Le chef de mission, Jean Lemire Photo: Martin Leclerc |
J'ai eu la chance d'assister à la conférence de Monsieur Jean Lemire vendredi dernier au Cégep de l'Outaouais. Quel beau cadeau que nous a fait le Salon du livre de l'Outaouais et le Cégep de recevoir un homme de cette trempe! Et ce n'est pas les connaissances de ce dernier qui me fait parler de la sorte… J'admire plutôt le courage, l'humanité et la simplicité de cet homme.
Dans une facture toute simple, la présentation de vendredi se voulait un juste mélange entre récit de voyage – des données factuelles comme des anecdotes amusantes – et images – photo ou vidéo – de cette fabuleuse Mission Antarctique. Et un peu comme pour nous rappeler la cabine du chef de Mission à bord du voilier Sedna IV, il s'attable sur un bureau de bois, à la lueur de la chandelle pour nous lire quelques extraits de son journal de bord – qui a été lu quotidiennement par plus de 860 000 lecteurs!, et plus souvent qu'autrement il lève les yeux sur nous et fait les cents pas pour nous parler du coeur et non sans humour, de ce qu'il a découvert au Pôle Sud…
Et quel vulgarisateur! Je le savais biologiste, cinéaste et chef de Mission, mais je ne connaissais pas son talent avec les mots. Cela m'a véritablement donné l'envie d'aller lire son journal de bord dans son intégralité, comme l'ont fait des centaines de milliers de personnes avant moi.
Ce que j'apprécie également chez cet homme, c'est qu'il ne tombe pas dans l'alarmisme. Il sait décrire la situation actuelle des changements climatiques – le réchauffement de la planète est inévitable – mais sait se faire constructif face à l'avenir. Il pose plutôt la question: quel genre de réchauffement voulons-nous? Certains auront été surpris, voire déçus à la fin de la conférence que Jean Lemire ne soit pas entré davantage dans les détails de l'avenir en ce qui a trait au réchauffement – même s'il a décrit longuement ses constats en Antarctique – et qu'il n'ait pas proposé des gestes quotidiens pour le ralentir. Moi pas. Je salue le fait qu'il ait opté pour une approche humaine de l'expérience antarctique. Après tout, pourquoi profiter du fait qu'un chef de Mission soit dans la région sinon pour qu'il puisse nous définir ce qu'il a vécu? Dans sa perspective? Pourquoi s'embourber dans des données scientifiques et dans l'énumération de gestes quotidiens – recycler, ne pas démarrer sa voiture avant son départ, etc. – quand tout cela peut être trouver sur leur site Internet ou ailleurs? Non. Sincèrement, j'ai trouvé cette présentation bien dosée, émouvante, inspirante. On n'en sort pas démoralisé à n'en plus finir. On en revient plutôt encouragé par ceux qui se sacrifient à la cause. On a envie de faire notre part. On a envie de passer le mot sur cette fascinante expérience menée par une équipe principalement québécoise et qui est revenue avec nombre de données qui nous aident à mieux comprendre le demain et même à réécrire les livres quant à cette méconnue Antarctique.
C'est décidément une histoire à suivre pour moi en-tous-cas. Un livre et un film seraient à venir cet automne. Avant cela, cet été, le magnifique Sedna IV accostera sur les rives de Montréal, ouvert aux visiteurs et une «maison écologique» sera bâtie sur la rive. J'irai, c'est garanti.
En attendant, je vais débuter la lecture des mots de Jean Lemire, uce grand homme.