Le Groupe Lab d'Ottawa cède ces jours-ci le plancher de danse à une de ses jeunes protégées, l'interprète et chorégraphe Marie-Claire Forté, au terme d'une résidence se soldant par deux représentations. Sous la supervision du directeur Peter Boneham et du chorégraphe Tony Chong, Marie-Claire a approfondi trois semaines durant sa recherche chorégraphique. "Dans le processus de création au Groupe, le chorégraphe se fait suivre par un moniteur qui pose des questions et tente de clarifier le langage. C'est un privilège énorme qui va un peu à l'encontre de cette école de pensée qui veut que la création, c'est de la magie. J'y crois pourtant, mais je pense qu'on peut aussi être apprenti sorcier."
S'étant forgé un langage propre à elle, Marie-Claire décrit les grandes lignes de sa récente création: "L'espace entre deux corps, quand ils conversent par exemple, est pour moi très riche, très éloquent, très inspirant", note la chorégraphe, qui a été très inspirée par un voyage récent aux îles Galápagos. "J'ai observé les groupes d'animaux, les bancs de poissons… Ils vont tous dans la même direction, dans un but commun, mais on voit que c'est inefficace, imparfait. Je trouve qu'il y a une poésie là-dedans", complète celle qui dirige ici quatre interprètes.
Diplômée de la School of Toronto Dance Theatre en 1999, Marie-Claire Forté a embelli les productions de différentes compagnies torontoises et montréalaises pour finalement revenir à la région qui l'a vue grandir. Le Groupe Lab de danse d'Ottawa lui permettait du coup de réaliser son rêve de toujours, celui de devenir une chorégraphe à part entière. "J'étais jeune lorsque j'ai compris que tous les chorégraphes étaient des hommes – quand j'avais 11 ans, c'était vrai – et que je devais d'abord être danseuse, sans quoi je n'aurais pas de crédibilité. C'était un passage obligé pour moi, mais un passage génial puisque j'adore danser", soulève-t-elle.
Elle réchauffera tout de même les bancs d'école pour une tout autre carrière – vu la précarité de la première – en traduction, où elle découvre une autre planche de salut nourrissant sa passion pour la communication sous toutes ses formes. Elle reproche d'ailleurs au domaine de la danse de parfois manquer de mots: "Je pense que c'est une faiblesse de la danse de ne pas avoir été documentée pendant longtemps. Mon amour de la langue vient aussi de cela, de me dire: "Si je suis capable d'expliquer aux gens ce que je fais, ils seront sans doute plus intéressés"", conclut-elle. L'oeuvre chorégraphiée de Marie-Claire Forté sera présentée à la Cour des arts les 9 et 10 mars à 19h et suivie d'une discussion avec la créatrice. Info: www.legroupe.org.