Pierre Simpson, Guy Mignault et Annie Lefevbre dans Apocalypse… Photo: Nir Bareket |
Je suis allée voir la pièce Apocalypse à Kamloops hier à La Nouvelle Scène. Cette pièce est la toute dernière de l'auteur qui nous avait offert Safari de Banlieue, le britanno-colombien Stephan Cloutier. Le spectacle est le fruit d'une collaboration des compagnies théâtrales de Toronto, Vancouver et Ottawa.
Je dois dire d'entrée de jeu que ce genre de pièce n'est pas ce à quoi Joël Beddows nous a habitué avec Le Testament du couturier, Cette fille-là ou La Société de Métis. Mais on se rend rapidement compte qu'il s'en est donné à coeur joie ici en allant à l'encontre de ses habitudes épurées et contemplatives. Ici, tout est grossit, tout est chargée, et surtout, on est dans la comédie!
Apocalypse à Kamloops nous plonge dans la vie tumultueuse de la famille Théroux, dont le fils, qui s'est enfuit du nid il y a 5 ans sans donner de nouvelles, revient au bercail alors que deux êtres célestes le contraignent à «régler son karma» à quelques heures de la fin du monde. C'est donc non sans heurts qu'il se confrontera à un père borné et une soeur hystérique pour tenter de régler les bibittes du passé.
La pièce aurait été plutôt banale si on ne s'était contenté que de raconter les dernières heures de cette famille dite conflictuelle. Mais la présence de la Muse Stérope (Patricia Marceau, délicieuse) et de l'ange en stage Nathalie (attachante Lyne Barnabé) ajoute ce petit piquant qui provoque les situations comiques mais aussi les moments les plus attendrissants, puisqu'elles portent le regard sur cette humanité égoïste qui n'a pas su «lire le manuel d'instruction» de la Terre.
C'est donc dans un décor sans dessus-dessous et avec une trame sonore délirante qu'on nous offre cette pièce; Joël Beddows ayant réussi à bien doser sa mise en scène pour que le texte de Cloutier irradie. Les acteurs sont tous très doués et on ne se lasse pas de voir Guy Mignault sur les planches, surtout dans ce rôle qui s'avère touchant malgré son côté coincé.
Petit bémol en ce qui a trait aux trop nombreuses interventions de la chaîne de radio où un animateur déblatère allègrement, qui viennent alourdir et parfois casser le rythme de la pièce.
Sinon, Apocalypse à Kamloops est un divertissement sans prétention où il ne faut pas trop réfléchir sur le penchant philosophique, puisque la pièce vise avant tout à se moquer un temps soit peu de cette nature humaine qui continue à faire les mêmes faux pas.