parler. de sexe! L'auteur se moque aussi ici et là de lui-même dans sa propre écriture, pour la plus grande jouissance du public, pantois et avide à la fois.
Bref, ça se prend réellement comme une bouffée d'air frais dont une dose ne suffit pas! Si vous voulez voir quel est le «nouveau théâtre» à l'européenne où un Russe, un Bulgare et des comédiens Belges se rencontrent dans un cocktail explosif, allez voir Oxygène avant qu'il ne quittent ce continent pour longtemps!
Je vous invite à aller voir l'extrait qui se trouve sur le site du CNA qui correspond à la première des dix «chansons» de la pièce, où les interprètes crient, chantent, dansent, «rapent» et «hiphopent» les paroles garnies et farouches d'Oxygène.